Les crimes du dedans frappaient pourtant Saint-Martin, mais ils ne l’épouvantaient et ne le révoltaient pas autant, ce semble, qu’ils auraient dû le faire pour une âme aussi délicate et aussi sensible ; il nous en donne naïvement la raison, lorsqu’il avoue que le sort de tant d’émigrés traqués de toutes parts et sans asile ne laisse pas de lui paraître véritablement lamentable : Moi-même, dit-il, j’ai été embarrassé un moment de résoudre cette question ; mais, comme j’ai cru à la main de la Providence dans notre Révolution, je puis bien croire également qu’il est peut-être nécessaire qu’il y ait des victimes d’expiation pour consolider l’édifice ; et sûrement alors je ne suis pas inquiet sur leur sort, quelque horrible que soit dans ce bas monde celui que nous leur voyons éprouver. […] L’utilité de Saint-Martin était toute dans la conversation intime, dans la discussion fine des questions religieuses et morales qui s’agitaient alors.
Ceux-là écoutaient, entendaient finement, répondaient avec profondeur et connaissance, réduisaient la question, disaient du neuf, étaient gais avec esprit et même avec bonté. […] [NdA] En nommant Maurepas, je nomme l’antipathique de d’Argenson et l’homme qui personnifie le mieux le vice en question et cette mauvaise influence : « Août 1738. — Mon frère est naturellement fait pour le secret, le mystère, et même la profonde dissimulation ; mais il est si esclave du bon air et du goût d’imitation, que, voyant M. de Maurepas indiscret, il se pique de l’être aujourd’hui. » 19.
Lorsque plus tard Villars revit le roi, il fut question de ce mauvais procédé de M. d’Usson ; mais il faut voir comme Villars parle de ses ennemis sans fiel et d’un air de magnanimité ; il n’est pas de la même humeur que Saint-Simon : Sa Majesté me parla d’un officier qui, dans le dessein de se donner les honneurs de la victoire d’Hochstett, lui avait dépêché un courrier avant le mien pour lui en annoncer la nouvelle, je le jugeai indigne de ma colère, et répondis seulement à Sa Majesté que l’on pouvait lui pardonner d’avoir manqué à son général, puisque le bonheur d’être le premier à annoncer une bonne nouvelle tourne quelquefois la tête ; mais que cette action, qui pouvait être blâmée, était cependant une des plus raisonnables qu’il eût faites. […] J’en fis arrêter vingt des plus méchantes… Il voit des gens jusque-là réputés fort sages, un maire d’Alais, par exemple, à qui la tête tourne subitement et qui se croit prophète à côté d’une prophétesse, fou d’ailleurs sur ce seul point et sensé sur tous les autres, comme don Quichotte qui ne déraisonnait que quand il était question de chevalerie errante.
Je ne sais pas inventer, je vois. » Je n’éluderai pas la question d’art qui se pose, et je la soumettrai du moins dans ses vrais termes à ceux qui voudront l’examiner. […] Les lecteurs familiers avec ces questions auront reconnu M.
Cet artiste, qui a tant contribué au succès des journaux politiques les plus armés en guerre et les plus acharnés à la démonétisation des masques royaux, ce fin railleur a l’aversion et la haine de la politique, et n’y a jamais trempé : « Ces erreurs-là, dit-il, ne sont pas des miennes ; elles ont trop de fiel et trop peu de sincérité. » — « Ce peuple insensé, dit-il encore, en parlant d’une de nos révolutions, avait poussé la question du progrès jusqu’au coup de fusil. » Il est donc trop philosophe pour être politique, de même qu’il est foncièrement trop élégant pour être caricaturiste. […] La même question s’est posée à la fin de chaque siècle.
Je me demande, — je commence à me demander (et cette question je me la ferai plus d’une fois en relisant Gautier poète) pourquoi, tandis que les poésies parallèles de Musset, les moindres couplets de Marcloche, de Namouna coururent aussitôt le monde, la jeunesse plus ou moins viveuse et lettrée, et finirent même par gagner assez tôt les salons, le succès de Gautier s’est longtemps confiné et se renferme encore dans un cercle d’artistes et de connaisseurs. […] lui répond Ferdinand, ils ont travaillé pour leur temps ; s’ils revenaient au monde aujourd’hui, ils feraient probablement l’inverse de ce qu’ils ont fait ; ils sont morts et enterrés comme Malbrouk et bien d’autres qui les valent, et dont il n’est plus question ; qu’ils dorment comme ils nous font dormir ; ce sont des grands hommes, je ne m’y oppose pas.
Anthologie grecque traduite pour la première fois en français1 et de la question des Anciens et des Modernes Lundi 4 janvier 1864. […] Établissez après cela des lois générales, et venez trancher sur des questions qu’il eût suffi d’une découverte imprévue et inespérée pour résoudre en sens contraire !