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215. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

En tête de tous, le roi donnait l’exemple. […] Il y a chez le roi cinquante-quatre chevaux pour le grand écuyer ; il y en a trente-huit pour Mme de Brionne qui gère une charge d’écurie pendant la minorité de son fils ; il y a deux cent quinze palefreniers d’attribution et à peu près autant de chevaux entretenus aux frais du roi pour diverses autres personnes toutes étrangères au département230. […] Le maréchal de Soubise, recevant un jour le roi à dîner et à coucher dans sa maison de campagne, dépense à cela 200 000 livres241. […] Avec de l’usage et le tour convenable, même en face du roi, on concilie la résistance et le respect. […] Barbier, IV, 155. — Le maréchal de Soubise avait un rendez-vous de chasse où le roi venait de temps en temps manger une omelette d’œufs de faisans, coûtant 157 livres 10 sous.

216. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

L’ouvrage, qui portait gravé au frontispice le portrait équestre de Louis XIII avec une inscription des plus magnifiques en l’honneur de ce roi, était dédié à la reine régente. […] Il semble d’abord que la principale chose y soit les portraits des rois et reines, et que le texte n’y vienne que pour accompagner ces illustres images, cette suite de tailles-douces, figures et médailles, recueillies et payées par un amateur généreux, Remy Capitain. […] Et puis l’obscurité est si grande dans la première et seconde race de nos rois, qu’on peut dire que ces temps-là sont comme les pays voisins du pôle, où il n’est jamais jour que par un petit crépuscule. […] Cette Histoire commençant, selon l’usage, par Pharamond, on a eu la décence de laisser en blanc le portrait de ce roi problématique. […] S’il le compte pour le premier des rois de France, c’est surtout pour obéir à la tradition et pour suivre l’ordre qui a été gardé jusque-là par les historiens.

217. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

On a dit qu’en parlant de la sorte il faisait, en présence du jeune roi, des allusions et des satires indirectes contre Louis XIV : je ne le crois pas. […] Ce n’est point contre l’auguste mémoire de Louis XIV que s’élevait Massillon dans les portraits qu’il traçait d’un monarque père du peuple et bienfaisant : il ne faisait que proposer en quelque sorte une transformation, une transfiguration pacifique et plus humaine de Louis XIV, dans cet idéal adouci d’un grand roi. […] À force de répéter au jeune roi : « Soyez tendre, humain, affable », Massillon, comme Fénelon lui-même, poussait un peu à la chimère ; il semblait croire à cet amour de nourrice que les peuples n’ont pas, et auquel les grands rois et les plus réputés débonnaires, les Henri IV même12, n’ont jamais cru. […] Le sacre de Massillon eut lieu le 21 (et non le 16) décembre 1718, dans la chapelle même du roi, et ce jeune prince y voulut assister. […] Le peuple semblait vouloir le dédommager et le venger de l’attentat récent ; les cris de Vive le roi !

218. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

Le conseil donné et agréé du roi, il n’y avait pas un moment à perdre, car le mariage était près d’être consommé. […] Le Tellier, laissant la chambre toute remplie de pleurs, et monta dans le carrosse du roi sans verser une seule larme. […] Il prit un grand parti : il rompit à peu près avec la Cour et avec la ville ; l’enseigne des gendarmes du roi quitta le service et renonça à sa charge tout en se réservant de faire les campagnes comme volontaire. […] Lassay, qui ne revint point avec eux, aurait bien voulu désarmer pour son compte le mécontentement du roi, qui à son égard datait de plus loin47 : dans une lettre sérieuse, assez politique, et où il mêle des vues sur les armées, sur les finances et l’administration des États de la maison d’Autriche, il loue délicatement Louis XIV et son gouvernement : « Comme on ne juge bien des choses que par comparaison, écrit-il, en vérité il faut sortir de France pour connaître parfaitement la puissance du roi. » On voit, par le désordre qu’il décrit, que l’Autriche n’avait pas eu alors ses Louvois et ses Colbert. […] Si cette lettre habilement flatteuse avait pu être montrée au roi, il avait de quoi espérer de reprendre pied en cour, et peut-être serait-il devenu un personnage employé et utile, au lieu qu’il tourna encore au roman.

219. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VII. La fausse fiancée »

Le jour que mon père m’a donnée au massa148 C’est pour que je sois celle qui couche avec le roi. […] Elle s’en fut trouver le roi et lui dit : « Grand massa, si tu me rassasies de viande sans os, je t’apprendrai une nouvelle intéressante149 ». Le roi lui fit donner des œufs durs autant qu’elle en voulut. Alors la vieille lui déclara ceci : « La femme qui est chez toi comme ta femme n’est pas la vraie fille du roi. […] Roi.

220. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

« Personne ne pourra siéger dans une cour temporelle, sans y être autorisé par une convention du roi. » Tous les actes doivent être également passés au nom du roi. […] Le roi reconnaît sa fille, récompense Capino, et fait Porrus chevalier. […] Arrivé enfin au point où il ne lui est plus possible d’espérer, le roi s’étonne, se regarde, se demande si c’est bien lui. […] --Bien, mon fils, dit le roi avec un grand soupir, quel droit j’y avais, Dieu le sait ! […] --Étant ainsi, dit le roi, je remets tout à Dieu et souvenez-vous de bien faire.

221. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Lucrèce Borgia » (1833) »

L’idée qui a produit le Roi s’amuse et l’idée qui a produit Lucrèce Borgia sont nées au même moment sur le même point du cœur. Quelle est en effet la pensée intime cachée sous trois ou quatre écorces concentriques dans le Roi s’amuse ? […] Au fond, voilà ce que c’est que le Roi s’amuse. […] Ainsi, la paternité sanctifiant la difformité physique, voilà le Roi s’amuse ; la maternité purifiant la difformité morale, voilà Lucrèce Borgia. […] Lorsque Corneille dit : pour être plus qu’un roi tu te crois quelque chose, Corneille, c’est Mirabeau.

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