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1227. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre septième »

Cet esprit se montra tout à coup et tout entier dans ses premiers actes. « Son grand sens, dit Mme de Motteville, et ses bonnes intentions firent connaître les semences d’une science universelle qui avaient été cachées à ceux qui ne le voyaient pas dans le particulier ; car il parut tout à coup politique dans les affaires d’Etat, théologien dans celles de l’Eglise, exact en celles de finance195. » On était frappé tout d’abord de la précision de ses paroles, image, dit Bossuet, de la justesse qui régnait dans ses pensées196. […] « Sans bois » : il en fit planter, qui font de Versailles un des plus beaux lieux du monde. « Sans eau » : il en fit venir par-dessus les montagnes, en suscitant les inventions de la science. « Sans terre » : il répandit la terre et la végétation sur ce sable mouvant et sur ces marécages. […] La Bruyère l’a dit, dans une réflexion sur ce goût de comparaison qu’ont les princes, sans autre science ni autre règle : « Tout ce qui s’éloigne trop de Lulli, de Racine et de Lebrun est condamné214. » Ne serait-ce pas une assez belle part pour Louis XIV, dans les pompeuses merveilles de son siècle, d’avoir tenu en disgrâce tout ce qui s’éloignait de l’excellent ? […] Il faut entendre par bienséance la science de ce qui sied, la raison dans les relations de la vie civile. Louis XIV se mit du côté de Molière contre tous ceux qui n’avaient pas cette science, ou qui ne se réglaient pas sur cette raison.

1228. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Par une raison analogue, comme le cœur s’agite et que nous sentons ses battements quand nous sommes émus, les sentiments sont, naturellement et avant toute science, localisés dans le cœur148. […] Mais, pour faire cette comparaison et porter cette condamnation, comme pour l’emploi des autres procédés de rectification, il faut un moment de travail intellectuel et de réflexion ; il faut que l’esprit retrouve sa science et l’applique. […] A cette condition seulement, le psychologue peut acquérir la science du moi implicite, c’est-à-dire dépasser vraiment la psychologie du sens commun. […] Liard, La science positive et la métaphysique, p. 401-502. — Les pages qu’on va lire étaient écrites quand nous avons lu, dans la Revue philosophique (oct. 1879, p. 381-382), l’analyse, faite par M.  […] L’observation de mémoire correspond donc à l’observation pure des sciences physiques et naturelles, et c’est là le vrai procédé du psychologue.

1229. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Ce fut une joie pour lui de servir un homme avec qui la politique était une science, avec qui nulle intervention de sentimentalité, d’honneur, de passion même mauvaise, toutes choses gênantes pour un bon joueur, ne venait brouiller l’échiquier avant les beaux coups longuement médités. […] L’Art et Science de rhétorique, par Henri de Crey (Molinet), A. Vérard, 1493 (réimprimé par Crapelet, Poésies des xve et xvie  siècles, Paris, 1830-1832 ; le Jardin de plaisance et fleur de rhétorique, éd. s. d. (1499) ; le Grand et Vray Art de pleine rhétorique, par Pierre Lefèvre, Rouen, 1521 ; l’Art et Science de rhétorique, part Gratien du Pont, Toulouse, chez M. 

1230. (1772) Éloge de Racine pp. -

Cette marche si claire et si distincte dans une intrigue qui semblait double, cet art d’entrelacer et de conduire ensemble les deux branches principales de l’action, de manière qu’elles semblent n’en faire qu’une ; cette science profonde, ce mérite de la difficulté vaincue, où se trouvaient-ils avant Racine ? […] Racine eut le premier la science du mot propre, sans lequel il n’y a point d’écrivain. […] C’est là sans doute posséder la science des couleurs locales, et l’art de marquer tous les sujets d’une teinte particulière qui avertit toujours le spectateur du lieu où le transporte l’illusion dramatique.

1231. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Les Études de la nature, Paul et Virginie, le Génie du Christianisme, René, l’Itinéraire, sont des productions qui n’avaient pas leur germe dans notre langue ; et aujourd’hui même, parmi les écrivains exclusivement voués à la prose, quels sont les plus remarquables par la pensée et par l’expression, si ce n’est ceux qui se livrent à la haute étude des sciences philosophiques ou aux profondes recherches historiques : deux importantes matières que nos grands prosateurs des derniers siècles étaient loin d’avoir épuisées, et dans lesquelles les littératures étrangères nous ont devancés et surpassés. […] Et qu’on ne dise pas que dans un siècle comme le nôtre, où les sciences politiques et les études philosophiques sont portées à un si haut degré de perfection, les poètes ne peuvent plus acquérir la prépondérance qu’ils avaient dans les âges moins éclairés ; les hautes renommées de Goethe au milieu de la philosophique Allemagne, et de Byron dans le pays natal de la politique, sont là pour démentir ce préjugé trop répandu. […] Vous tous, qui avez la science, le jugement et l’imagination, ne formez qu’une ligue en faveur de l’ordre et de la civilisation ; tournez vers le bien et vers le beau toutes les facultés que vous avez reçues du Ciel, mettez en commun tous vos trésors et toutes vos forces pour faire avancer le grand œuvre du 19e siècle, et laissez les versificateurs continuer en paix leur innocent métier.

1232. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Justement parce que le temps est à l’histoire, justement parce qu’on sait assez pour reconnaître la science là où elle est, on s’est détourné d’une étude qui eût mis en relief des faits incompressibles contre lesquels tout ce qu’on oserait serait nul de soi. […] C’est en vain qu’ils se rappelleront d’être parvenus à fausser l’histoire dans des déclamations récentes ; en vain d’avoir continué cette œuvre de pamphlets imbéciles ou pervers qui ont égaré deux cents ans l’opinion de l’Europe ; en vain, professeurs de désordre et d’imposture, d’avoir traîné la Science, cette vierge auguste et sévère, à la queue de leurs passions de parti. […] Ils ne furent pour rien dans l’élection du Pape, créé par l’Espagne toute seule, qui, du moins, avait la puissance et la science du mal qu’elle voulait.

1233. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Qui ne se rappelle en ce moment cette autre entreprise conduite par un jeune général partout victorieux, cette flotte française, si française toujours, mais si différente dans l’inspiration et le but, portant avec elle la science, l’Institut d’Égypte, les instructions d’un Volney, la tête méditative de Monge, le génie de Bonaparte ? […] Meyer accorde d’ailleurs, en terminant, cet éloge à l’édition de M. de Wailly : « Tous ceux qui s’intéressent au développement des études romanes accueilleront avec reconnaissance l’œuvre nouvelle de M. de Wailly, car sans parler du progrès notable qu’elle fait faire au texte de Joinville et à son interprétation, c’est la première tentative qui ait été faite afin de mettre un ouvrage du Moyen Âge français à la portée du grand public sans que la science y ait rien perdu. » Mais on entrevoit que ce c’est qu’un « progrès » encore.

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