Ce sont des termes métaphysiques formés à l’imitation des mots qui marquent des objets réels. […] Il n’y a pas hors de nous un être réel qui soit la Grammaire ; il n’y a que des Grammairiens qui observent. […] Ainsi Dieu est un terme réel ; mais nature n’est qu’un terme métaphysique. […] Mais il n’y a point un être réel qui soit le plaisir, ni un autre qui soit la douleur. […] Bien réel.
C’est un talent d’analyse, minutieux, sec, pessimiste, mais réel. […] Ces joies sont plus bruyantes que réelles. […] Sans nier le mérite réel de M. […] On n’y trouve pas la peinture de caractères vrais, de sentiments réels. […] Raoul de Chalys, le héros du livre avec Sibylle, est entre le réel et l’idéal.
Le mot de poète évoque je ne sais quelle signification d’exil ; un poète est toujours « ailleurs » ; il ne vit que dans le monde imaginaire qu’il s’est construit, et qui est pour lui plus réel que le vrai. […] Oui, en vérité, dans le creuset de leur cœur, les émotions littéraires et les émotions réelles se confondent en une même vivante sincérité. […] Ce n’est pas un désir de vanité, mais un besoin réel, physique, de son organisme. […] Cependant, dans Ferveur, un second volume, nous voyons que l’amour réel a fixé cette Muse dans l’intimité d’une vie calme. […] En réalité, dans ce couple d’une même féminité apparente, il peut y avoir une réelle antinomie sexuelle.
Prenez mille débauchés, vous trouverez mille manières d’être débauché ; car il y a mille routes, mille circonstances et mille degrés dans la débauche ; pour que sir Épicure Mammon fût un être réel, il fallait lui donner l’espèce de tempérament, le genre d’éducation, la nature d’imagination qui produisent la sensualité. […] Il s’y joue à travers le réel et au-delà du réel, avec des personnages qui ne sont que des masques de théâtre, avec des abstractions changées en personnes, avec des bouffonneries, des décorations, des danses, de la musique, avec de jolis et riants caprices d’imagination pittoresque et sentimentale. […] C’est une comédie lyrique, et si on n’y trouve point la légèreté aérienne d’Aristophane, du moins on y rencontre, comme dans les Oiseaux et dans les Grenouilles, les contrastes et les mélanges de l’invention poétique, qui, à travers la caricature et l’ode, à travers le réel et l’impossible, le présent et le passé, lancée aux quatre coins du monde, assemble en un instant toutes les disparates, et fourrage dans toutes les fleurs. […] Les dieux grecs et tout l’Olympe antique, les personnages allégoriques que les artistes peignent alors dans leurs tableaux, les héros antiques des légendes populaires, tous les mondes, le réel, l’abstrait, le divin, l’humain, l’ancien, le moderne, sont fouillés par ses mains, amenés sur la scène pour fournir des costumes, des groupes harmonieux, des emblèmes, des chants, tout ce qui peut exciter, enivrer des sens d’artistes. […] Balzac, qui est savant comme Jonson, fait des êtres réels comme Shakspeare.
Objectivité réelle de son œuvre ; sobriété pathétique et psychologie condensée. […] Il arrive aussi que ses héros, ses personnages de premier plan sont plus vaporeux, plus insubstantiels — plus faux, pour parler brutalement — que les comparses et caractères accessoires : c’est qu’elle embellit, et déforme les types réels, selon l’intérêt, la sympathie qu’ils lui inspirent. […] Mais ces types énormes sont réels, à force de détermination morale et physique. […] Mérimée est un homme d’une intelligence très distinguée, doué d’une réelle aptitude à former des idées : cela suffit.
La publicité a fait de réels progrès et, sauf de rares circonstances, nos agents, très pratiques, considèrent comme perdue toute ligne qui n’est pas employée à louer. […] Pour juger les attendus apparents des sentences de ces messieurs et pour en deviner les motifs réels, je serai forcé d’aller au théâtre. […] Ils sont une expression bégayée, et séduisante, et comme enfantine, de l’univers ; Tout peut, loin du réel, être enclos aux senteurs Il aime « leur puéril symbolisme » et leur mensonge. […] Camille Mauclair — je le crains — est de ceux qui se hâtent toujours et qui bâclent, qui manifestent par éclairs un réel talent, mais qui n’élèveront point l’œuvre.
L’infinité de l’espace est presque conçue comme réelle en ces vers : Il vit l’infini porche horrible et reculant Où l’éclair, quand il entre, expire triste et lent. […] Il arrive que sous l’impérieux flux de paroles l’on découvre le cours mince et lent de la pensée, le pauvre motif de certains passages de bravoure, la psychologie rudimentaire des personnages, l’impuissance des descriptions à montrer les choses ; l’humanité et le monde réels presque exclus de cent mille vers et de cent mille lignes, tout ce dénûment du fond sous la luxuriance de la forme font de l’œuvre du poète un ensemble hérissé et creux, analogue au faisceau massif de tours qu’une cathédrale érige sur une nef vide. […] Hugo est parvenu à apercevoir une grisette moins réelle encore que celles de Murger. […] S’il est par excellence celui qui ne sait point voir les choses réelles, il est le familier de leur envers, des terreurs, des appréhensions et du trouble, des fantasmagories et des imaginations, dont les hommes peuplent peureusement l’absence de clarté.