Il n’était pas possible que de toutes ces notions fausses sortît spontanément un art pur. […] Mais c’est du fouriérisme tout pur ! […] Fiso guardando, pur che l’alba nasea. […] Il fait monter vers elle, comme un pur encens, la prière ardente de son âme et de sa vie. […] Les derniers chants de la Messiade paraissent en 1773 ; Kant publiait, en 1781, la Critique de la raison pure.
Je sais bien qu’un critique chimiquement pur n’écrirait pas, ne deviendrait pas lui-même auteur. […] Elle devient chronique pure et doit suivre rigoureusement l’actualité. […] La critique pure naît ici des mêmes sources glacées que la poésie pure. […] Où le montrerons-nous, à l’état pur et sincère ? […] Trouverons-nous donc le goût à l’état pur chez les critiques ?
Font-ils un art plus pur ? […] Mais, à s’entendre trop approuver par les « purs », seuls capables de discerner toutes les nuances d’un ouvrage par ailleurs simple et d’un abord aisé, on risque d’incliner au mépris du vulgaire, de ne plus écrire que pour les « purs » : c’est la loi de tous les cénacles ; nous touchons la frontière entre le théâtre et l’écrit. […] Le style qui est, en somme, la poésie propre au théâtre (vous savez comment je l’entends) s’est réfugié dans la poésie pure ; et la poésie pure de ce temps, la poésie dite symboliste, est bien la plus fermée, hormis quelques exceptions, qu’aucun temps ait jamais produite. […] De celui-ci spécialement, le snobisme des « purs esthètes » s’empara ; mais on se trompa sur son compte. […] Il les initia au jeu pur et improvisé, à l’usage du masque, à l’usage du chœur, au style et à l’acrobatie.
Ses poésies, à chaque page, attestent ce doux culte refleurissant, et dans des stances d’hier, adressées à une amie gracieuse qu’elle appelle la comtesse Marie 45, nous en ressaisissons un nouvel écho : L’Ange nu du berceau, qui l’appela Marie, Dit : « Tu vivras d’amère et divine douleur ; Puis, tu nous reviendras toute pure et guérie, Si la grâce à genoux désarme le malheur. […] Dans une très-belle édition de 1820, plus complète que celle de 1818, et où il n’y a que des vers48, j’aime à considérer la première et pure forme de son talent, sans complication aucune. […] Petite de taille, d’un visage charmant, elle avait quelque chose d’angélique et de puritain, un caractère sérieux et ferme, une sensibilité pure et élevée. […] Elle a rempli tous ses devoirs envers Dieu, envers nous. — Épargnons-nous ce remords de frapper cet esprit pur et divin. » Et après la mort : « (11 septembre 1850)… La volonté du Ciel est terrible, quand elle s’accomplit sur des êtres si faibles et si tendres que nous. » Mais tout à coup, dans ce ciel si lourd, si chargé, si sombre, un éclair inespéré a lui : « (14 janvier 1851)… Ondine se marie ! […] Vous savez d’ailleurs que tous les rêves de cette aimable Ondine sont si hauts et si purs, que l’on peut du moins y sacrifier en toute sûreté la joie de sa présence.
Dans l’histoire de la langue et de la littérature française, La Rochefoucauld vient en date au premier rang après Pascal, et comme en plein Pascal142, qu’il devance même en tant que pur moraliste. […] Le moraliste, chez La Rochefoucauld, est sévère, grand, simple, concis ; il atteint au beau ; il appartient au pur Louis XIV. […] Otez de la morale janséniste la rédemption, et vous avez La Rochefoucauld tout pur. […] Le tond en est de morale chrétienne ou de pure civilité et usage de monde ; mais la forme surtout fait défaut ; elle est longue, traînante ; rien ne se termine ni ne se grave. […] Les proverbes de Franklin sont des grains de pur froment à mettre en terre et qui fructifieront.
Un musicien n’est plus guère qui se veuille contenter de pure musique ; à tous sont des émotions terribles, énormes, totales ; aucun ne consent à écrire, s’il ne doit chanter une damnation de Faust ; le romantisme, vraiment, n’était pas en 1830, aujourd’hui il est ; nous vivons dans un âge effroyablement dramatique. […] C’est le péché. — Car il a péché contre la Grâce du Seigneur ; l’élu d’entre les purs est devenu entre les purs l’unique pécheur : ô châtiment de l’offensé riche de Grâces… … Saint des Saints, ô mémoire du Saint ! […] luis, lumière du Pur ! […] Pour les mondes pécheurs Christ a agonisé, à cause qu’il avait la désirante pitié des Désirs… ô pitié du Seigneur, vois ton fils agonisant, palpitant, crucifié : il fut le Saint, et le Pur, et le Bon ; il chanta ton nom, lui qui pleure aujourd’hui ; agréable il te fut, ce réprouvé ; il fut ton garde, ton serviteur, ta force, ta splendeur, ta joie, lui qui presque blasphème, et qui se perd, l’affolé des sensuels souvenirs, et qui tournoie en la démence de sa chair, et se maudit, ne connaissant plus ta parole… ta divine parole sous l’effort des concupiscences se fait étrange, elle s’altère, elle se corrompt, voilà qu’elle se fait autre affreusement, et c’est des sons magiques : la prière à Dieu se tourne en suggestion d’enfer : rude, le sortilège ramène la mauvaise ; et elle est… Ô pensée toujours vive des délices coupables, inoubliable, inoubliable pensée ! […] Et cette vie si puissante, participant du sentiment populaire et du sentiment féminin, cet art « pur simple » devenant le sauveur de l’art vieillissant, n’est-ce pas cette jeunesse que l’espèce, peuple et femme, doit rendre continuellement à notre vie vieillie par l’artificialisme, ne renaissant que par le naturalisme, à travers les cahots de l’évolution individuelle, sociale et sexuelle ?
Elles furent le nœud entre la liberté épurée de sang et la gloire militaire pure encore de despotisme ; un sourire fugitif, mais ravissant, de la France entre deux larmes. […] Au bord de tes yeux bleus tremblaient deux larmes pures : La pervenche à ses fleurs ainsi voit s’étancher Deux perles de la nuit, que les feuilles obscures Empêchent de sécher. […] Le soir, du pèlerin tu guides le retour…… Le crime, en ses remords, vient t’arroser de pleurs, Et la vierge au front pur te couronne de fleurs. […] « Guide-moi, m’écriai-je, ô toi qui m’as choisie, Protège de mon cœur la pure ambition ! […] Pas un nuage frais dans ce ciel toujours pur, Pas une larme d’eau dans l’implacable azur !