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1060. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre I : Rapports de cette science avec l’histoire »

Un illustre érudit du xviiie  siècle, le chef de l’école de Leyde, Tibère Hemsterhuys, se plaignait que de son temps « l’histoire de la philosophie, cette matière si riche des recherches savantes, n’eût pas encore attiré les études de la critique, qu’elle fût livrée à des compilateurs sans génie et sans lettres, qui ne connaissaient les philosophes anciens que par de vicieuses traductions, et qui tiraient d’une lecture superficielle un résumé aride et sans intelligence37. » Il y a un siècle à peine que ces paroles ont été prononcées.

1061. (1759) Observations sur l’art de traduire en général, et sur cet essai de traduction en particulier

De toutes les langues modernes cultivées par les gens de lettres, l’italienne est la plus variée, la plus flexible, la plus susceptible des formes qu’on veut lui donner ; aussi n’est-elle pas moins riche en bonnes traductions qu’en excellente musique vocale, qui n’est elle-même qu’une espèce de traduction.

1062. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Cette littérature est donc moins riche en œuvres et moins nettement significative ; elle présente en outre ce phénomène particulièrement intéressant pour nous : les trois ères que j’ai distinguées en France ne sont qu’ébauchées en Italie ; elles débutent, normalement, par le lyrisme, elles atteignent à peine leur point culminant avec l’épopée, et manquent d’achèvement dramatique ; on dirait d’un fleuve qui par trois fois se perd dans le sable… L’explication est à chercher dans l’absence de vie nationale.

1063. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Mais aussitôt qu’elle l’a produite, c’est une unité riche de ses propres fruits, dans laquelle se rencontrent la multiplicité, la variété, la vie », etc., etc.

1064. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Son Charles Baudelaire, ses monographies sur la peinture du XVIIIe siècle, sa Religion de la musique, montrent excellemment à quel point cette place centrale dans le monde du beau permet une critique riche et vivante.

1065. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

Il est dru, et même assez rude, résistant, ayant du silex dans sa complexion, comme le terroir de ses vignes ; prompt à s’exalter et prompt à s’abattre, d’un ressort puissant, d’une trempe d’acier, avec des alternances de tristesse, encore impétueux dans ses crises de pleurs et de sanglots enfantins ; difficile à manier et à conduire ; riche de sève comme les ceps du Mâconnais : il en est un lui-même ; c’est là qu’il a pris terre et ciel : tout son être physique et moral est né de ce Milly, y a jeté des racines profondes, y a poussé en pleine terre de craie et en plein air, y a puisé tous les aromes et tous les sucs de son génie poétique et oratoire. […] Tous deux se conduisirent avec générosité ; car Maria-Anna Birsch, qui était protestante, abjura en secret pour pouvoir être à son grand homme ; et lui, c’est après la publication des Méditations et quand déjà la gloire lui était venue, soudaine et enivrante, qu’il épousa cette fille médiocrement belle et médiocrement riche. […] Et comme il se contente de les indiquer, le signe, chez lui, ne se détache pas tout à fait de la chose signifiée, mais il en est tout imprégné encore ; ce sont, grâce à je ne sais quelle délicieuse indécision de termes, des passages aisés de l’idée à l’image et, presque dans le même moment, des retours de l’image à l’idée : en sorte que (presque toujours) cette poésie exprime simultanément l’âme et les choses, et est donc la plus large, la plus compréhensive et, au fond, la plus riche qu’on puisse concevoir. […] Écoutez ce Cri de l’âme :     Quand le souffle divin qui flotte sur le monde S’arrête sur mon âme ouverte au moindre vent, Et la fait tout à coup frissonner, comme une onde Où le cygne s’abat dans un cercle mouvant ; Quand mon regard se plonge au rayonnant abîme Où luisent ces trésors du riche firmament, Ces perles de la nuit que son souffle ranime, Des sentiers du Seigneur innombrable ornement ; Quand d’un ciel de printemps l’aurore qui ruisselle Se brise et rejaillit en gerbes de chaleur, Que chaque atome d’air roule son étincelle Et que tout sous mes pas devient lumière ou fleur ; Quand tout chante ou gazouille, ou roucoule, ou bourdonne, Que d’immortalité tout semble se nourrir, Et que l’homme, ébloui de cet air qui rayonne, Croit qu’un jour si vivant ne pourra plus mourir ; Que je roule en mon sein mille pensers sublimes, Et que mon faible esprit, ne pouvant les porter, S’arrête en frissonnant sur les derniers abîmes, Et, faute d’un appui, va s’y précipiter…     Quand je sens qu’un soupir de mon âme oppressée Pourrait créer un monde en son brûlant essor, Que ma vie userait le temps, que ma pensée, Et remplissant le ciel, déborderait encor : Jéhovah ! […] Son printemps est d’une divine intempérance… Les visions de Hugo sont certes aussi abondantes, et son vocabulaire est, en outre, beaucoup plus riche mais ces visions, Hugo les domine, il les fait saillir par des oppositions, ou il les aligne, comme des soldats, en rangs profonds ; il les dispose, il les gouverne, il les régente ; en somme, il applique à ces masses, si vastes qu’elles soient, le compas latin et le compas même de Boileau.

1066. (1929) Amiel ou la part du rêve

Amiel se souvint toute sa vie de ce départ ébloui sur l’impériale, du sang riche de son corps, des idées nues dans l’air vif, de la jeune verdure vaudoise entre les cerisiers en fleur, des lilas de la Bourgogne qui, le long de la route de Paris, lui jetaient au visage leur odeur. […] C’est l’époque où, comme l’Université de Paris au moyen âge, l’Université de Berlin passe avec raison pour la plus puissante de l’Europe, la plus solide, la plus riche en génie créateur. […] Le professeur de l’Académie appartenait volontiers à l’une des gentes patriciennes, où la curiosité générale, le goût des sciences, et plus rarement des lettres, faisaient partie des traditions de famille, rendaient la petite Genève le coin de terre le plus riche en vie de l’esprit qu’il y eût après Paris dans les pays de langue française. […] Les quelques années qui suivent 1848 formeraient la partie la plus vivante et la plus riche d’une Genève d’Amiel. […] Il était sénateur inamovible dans ce Luxembourg des années quatre-vingts, alors la plus riche assemblée de l’Europe en personnalités éminentes.

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