Pendant que nous écrivions ces pages sur Mozart, et que nous regrettions vivement de ne pas pouvoir nous rafraîchir l’oreille dans l’audition de ces délicieuses mélodies entendues autrefois et restées en tronçons dans notre mémoire comme des échos de jeunesse et d’Italie, voilà que nous lisons par hasard, sur une affiche de théâtre, Les Noces de Figaro, au Théâtre-Lyrique, sur le boulevard de Paris ; et pour comble d’étonnement et de bonne fortune, voilà que nous recevons, sans nous y attendre, du spirituel et savant directeur de ce théâtre, M. […] Le poète recevait le premier les confidences du musicien, en assistant à l’éclosion de ses accords, accoudé sur le dossier de sa chaise, devant le clavecin. […] Nous arrivâmes le même soir à Trévise ; ma femme, contre mon attente, n’y arriva que le lendemain matin ; j’étais à la fenêtre de l’auberge à l’attendre avec impatience, quand je vis approcher la voiture ; je descendis précipitamment l’escalier pour courir la recevoir dans mes bras. […] Le poète seul comprend le poète ; les âmes qui ont reçu la consécration dans le temple devinent seules ce qui reste ignoré des profanes.
Ma mère, dont l’affabilité et la bonne humeur ne se démentaient jamais, et qui aurait voulu voir tout le monde dans les mêmes dispositions d’esprit, eut recours à un moyen plus aimable et qui lui réussit à merveille : celui d’entre nous qui n’avait pas eu peur la nuit recevait, le matin, une ample distribution de friandises. […] Méphistophélès revêt la robe et la figure du docteur ; il reçoit l’étudiant ; il répond à ses questions sur la logique, la métaphysique, la jurisprudence, la médecine, en embrouillant tellement la tête du jeune homme de définitions scolastiques et absurdes que Pascal lui-même ne démontrerait pas mieux le néant emphatique de l’esprit humain et la vanité sonore de ce que nous appelons savoir. […] (En s’approchant du fauteuil de famille :) Ô toi qui, dans leur joie ou dans leur douleur, as reçu les aïeux sur tes bras ouverts ! […] Marguerite descend cependant pour recevoir le dernier soupir de son frère adoré ; il la reconnaît avec horreur, l’appelle des noms les plus infâmes en présence de toute la ville, et meurt intrépide en la maudissant.
Sans doute son frère est un merveilleux jouteur de plume ; nous avons nous-même subi l’éblouissement de son style dans la première jeunesse, à cet âge où l’on reçoit sur parole les admirations et les cultes de famille, et où l’audace du paradoxe passe pour l’intrépidité de la raison. […] Qu’avait-il à faire en effet à Pétersbourg qu’à recevoir de loin les rumeurs des champs de bataille, des négociations, des congrès, des entrevues d’Erfurt ou de Tilsitt entre les princes, et à transmettre à sa cour les mille et mille commérages politiques des salons de Pétersbourg, commérages vagues, souvent faux, sur lesquels il échafaudait des dépêches, des plans, des combinaisons plus propres à amuser sa cour de Cagliari qu’à la servir ? […] « — Cela n’est pas possible ; Monsieur, l’Empereur ne vous recevra pas. […] La belle Maria-Antonia recevait son monde avec sa robe blanche et ses cheveux noirs, sans diamants, sans perles, sans fleurs ; elle sait fort bien qu’elle n’a pas besoin de tout cela.
Ses traits étaient sévères, nobles, purs, élégants, éclairés par l’intelligence intérieure qui les avait, pour ainsi dire, façonnés à son image ; le front, élevé, et poli comme une table de marbre destinée à recevoir et à effacer les mille impressions qui le traversaient ; le nez, aquilin, très resserré entre les yeux ; le regard, à la fois recueilli en lui-même, ferme et assuré sans provocation quand il s’ouvrait et se répandait sur la foule ; la bouche, fine, bien fendue des lèvres, sonore, passant aisément de la mélancolie des grandes préoccupations à la grâce détendue du sourire ; les joues, creuses, pâles, amaigries par les contentions de l’étude et par les fatigues de la tribune aux harangues. […] La rapide et universelle intelligence de l’enfant fit une explosion plutôt que des progrès aux premières leçons qu’il reçut, en sortant du berceau, sous les yeux de sa mère. […] À ce bruit tumultueux qui s’approche, qui tranche toutes ses irrésolutions, et qui repose enfin son âme dans la certitude de la mort, Cicéron veut au moins la recevoir, et non la fuir : il ordonne à ses esclaves de s’arrêter et de déposer la litière sur le sable. […] Mais Fulvie, femme d’Antoine, ne se contenta pas de cette vengeance ; elle se fit apporter la tête de l’orateur, la reçut dans ses mains, la plaça sur ses genoux, la souffleta, lui arracha la langue des lèvres, la perça d’une longue épingle d’or qui retenait les cheveux des dames romaines, et prolongea, comme les Furies, dont elle était l’image, le supplice au-delà de la mort : honte éternelle de son sexe et du peuple romain !
« Son intelligence, si constamment exercée, avait encore développé ce front naturellement vaste, qui recevait tant de lumières ! […] « Ces yeux interrogeaient et répondaient sans le secours de la parole, voyaient les idées, les sentiments, et lançaient des jets qui semblaient sortir d’un foyer intérieur et renvoyer au jour la lumière au lieu de la recevoir. […] « Mon frère nous accompagnait aussi quelquefois au bal ; mais, s’y étant laissé tomber malencontreusement, malgré les leçons qu’il recevait d’un maître de danse de l’Opéra, il renonça à la danse, tant le sourire des femmes qui suivit sa chute lui resta sur le cœur ; il se promit alors de dominer la société autrement que par des grâces et des talents de salon, et devint seulement spectateur de ces fêtes dont plus tard il utilisa les souvenirs. […] Celui-ci, reconnaissant et pour rendre au fils le service qu’il avait reçu du père, offrait de prendre Honoré dans son étude et de la lui laisser après quelques années de stage ; la caution de mon père pour une partie de la charge, un beau mariage, des prélèvements successifs sur les brillants revenus de l’étude, auraient acquitté mon frère en peu d’années.
Leurs mutuelles caresses, si simples peut-être pour tout autre que moi, la manière délicate dont le mâle savait s’y prendre pour plaire à sa femelle, m’empêchaient d’en détacher mes yeux, et mon cœur en recevait des impressions que je ne puis oublier. […] Bientôt il reçut une deuxième ponte ; et, au commencement d’août, une seconde couvée faisait son apparition. […] Le propriétaire, que je connaissais très bien, me reçut avec cette généreuse bonté qui distingue les planteurs de la Louisiane. […] C’est une succession de battements assez courts, si l’on en excepte pourtant la saison où l’heureux couple prélude aux amours : car on les voit alors comme nager tous les deux, les ailes immobiles, glissant dans les airs avec un petit gazouillement aigu, et la femelle ne cessant de recevoir les caresses du mâle.
Tout le monde est méchant, et personne ne l’est ; On reçoit et l’on rend ; on est à peu près quitte. […] Voilà pourquoi les peintures de ce fond n’ont reçu aucune atteinte du temps, et pourquoi rien n’a vieilli de ce langage. […] Suzanne, Brid’oison, Marceline, ont aussi reçu le souffle de vie, et sont bien de la maison. […] Ce je ne sais quoi d’aimable qui manque aux personnages de Beaumarchais, ils le reçoivent de la musique, quand, au lieu de parler, ils chantent ; mais cela même est à la gloire de Beaumarchais, et ce qu’il gagne à être mêlé dans nos souvenirs avec Mozart et Rossini est la juste récompense de ce qu’il leur a prêté.