/ 1822
1067. (1897) Aspects pp. -215

Pour preuve : les Étrennes des orphelins, Roman, le Forgeron. […] L’œuvre de Barbey d’Aurevilly, romans et critique, est considérable. […] Je lui ferai aussi remarquer que beaucoup de livres ne peuvent plaire qu’à un public plus restreint que celui qui lit de préférence des romans. […] Félicien Champsaur qui se dépensa naguère en des histoires « bien parisiennes », plutôt médiocres a tenté, dans le Mandarin, un mélange du roman d’aventures et du roman de caractère. […] L’école romane fit naguère beaucoup de tapage.

1068. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

Il ne faut pas être grand sorcier pour prédire à coup sûr que les pièces ne vaudront pas les romans. […] Je ne puis interrompre ni reprendre le drame à volonté, comme je fais d’an roman. […] La pièce est aussi charmante que le roman. […] Le reste, comme dans le roman. […] Le peuple adore les romans qui se passent « dans le plus grand monde ».

1069. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Son vrai nom, c’est roman dramatique. C’est un roman, non réaliste, non satirique, un roman romanesque sur la scène. […] Voilà le roman. […] » Mais il fallait, pour cela, le roman. […] Or, le mélodrame c’est le roman, le roman pur, le roman romanesque mis sur la scène.

1070. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Littré. »

Les tomes xxi, xxii, xxiii, de cette Histoire contiennent de lui des notices importantes sur des médecins du moyen âge, des glossaires, des romans ou poèmes d’aventures et autres branches de poésie des trouvères. […] Vous en doutez ; écoutez ceci : « Nul plus que lui (Dante) n’a contribué à fixer ce bel idiome, que j’appellerais avec Byron le doux bâtard du latin, si je ne prétendais que l’italien, avec les autres idiomes romans ses frères, l’espagnol et le français, sont, des fils légitimes qui, ayant été livrés pendant leur minorité à la violence des voisins, ont fini par reprendre le rang dû à leur haute origine. […] Ce fait essentiel, bien compris et bien appliqué, devient une clef pour l’étymologie et sert de fil conducteur ou de sauvetage dans le naufrage des mots de l’ancien latin, au moment où ils passèrent au roman ou vieux français. […] Littré, qu’il y a eu, dans cette transformation confuse de l’ancien latin et dans son passage aux idiomes romans modernes, des traits singuliers de ressemblance jusque dans la diversité, de conformité jusque dans les différences : Facies non omnibus una, Nec diversa tamen ; qualem decet esse sororum.

1071. (1929) Dialogues critiques

Il a, lui aussi, vilipendé Stendhal, traitant Le Rouge et le Noir de « roman baroque », rangeant Lucien Leuwen dans « la littérature de cabanon ». […] Au moins celui-là, qui d’ailleurs a composé de beaux romans, ne sera pas soupçonné de travailler pour l’habit vert. […] On ne lit plus beaucoup les romans de George Sand : même si les poésies de Musset déclinaient aussi, on se souviendrait toujours des amants de Venise. […] Ce serait aussi raisonnable que d’attribuer le monopole du roman aux feuilletons d’aventures et celui de la poésie aux chansons de café-concert.

1072. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Tracer des divisions absolues dans la littérature, déclarer que toute œuvre sera une épopée, ou une ode, ou un roman, et critiquer les œuvres du passé d’après les règles qu’on s’est posées pour chacun de ces genres, blâmer Dante d’avoir fait une œuvre qui n’est ni une épopée, ni un drame, ni un poème didactique, blâmer Klopstock d’avoir pris un héros trop parfait, c’est méconnaître la liberté de l’inspiration et le droit qu’a l’esprit de souffler où il veut. […] S’il y a parmi les œuvres de l’esprit humain des mythes évidents, ce sont assurément les premières pages de l’histoire romaine, les récits de la tour de Babel, de la femme de Loth, de Samson ; s’il y a un roman historique bien caractérisé, c’est celui de Xénophon ; s’il y a un historien conteur, c’est Hérodote. […] Le roman d’Antar et les Moallakat ne supposent chez les Arabes, avant l’islamisme, aucune institution judiciaire, aucune pénalité. […] Tout y est individuel, et, bien que l’orgueil national de l’Arabie soit le fond de la texture, aucune cause suffisamment nationale n’est mise en jeu pour que cette belle composition dépasse la sphère du roman.

1073. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

À cette phase de sa vie, le démon du roman obsédait Audin. […] Michel Morin, le Régicide, Florence ou la Religieuse, sont des romans sans grandeur d’invention ou sans observation profonde, dans lesquels le sentiment chrétien se sauva seul des naufrages de la pensée. […] L’Angleterre, nation superbement profonde, qui a donné au Roman tous ses développements et l’a élevé à ce degré de variété, d’analyse et de puissance qui ne peut pas être surpassé, l’Angleterre avait créé aussi la biographie. […] Il n’a pas les facultés devineresses et la profonde bonhomie de ce Walter Scott, par exemple, qui a pris par le roman pour arriver aussi à la biographie et à l’histoire ; mais, s’il a d’autres procédés de divination, il arrive aux mêmes résultats de vérité et de ressemblance, et, de plus, il possède une faculté que ne connut point la tête carrée et rassise du grand Écossais.

/ 1822