« Cloridan, intrépide chasseur toute sa vie, était de robuste stature et d’une rare légèreté à la course ; Médor, à la fleur de ses années, avait encore les joues colorées, blanches et fraîches de l’adolescence, les yeux noirs, les cheveux dorés et bouclés ; il ressemblait à un ange du chœur le plus élevé du ciel. […] Ainsi finit par un démasquement général ce poème rempli de travestissements et d’imbroglios tantôt héroïques, tantôt comiques ; les derniers chants qui rendent à chacun et à chacune son nom, sa gloire, son amant, son amante, ressemblent à ce dernier jour du carnaval de Venise, et à ce premier jour de pénitence où tous les masques tombent à la fois de tous les visages, et où les costumes de fantaisie et les déguisements des saturnales font place à la vérité des figures et au bon sens. […] La lune ruisselait du ciel à travers une chaude brume transparente comme une écume de l’air sur les toits, sur les balustrades, sur les pilastres, sur les cariatides de marbre de la façade ; le vent emportait à chaque bouffée les fleurs embaumées des orangers en caisse qui encadraient d’une sombre verdure les parterres au bas du perron ; les jets d’eau chantaient comme des oiseaux sans sommeil ; leurs légères colonnes d’eau, transpercées par les rayons nocturnes, s’inclinaient et se redressaient sous la brise comme des tiges de girandoles chargées de grappes de cristaux ; les blanches statues des terrasses ressemblaient aux fantômes pétrifiés d’une population de marbre ; la grotte, vide désormais, ouvrait au-dessus de moi son antre sombre, d’où suintait la petite rigole qui avait tant mêlé son gazouillement monotone aux stances du poète ; tout nageait dans un éther fluide et vague qui grandissait les objets et qui les faisait pyramider vers le firmament, comme s’ils avaient flotté entre ciel et terre ; enfin, pour comble d’illusion, un rideau blanc, agité par le vent à la fenêtre ouverte de Thérésina et de sa mère, jouait à longs plis sur le mur et ressemblait à la figure de Ginevra apparaissant à son amant sur le fatal balcon du palais de son père. […] Puisse cette séparation ressembler à celles de l’Arioste, où, après mille traverses héroïques, un enchanteur, un ermite ou un bon génie, sous la figure d’une Léna ou d’une Thérésina, ramène le héros au lieu et aux félicités qu’il regrette !
Il avait une nature de bénédictin, ce malédictin, et les frères Garnier ne sont pas à l’extrémité de leurs peines s’ils publient, avec les livres spécialement signés de Diderot, les articles qu’il confectionna pour l’Encyclopédie ; car c’était un confectionneur, dont la tête, mise en branle, ressemblait à un métier. […] Diderot, pas plus que Rousseau, ne ressemblait à Voltaire, si ce n’est par la haine qu’ils portaient tous trois au catholicisme. […] Il ressemblait à ces fontaines qui dégorgent incessamment et puissamment une eau violente par la bouche de quelque figure de lion rugissante, et toute oreille était pour lui une vasque qu’il inondait et qu’il remplissait, ce déclamateur, improvisateur, prédicateur, — car, chose étrange ! […] L’auteur dramatique ressemble au comédien, qui le continue, et qui est tout le monde et qui n’est personne. […] Il y eut peut-être des jours où cette canaille ressembla à un peuple qui poussait quelques nobles cris ; mais ces jours-là même, ce peuple était plus fort que lui, le dominait et l’entraînait.
Et si l’un est venu après l’autre, il ne lui ressemble que pour s’en mieux distinguer.
Philarète Chasles Poète des derniers temps, qui semble enivré de sons et de lumière, de pensées métaphysiques qu’il transforme en images et de créations gigantesques qui le séduisent et le ravissent, nul ne ressemble plus à
On dit que le portrait de Mr le Dauphin ressemble beaucoup.
Celui-ci ressemble aussi ; mêmes qualités et mêmes défauts pour le faire qu’au précédent.
Chacun veut être soi-même, avoir ses jurons, ses façons, son costume propre, ses particularités de conduite et d’humeur, et ne ressembler à personne. […] Dans cette rupture et dans cette absence de toutes les entraves, ils ressemblent à de beaux et forts chevaux lâchés en plein pâturage. […] Les courtisans de ce siècle ressemblent à nos hommes du peuple. […] La cour de Henri VIII, pour sa bruyante gaieté, ressemble à une fête de village. […] Nous entendons à travers les drames comme à travers l’histoire du temps ce grondement farouche : le seizième siècle ressemble à une caverne de lions.