Rien ne demeure que certains reflets de réalité agrandie et transformée par un cerveau tout jeune à qui le monde est nouveau. […] Zola, le roman doit serrer la réalité du plus près qu’il se peut. […] Mais je n’en découvre point, justement parce que M. de Maupassant emprunte ses sujets et les détails de ses récits à la réalité proche et vivante. […] Dufour et le jeune homme aux cheveux jaunes, le futur, tout cela donnant à l’idylle une saveur de réalité ironique et tour à tour triste et grotesque. […] Ainsi, au vieux et éternel fonds de gauloiserie on voit combien se sont ajoutés d’éléments nouveaux : l’observation de la réalité, et plus volontiers de la réalité plate ou violente ; au lieu de l’ancienne gaillardise, une sensualité profonde, élargie par le sentiment de la nature, mêlée souvent de tristesse et de poésie.
On disait cela à l’auteur de Madame Bovary ; on le pressait de recommencer sans précisément récidiver, d’assurer son précédent succès par un autre un peu différent, mais sur ce même terrain encore de la réalité et de la vie moderne. […] On pourrait croire que les raffinements de cruauté qui s’y exercèrent l’ont tenté, et qu’il y a vu une suite de scènes appétissantes pour un pinceau que la réalité, quelle qu’elle soit, attire, mais qui, tout en cherchant, en poursuivant partout le vrai, paraît l’aimer surtout et le choyer s’il le rencontre affreux et dur. […] Tout en aimant la réalité, il n’avait pour base et pour texte authentique qu’un récit de quelques pages ; il lui fallait inventer ou retrouver tous les détails, tous les accessoires.
Il était observateur, et toute réalité entrait profondément en lui. […] Alors toutes les bizarreries, toutes les impossibilités deviennent vraisemblables ; les symboles se présentent déjà tout chargés de sens, et taillés à la mesure des réalités naturelles. […] Telle fable est un conte, un fabliau, exquis de malice, ou saisissant de réalité, le Curé et le Mort, la Laitière et le Pot au lait, la Jeune Veuve, la Fille, la Vieille et ses deux servantes.
Mais, si l’on y regarde de près, la fiction est restée maîtresse absolue et souveraine du terrain, la réalité humaine n’a pas été sérieusement abordée. […] Le réalisme, ou nous nous tromperions fort, est la réalité humaine revêtant un corps et une forme artistiques. […] Qui oserait nier, en effet, que la réalité humaine de quelque côté qu’on l’envisage, ait sa poésie ? […] En quoi la fiction pourrait-elle lutter d’ascendant, de puissance et d’intérêt avec cette réalité formidable ? […] C’est la réalité détrônant l’imagination.
Paul Gautier substitue la réalité complexe, variée, mouvante, vivante et singulièrement plus curieuse. […] Ici encore, la réalité des faits est en désaccord avec le témoignage de Mme de Staël. […] La réalité perd ses contours. […] C’est par elle-même que vaut une œuvre littéraire, non par la réalité dont elle est significative. […] Il croyait à la réalité des distinctions.
» Nous touchons ici à l’essence même et à la racine de l’art, qui est la substitution d’une réalité idéale, mieux systématisée, au moins à certains égards, à la réalité vraie. […] Chaque idée, dans sa réalité concrète, est une création de l’esprit en qui elle est née, et, telle quelle, elle ne trouverait place en aucun autre. […] Sardou, peuvent être considérés comme rentrant dans les cas extrêmes, et peut-être même représentent-ils plutôt un idéal qu’une réalité. […] De là les regrets du poète se plaignant que le meilleur de sa poésie demeure en lui-même, l’opposition continuelle du rêve et de la réalité, de l’idéal et du réel. […] Souriau, si elles n’expliquent pas complètement l’invention, éclairent tout un côté de la réalité que la doctrine du prolongement de la vie laissait un peu dans l’ombre.
Cette première page d’un évangile que tous nous attendons constamment et sans cesse, je la trouve tout à fait conforme aux grandes nécessités du monde, à la réalité des faits, aux besoins perpétuels, vrais et profonds de l’homme. […] Par son étude de l’univers, par sa patience obstinée à en reproduire des péripéties, par l’attention qu’il a prêtée pendant trente années de sa vie aux phénomènes extérieurs, ce grand et rigoureux esprit était plus préparé qu’un autre à la création d’une sagesse pratique, assisse sur des réalités, conforme à notre évolution et appropriée aux besoins des races nouvelles.