/ 1825
567. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIIe entretien. Madame de Staël. Suite. »

Bonaparte disait que l’on sortait toujours de chez moi moins attaché à son gouvernement. » On voit dans ces aveux que madame de Staël, accoutumée à l’influence politique depuis le salon de son père et depuis ses liaisons avec MM. de Narbonne, Lafayette, Benjamin Constant, s’obstinait imprudemment à un grand rôle dans la république et fomentait dans l’âme de Bernadotte une rivalité qui ne pouvait être pardonnée par Bonaparte. […] Est-ce regret d’une actrice descendue de la scène avant l’âge, et qui ne peut renoncer sans désespoir aux rôles qu’elle s’était dessinés pour sa vie ? […] cette dernière prière d’un homme qui avait joué un si grand rôle en France, demandant pour toute grâce le retour de ses enfants dans le lieu de leur naissance et l’oubli des imprudences qu’une fille, jeune encore alors, avait pu commettre, tout me semblait irrésistible ; et, bien que je connusse le caractère de l’homme, il m’arriva ce qui, je crois, est dans la nature de ceux qui désirent ardemment la cessation d’une grande peine : j’espérai contre toute espérance. […] Mais son amant s’épouvante de la splendeur même de son idole ; il craint avec raison que cette divinité d’intelligence ne puisse redescendre sur la terre au rôle modeste d’épouse obscure et de mère de famille.

568. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Il y a une telle discordance entre le rang ordinaire des personnages et le ton qu’ils prennent, entre leurs fonctions traditionnelles et les rôles qu’ils usurpent, qu’il en résulte une série de scènes burlesques, de contrastes comiques au premier chef. […] Il joue du reste son rôle dans la tragi-comédie et il attrape au passage quelques bonnes railleries. […] En France, la littérature a souvent joué ce rôle militant. […] Tel est le rôle qu’ont joué, dans les deux siècles qui ont précédé le nôtre, les réfugiés protestants, et dans notre siècle, et dans notre siècle, après chacune de nos révolutions, les bannis de la monarchie, de l’Empire, de la République, tous ces essaims jetés et dispersés sur la surface du monde par le peuple qui exile le plus, sans doute parce qu’il est celui qui émigre le moins.

569. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — I. » pp. 343-360

Mais ce n’est pas aujourd’hui ce qui nous rappelle vers lui : ces scènes orageuses, tant célébrées, sont entrées dans toutes les mémoires, et l’époque qui les précède ou plutôt qui les embrasse, et durant laquelle Bailly remplit un rôle si honorable, a été tellement et tant de fois racontée et peinte, que les personnages qui y figurent sans cesse finissent presque par lasser nos yeux et par s’user. […] Il devenait de la sorte le médiateur entre eux ; il y avait dans ce rôle de quoi flatter l’amour-propre et dessiner un personnage.

570. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Un rôle de vieux marin pourtant, le capitaine Birk, oncle d’une des jeunes filles, père adoptif de l’autre, et ami de Sinval, est très bien tracé et fait un contraste qui a du naturel. […] Les développements en seraient du plus vif intérêt ; le rôle du capitaine Birk, animé du jeu original de Préville, captiverait, échaufferait ; et je garantirais presque la réussite d’une pareille entreprise.

571. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Tallemant et Bussy ou le médisant bourgeois et le médisant de qualité » pp. 172-188

Quand on a renoncé à sa fortune par sa faute, et quand on a bien voulu faire tout ce que M. de Bussy a fait de propos délibéré, on doit passer le reste de ses jours dans la retraite, et soutenir avec quelque sorte de dignité un rôle fâcheux dont on s’est chargé mal à propos… Il faudrait citer tout ce qui suit. […] il ne peut faire longtemps ce rôle : « Tout cela ne m’empêcha pas de me bien divertir en Italie, tant c’est belle chose que jeunesse. » Le père de Tallemant aurait voulu faire de lui un conseiller au Parlement de Paris ; le jeune homme ne se sentait pas de vocation à devenir un magistrat.

572. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Le rôle de Genève n’a pas changé, et le côté par lequel elle intéresse l’Europe savante et pensante n’a fait, ce me semble, que se rajeunir. […] Nous sommes très disposés à les recevoir, bien entendu que ce sont des excuses et non pas des commandements », Tout cela, le rôle étant donné, est fort bien plaidé.

573. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

— Ce rôle sérieux, franchement conçu et embrassé tout d’abord, de la manutention des études et des esprits, méritait d’occuper tout un homme, un homme tel que lui, et on ne le lui aurait pas disputé. […] Jeune homme la première fois qu’il visita Mme de Staël, à Ouchy près de Lausanne, elle lui dit brusquement, en voyant son émotion et frappée de son accent : « Je suis sûre que vous joueriez très bien la tragédie ; restez avec nous et prenez un rôle dans Andromaque.

/ 1825