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1042. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

*** A cette prose simple et souple, évocatrice à la fois des choses vues et du regard féminin, je préfère peut-être les vers de Mme Daudet. […] Il faudrait dire quelles jolies nuances, bleu tendre, gris perle, mauve pâle, reposent le regard tout le long de ces pages délicates. […] Je cherchais alors le vrai sens dans ses yeux ; mais ces yeux, railleurs et tendres, m’embrouillaient davantage. » Quelquefois pourtant le regard de la conteuse se mouille, et elle s’excuse : « Les vieux cœurs sont si pleins de larmes qu’une émotion de plus les fait déborder. […] Elle nous dira aussi plus complètement la vraie femme de trente ans, apparue en une fuite dans la Fée des Chimères, celle qui ne sait plus sourire et qui dit, les regards brûlants : « Marchons… foulons l’avenir… Je veux vivre ! […] Mais des lenteurs de la phrase, des longueurs de l’alinéa, du balin-balan endormi du chapitre, et de la répétition des mêmes effets, et du rabâchage des mêmes idées, et du recommencement des mêmes scènes, une brume d’ennui s’éleva qui, peu à peu, noya pour mes regards tous les mérites harmonieux.

1043. (1903) Le problème de l’avenir latin

Ces villes furent aussi dans leur temps des centres vers lesquels tous les regards intellectuellement avides convergeaient. […] Un simple regard jeté sur le monde suffit à l’établir. […] Ce qui nous empêche peut-être d’en reconnaître loyalement la légitimité, c’est qu’accoutumés de borner notre vision à notre petite patrie, nous négligeons d’embrasser du regard l’ensemble du monde. […] Plongeons un regard sincère en nous-mêmes et considérons froidement ce que nous sommes. […] Tournons nos regards vers la vie, là où elle a resurgi avec une force nouvelle.

1044. (1927) Les écrivains. Deuxième série (1895-1910)

Ils reconnaissaient les personnages, citaient les noms véritables, en regard des noms fictifs, et, comme il arrive en pareil cas, chacun en citait de différents. […] J’eus la joie de n’apercevoir sur son énergique visage et dans son regard résolu pas une ombre de dégoût, pas un signe d’abattement. […] Son regard est étrange. […] On sent qu’il a dû connaître bien des spectacles exceptionnels : il a quelque chose de lointain, de voyageur, de nostalgique, comme le regard des marins. […] que j’envie ceux sur qui n’est point passé l’âpre souffle de cet orage, et qui peuvent regarder les choses, avec le même regard qu’hier !

1045. (1897) Aspects pp. -215

Son rôle est simple : manger, trimbaler, comme une vache sa sonnaille, un morceau de soie rouge au bout duquel pend une amulette, égrener la collection des sourires officiels, promener sa viande avariée parmi des nuées de coupe-coupe, exhiber les beautés du régime médiocrate aux regards humbles des éclopés qui finissent de crever de faim dans les hôpitaux, aux regards hébétés du bétail à guerre qui s’automatise sous les Porte-Plumets, répéter le discours émollient en usage depuis qu’il existe des rois et des empereurs et des présidents de république. […] — Leurs yeux louchent, leur regard trouble charrie des rancunes et le désespoir de leurs avortements. […] Ces enfantillages n’ont pas d’importance au regard des poèmes souvent admirables que ce jeune homme écrivit. […] Sais-tu que ton regard auguste a la jeunesse Des soleils printaniers quand soudain tu souris ? […] Tout autour de lui un certain nombre de jeunes gens à quatre pattes et dont plusieurs avaient le nez juif, ne le quittaient pas du regard et tressaillaient dès qu’il faisait mine d’esquisser un geste.

1046. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Dans le poëme d’Éloa, cette vierge-archange est née d’une larme que Jésus a versée sur Lazare mort, larme recueillie par l’urne de diamant des séraphins et portée aux pieds de l’Éternel, dont un regard y fait éclore la forme blanche et grandissante. […] Il s’est peint en personne plus qu’il n’imagine dans cette invocation à un culte qu’on garde inviolable, même sans savoir d’où il vient ni où il va, même sans l’idée d’un regard céleste et d’une palme future.

1047. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « MÉLEAGRE. » pp. 407-444

Rien de plus frais, de plus distinct et de plus net que cette peinture ; pas un trait n’y est vague ni de convention ; tout s’y anime et y vit aux regards, et y luit de sa juste couleur, ce qui fait que l’image est restée toute jeune, toute neuve et comme d’hier, dans un si vieux sujet. […] Ici, dans ce printemps de Phénicie comme dans ceux d’Ionie et de Sicile, le spectacle se déroulait au complet sous un seul et même regard, et l’heureux poëte n’a fait que copier la nature.

1048. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Son regard est pareil aux regards des statues, Et pour sa voix lointaine, et calme, et grave, elle a L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

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