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649. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

Puissent la poésie lyrique, le roman et le théâtre profiter bientôt de cet exemple éloquent ! […] Julie savante, Julie athée, n’est pas une héroïne de roman, qu’importe ? […] Les romans et les confidences. […] Était-il nécessaire de coudre à la donnée historique un roman amoureux ? […] Féréol un homme qui n’a pas oublié que l’Espagne a eu des don Quichotte après le roman de Cervantes.

650. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Moi, j’ai voulu fixer un mirage en appliquant à l’Antiquité les procédés du roman moderne, et j’ai tâché d’être simple. […] Vous avez peut-être raison dans vos considérations sur le roman historique appliqué à l’antiquité, et il se peut très-bien que j’aie échoué. […] Lorsque je fis le roman de Volupté, qui, au vrai, n’est pas précisément un roman et où j’ai mis le plus que j’ai pu de mon observation et même de mon expérience, j’avais eu cependant à inventer une conclusion, et je voulais qu’elle parût aussi vraie et aussi réelle que le reste. […] Il y aurait pour lui une exception à faire : son imagination, à l’origine, s’imprégnait sensiblement de ses lectures ; le poëme ou le roman qu’il avait feuilleté la veille n’était pas du tout étranger à la chanson ou au caprice du lendemain.

651. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Je dis que l’amour, jusqu’à présent, n’a pas été étudié dans le roman, d’une manière scientifique, et que nous n’en avons présenté que la part poétique. […] Et le voici, — du reste en homme fort distingué — moitié mécontent, moitié satisfait, à se plaindre à moi, d’avoir fait figurer son frère dans un roman, avec des détails si particuliers, qu’il est impossible, me dit-il, que je ne l’aie pas connu. […] Et la politique, qui n’avait fait que siffloter le matin, se met à hurler… Mardi 10 octobre Aujourd’hui je suis mordu par mon roman de l’Actrice « La Faustin ». […] À la représentation d’Hernani — il l’avoue — il est obstinément resté à sa place, de peur de tomber dans un compliment qui ne fût pas celui qu’il désirait, et ses oreilles prises d’une acuité douloureuse, entendaient ou croyaient entendre tout ce qu’on disait de lui et de son roman, et il passe la soirée à combattre, presque avec de l’effroi et un peu d’humeur, le désir qu’a sa femme d’aller avec Mme Charpentier, entendre une conférence de Sarcey, sur le livre du jour. […] Et ce mot m’amène à demander qu’on veuille bien restituer à mon frère un autre mot, qui semble avoir été le mot épatant du roman de La Morte, tant il a été cité, et répété par tous les critiques.

652. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

C’est ce qui lui est arrivé en dernier lieu pour le roman intitulé Le Val funeste, qui, on l’a dit plaisamment, est devenu pour lui Le Vol funeste. Il s’est exposé à ce qu’un journal malin qui avait, découvert la fraude et qui connaissait l’ancien texte du roman, en fit paraître un jour un chapitre en disant : « Nous donnons ici le feuilleton que M.  […] Mme de Créqui, née au commencement du xviiie  siècle, pouvait-elle, en parlant de je ne sais quelle cérémonie monastique dont elle avait été témoin dans son enfance, ajouter ce trait classique plus convenable chez une lectrice de La Gazette : « Je n’ai rien vu dans les nouveaux romans qui fut aussi romantique que cette scène nocturne et qui fût aussi pittoresque surtout. » Pouvait-elle, en citant une complainte du vieux temps qui se serait chantée au berceau de son petits-fils, dire à ce dernier : « Vous vous rappellerez peut-être, en lisant ceci, que Mlle Dupont, votre berceuse, vous chantait précisément la même complainte, et qu’elle en usait toujours de la sorte, en guise de somnifère et pour le service de votre clinique. » On rencontre à chaque pas de ces anachronismes évidents de couleur et de langage, et qui donneraient droit de conclure avec certitude que, quand même il y aurait eu un fonds primitif d’anciens papiers, d’anciens récits, l’éditeur les avait retouchés et arrangés à la moderne. […] On y chercherait en vain ce qu’il est trop ordinaire de rencontrer dans la jeunesse des femmes du xviiie  siècle, le tempérament ou le roman ; c’est à une personne tout à fait calme et vertueuse (s’il est permis de savoir si bien ces choses de si loin) qu’on a affaire ici.

653. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Ces deux romans m’avaient été signalés comme écrits par une jeune femme qui venait assez souvent dans un cabinet de lecture de la place de l’Odéon et qui vivait d’une vie originale, d’une vie de garçon et d’étudiant. […] Le lendemain j’avais précisément rendez-vous le soir chez George Sand pour lui lire quelques chapitres du roman que je faisais alors (Volupté) : elle devait elle-même me lire des pages de Lélia qu’elle écrivait dans le même temps. […] Ce n’est ni un roman ni un conte ; c’est, je le crains, un pastiche d’Hoffmann et de moi. […] J’aurais bien fait, dans mes intérêts, de publier, après Lélia, un roman plus rapproché du genre de Walter Scott, mais cette Quintilia était avancée dans mon portefeuille, et le besoin d’argent ne m’a pas permis de l’y garder plus longtemps.

654. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

En littérature seulement, c’est-à-dire roman, poëme et théâtre, on a pu trouver avec plus de fondement, en effet, que les promesses avaient quelque peu menti, que les saturnales duraient et s’étendaient avec insolence, que la boue des rues et l’ordure des bornes remontaient trop souvent jusqu’au balcon, que les grands talents à leur tour donnaient le pire signal et manquaient à leur vocation première, qu’ils s’égaraient, qu’ils gauchissaient à plaisir dans des systèmes monstrueux ou creux, en tout cas infertiles ; en un mot, qu’ils n’amusaient plus et qu’ils avaient cessé de charmer. […] La fatuité combinée à la cupidité, à l’industrialisme, au besoin d’exploiter fructueusement les mauvais penchants du public, a produit, dans les œuvres d’imagination et dans le roman, un raffinement d’immoralité et de dépravation qui devient un fait de plus en plus quotidien et caractéristique, une plaie ignoble et livide qui chaque matin s’étend. […] Si tel romancier à la mode résiste bien rarement à gâter ses romans encore naissants après le premier demi-volume, c’est que, voyant que le début donne et réussit, il pense à tirer l’étoffe au double, et à faire rendre au sujet deux tomes, que dis-je ? […] Quand on fait la contrebande à l’étranger, on expédie des pièces de soie, mais dont les premiers lés seulement sont en soie ; le reste est en calicot ou autre étoffe commune : « Ainsi des romans du jour, dit la spirituelle Mme de V….., quand je les lis, je dis à un certain endroit : Ah !

655. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Les romans sont les livres des malheureux : ils nous nourrissent d’illusions, il est vrai ; mais en sont-ils plus remplis que la vie ? […] Les philosophes se servirent de ces idées des peuples pour sanctifier de bonnes lois par le sceau de la religion, et le polythéisme, rendu sacré par le temps, embelli du charme de la poésie et de la pompe des fêtes, favorisé par les passions du cœur et l’adresse des prêtres, atteignit, vers le siècle de Thémistocle et d’Aristide, à son plus haut point d’influence et de solidité. » XXXVI Après les deux romans d’Atala et de René, il en ébaucha un troisième : le Dernier des Abencérages ; mais, à l’exception de l’incomparable romance : Combien j’ai douce souvenance, ce roman, entièrement d’imagination, ne fut qu’un roman français sans vérité et sans succès, très-inférieur aux deux autres.

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