Point, et c’est là qu’est le côté nouveau du roman. […] Ce roman, tout autre l’eût prétentieusement intitulé : Étude. […] Guy de Maupassant vient de publier chez Marpon et Flammarion, n’a rien d’un roman. […] Là est le roman avec les scènes dramatiques ou touchantes que la situation commande. […] C’est là qu’est le roman.
Caractères propres du roman anglais. — En quoi il diffère des autres. […] Circonstances qui font naître le roman du dix-huitième siècle. — Tous ces romans sont des fictions morales et des études de caractères. — Liaison du roman et de l’essai. — Deux idées principales en morale. — Comment elles suscitent deux classes de romans. […] Le roman pousse de toutes parts, et sous toutes les formes montre le même esprit. […] un cri de roman, le cri d’un tendre cœur qui saigne ! […] Smollett, sur cette donnée, écrit un roman entier, Humphrey Clinker.
quelle comparaison entre cet Ouvrage & un Roman dénué de toute vraisemblance, parsemé de caracteres baroques, inondé d’un radotage insipide ! un Roman, où la monotonie des incidens, l’uniformité des ressorts, l’afféterie du style, l’imbécillité des personnages, forment un contraste perpétuel avec le bon sens, le bon goût, & la nature des objets qu’on y traite ! un Roman enfin, dont le scandale a fait le succès passager, dont il n’y a que les premiers chapitres qui soient soutenables, & dont tout le reste fait tomber le Livre des mains du Lecteur, tantôt ennuyé, tantôt révolté ! Pour les Incas, on est généralement d’accord que ce Roman héroïque est beaucoup plus ennuyeux, & suppose beaucoup moins de talens que le Séthos de M. l’Abbé Terrasson, qu’on ne lit plus.
Par ces procédés d’un art imparfait et ramassé, les scènes et les récits, les épisodes, les digressions, les crises de pensées, les actes et les échecs s’entrelacent en ces étranges romans comme un faisceau de lianes. […] La Guerre et la Paix atteint presque ainsi au véritable but du roman réaliste, celui de contenir non pas un cas particulier et spécial auquel la sympathie ne se concède en somme que par politesse, mais de comprendre quelque large ensemble social, do façon à satisfaire le plus profond et le plus universel des intérêts humains, celui qui lie chacun à la communauté de tous, au monde. […] Ces romans forcent impérieusement à aller aux personnages, à participer aux événements, à ce qu’on se sente touchant à toutes ces existences, et sans cesse comme aux côtés des héros, adjoint, perdu dans la foule qui les entoure, en témoin invisible de leur solitude et de leurs pensées. […] Au ton des premiers romans, à l’absence de ces passages frémissants de passion où l’auteur, emporté par l’attrait de ses visions, précipite et dompte son style, à l’insouciance des développements, à toute la conduite lente et lasse de l’œuvre, on sent l’abîme qui se creuse entre l’auteur et son domaine. […] Ces romans existent ; ils seraient peut-être — pénétrés de moins de bonté et de plus froide justice — le modèle, l’esquisse de l’épopée humaine future.
» * * * Mais qu’est-ce qu’un coup d’État, qu’est-ce qu’un changement de gouvernement pour des gens qui, le même jour, doivent publier leur premier roman. […] diable… et notre roman dont la mise en vente doit avoir lieu aujourd’hui ! — Votre roman… un roman… la France se fiche pas mal des romans aujourd’hui, mes gaillards !
Et cependant il y a eu deux livres — tous les deux de simples romans — qui ont fait entendre leur petit bruit de guimbarde à côté du vaste mugissement de la Vie de Jésus. […] II En baisse comme la littérature tout entière de cette année 1863, le roman de Sibylle est un des moins réussis que Feuillet ait publiés jusqu’à ce moment. […] je suis bien obligé de dire que ce roman de Mademoiselle de la Quintinie, de madame George Sand, n’est pas de beaucoup supérieur dans son genre à celui d’Octave Feuillet dans le sien. […] Faux à son tour, mais d’une autre fausseté que celui de Feuillet, le roman polémique de madame George Sand, entrepris pour prouver que le catholicisme doit être définitivement vaincu et enfoncé sur toute la ligne, n’est, d’exécution, qu’un livre mou et déclamatoire. […] » Hormis en quelques articles de journaux où l’on a touché de l’extrême bout de la plume et des doigts aux hors-d’œuvre de cette histoire de la Régence, et en évitant soigneusement le fond des choses, impossible à discuter, on n’a généralement rien dit de ce nouveau livre de Michelet, qui, de cette façon, a fait moins d’effet que les romans d’Octave Feuillet et de madame George Sand.
Bouguereau ou Gérôme, de même une génération entière de romanciers et de poètes crée le roman impressionniste et le vers libre sans s’inquiéter des défenses ou des permissions dispensées avec sérénité par M. […] Il peut s’élever même à un rôle de grandeur réelle, et ceux qui diront qu’un tel homme est inférieur à un écrivain de romans seront injustes et aveuglés. […] Ceux-là fuient la nécessité de leur état en se réfugiant dans l’idée générale aussitôt qu’ils peuvent la faire entrer dans trois lignes avarement économisées sur l’insipidité du roman ou du vaudeville dont il faut parler. […] Léon Daudet, qui a signé ce beau volume des Idées en marche, renouvelé le roman d’aventures symboliques avec le Voyage de Shakespeare, et créé une forme nouvelle de livre sentimental avec cette admirable, nerveuse et poignante Romance du temps présent, serait un critique de premier ordre, capable d’établir la synthèse du roman à notre époque. […] L’un étudierait la jalousie dans le roman, l’autre l’altruisme, l’autre les nouvelles formes du style.