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671. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — II. (Fin.) » pp. 180-203

Revenu d’Italie en France en 1686, Lassay trouva des ennuis domestiques : il avait une fille du premier lit qu’il avait confiée en partant à Mme de La Fayette ; celle-ci qui écrivait de si agréables romans, mais qui n’entendait pas moins bien les affaires positives, jugea que cette pupille était un bon parti pour son fils, et elle était près d’arranger ce mariage contre le gré du père qu’elle cherchait à tenir éloigné. […] Son point de départ est toujours son ancienne passion pour Marianne ; il ne craint point de l’évoquer et d’y revenir : Vous avez rappelé dans mon cœur, dit-il à son nouvel objet, des sentiments dont je ne le croyais plus capable : je retrouve en moi ce même trouble et ces mêmes agitations que j’avais connus autrefois. […] En vieillissant, il était, il est vrai, fort las du monde, ou du moins il le disait volontiers, mais il y revenait sans cesse : « On méprise le monde, et on ne saurait s’en passer. » Il reconnaissait que, pour un homme qui en a pris le train et l’habitude, c’était encore la meilleure manière d’être que de ne pas s’en séparer trop longtemps. […] Il a écrit sur les princes, sur ceux, en particulier, de ces petites cours oisives, et en vue de ces intérieurs des Condé, des Bourbon et des Du Maine, des pages telles que le courtisan le plus clairvoyant et le plus dégoûté en peut seul écrire55 ; il revenait à ses anciennes idées favorites d’indépendance, de loisir honnête et digne.

672. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

Bonstetten, devenu tout à fait littérateur en ces années et auteur en allemand, pensait à se fixer pour toujours à Copenhague ; il avait obtenu l’indigénat, et invitait même son ami Muller à le venir rejoindre ; car il n’avait que relâché un peu ses liens d’amitié avec l’illustre historien ; en acquérant de nouveaux amis, il ne renonçait pas aux anciens, et il justifiait ce joli mot de lui et qui lui ressemble : « Ce qui est léger n’est pas toujours infidèle. » Dès que l’établissement du Consulat eut procuré une trêve à la Suisse, et qu’elle rentra, à l’exemple de la France, dans la voie des gouvernements réguliers, Bonstetten se sentit rappelé vers elle ; il y revint en 1801, non sans donner au bon pays hospitalier qu’il quittait des larmes sincères. […] Les étrangers partaient et ne revenaient plus. […] Bonstetten n’avait pas revu Paris depuis son rapide passage en 1770 ; il y revint dans l’été de 1805. […] Celui-ci revenait-il à la charge trop obstinément ?

673. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Le Bas, quand celui-ci revint à la charge. […] Ainsi donc, je le répète pour n’avoir plus à y revenir (et que son aimable biographe me le pardonne), non, mille fois non, le mode de peinture employé à son égard n’est pas de tout point approprié au modèle ; non, on ne saurait, sans une transformation trop visible, présenter M.  […] Aussi faisait-il le plus grand cas de ceux qui avaient cette faculté (comme Letronne) : lui il se lassait vite, il allait et revenait. […]  » Cependant, peu après, Boissonade avait reçu plus d’un avis qui lui avait mis, comme on dit, la puce à l’oreille : « Il me revient de plusieurs côtés », écrit-il à Wyttenbach, dans l’extrait rapporté par Mahne, « que vous songez à publier séparément, et dans un livre particulier, votre travail sur Eunape ; et, si je suis bien informé, ce livre contiendra beaucoup de choses qui me causeront une profonde douleur (multa erunt, quæ mihi non parum mœstitiæ afferent).

674. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Journal et Mémoires, de Mathieu Marais, publiés, par M. De Lescure »

À de certains jours il laisse tomber sa plume d’anecdotier, dégoûté qu’il est de cette chasse ingrate : « Il y a plus d’un an », écrivait-il en juillet 1726 au président Bouhier, « que mes anecdotes ont cessé ; le goût m’en a passé, et je ne sais s’il reviendra. » Il ne lui revint que faiblement. […] Il ne trouve dans tout cela que matière à plaisanterie, et il y revient à tout propos avec un malin plaisir : « J’ai su (septembre 1722) que le poète Arouet prenant congé du cardinal Dubois pour aller à Bruxelles, où il est allé voir Rousseau et tenir avec lui une conférence pacifique sur les coups de bâton des poètes, il dit au ministre : « Je vous prie, Monseigneur, de ne pas oublier que les Toiture étaient autrefois protégés par les Richelieu », se mettant ainsi hardiment au niveau de Voiture, dont il est bien loin. […] Nous citerons pourtant le passage, parce que l’on revient à s’occuper de Massillon aujourd’hui, qu’un savant abbé prépare une édition, la première exacte, de ses Sermons, et que la biographie de l’éloquent prélat sera nécessairement remise sur le tapis.

675. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

De peur d’avoir à revenir dessus et pour plus de sûreté, il proscrit la métaphysique et les recherches théoriques inutiles ; il se refuse à pousser à bout le libre examen et lui prescrit une limite. […] Il présage, dès ce moment, un coup de vent soudain qui peut tout renverser, un 24 février possible ; il songe même, lui homme d’un autre temps, au rôle de courage et d’audace qu’il aurait à remplir, tel cas échéant et en telle rencontre : le Si forte virum quem… lui revient à l’esprit, et il a conscience que ce jour-là il ne se tairait pas comme Sieyès et qu’il oserait. […] Il est vrai qu’on ne voit pas dans les natures actuelles, de main capable de l’imprimer ; mais il n’est pas toujours besoin de marteau contre des édifices mal construits ; un coup de vent peut suffire… » Revenant à lui-même, à sa prochaine réélection, au rôle ultérieur et suprême qui lui était réservé peut-être, et s’expliquant comme il aimait à le faire sur ses goûts favoris, il disait : « Sans m’occuper aucunement de mon élection, je reviendrai à la Chambre, si d’eux-mêmes les électeurs qui m’y ont envoyé neuf fois m’y renvoient encore. J’v reviendrai, non pour prendre part aux affaires courantes, mais dans cette confiance présomptueuse, qu’il y aura peut-être telle circonstance, tel jour où il me serait permis de devancer les hommes de ce temps-ci et d’oser ce qu’ils n’oseraient pas.

676. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Quoi qu’il en soit, Saint-Évremond, averti à temps du danger, quitta la France, se réfugia en Hollande, puis en Angleterre, alterna quelque temps entre les deux pays, opta finalement pour Londres, et ne revint jamais. […] Il aurait pu revenir en France dans les dernières années : Louis XIV avait pardonné et le lui avait permis. […] Quand on lui parla plus tard de revenir, il n’y était plus disposé. […] C’est ce que fit la duchesse pendant plusieurs jours, pendant lesquels ses amis, entre autres M. de Saint-Évremond, ne la voyant pas revenir, connaissant son caractère, se doutèrent de ce que c’était.

677. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Je reviens et j’insiste, parce que je suis pénétré de la vérité du point de vue. […] Quoique j’aie ailleurs62 à revenir avec étendue sur ce point délicat, je m’en échapperai par avance ici. […] Si l’on peut dire qu’il revint à la charge et se logea toujours plus ou moins au sein de sa foi, c’était là une manière, après tout, d’être assez mal logé et mal à l’aise ; et Pascal ne lui laissa, jour et nuit, ni paix ni trêve. […] Et quelle charité chez Pascal, et dans ses actions dont quelques-unes ont échappé au mystère, et dans ses paroles où reviennent si souvent des accents d’humanité et de tendresse plus touchants en cette doctrine rigide !

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