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25. (1926) La poésie de Stéphane Mallarmé. Étude littéraire

Il atteindra une sincérité, fi l’on peut dire, chimiquement pure. […] Une telle tendance se présente chez Mallarmé à l’état complet et pur. […] Lamartine déjà ne figurait-il pas une tendance vers une poésie pure ? […] Une idée du poète pur se rencontre, sur les chemins de l’absolu, avec la notion de la poésie pure. […] (Ses purs ongles.)

26. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. de Vigny. Œuvres complètes. — Les Poèmes. »

Il y a de l’Eloa dans tout ce qu’a fait M. de Vigny, mais il y en a et il devait surtout y en avoir dans ses Poèmes, parce que dans ses Poèmes M. de Vigny n’est qu’un pur poète. N’être qu’un pur poète ! […] C’est le sublime de la bonté conçue, presque égal à celui de la bonté de l’action… Seulement, comme un palais qui serait taillé dans une perle, il faut voir les détails de cette création inexprimable à tout autre qu’au poète qui a su en faire trois chants, qu’on n’oubliera plus tant qu’il y aura un cœur tendre et un esprit poétique dans l’univers, mais qui n’en sont pas moins trop purs et trop beaux pour cette grossièreté de lumière, de bruit et d’éclat qu’on appelle la Gloire ! […] — toute la perfection et toute la rondeur d’un génie, qui se soutint dans l’outre-mer de son ciel, mais dont l’orbe pur s’échancra… Nulle part, en Europe, ni en Angleterre, où ils avaient Coleridge, ni en Allemagne, où ils avaient eu Klopstock, le peintre aussi de la Pitié chrétienne, il n’y avait un poète de ce rayon de lune sur le gazon bleuâtre, un poète de la tristesse et la chaste langueur du poète d’Eloa. M. de Vigny avait résolu le problème éternel manqué par tous les poètes, d’être pur et de ne pas être froid.

27. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Tout dans son œuvre, situations, caractères, langage, pourra être de pure poésie. […] C’était un état de pure contemplation musicale. […] Elle est pure rêverie. […] Elle lui donne l’idéalité des pures images, le charme de l’irréel. […] Elle en fait une pure représentation.

28. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. A. Thiers : Histoire de la Révolution française. Ve et VIe volumes. »

Et qu’on ne dise pas que c’est là imaginer un pur système, et soumettre la nature humaine à des calculs auxquels elle ne se plie pas. […] Il fallait bien pour l’historien, sous peine de se traîner, en pure perte, dans les détails des plus dégoûtantes atrocités, en venir à reconnaître les lois générales qui régissent les partis dans les temps de violence, sinon les énoncer en doctrine, du moins les sous-entendre dans l’exposition des faits, et en révéler le sens au lecteur par cette manière de traduction vivante et lumineuse. […] Assez d’autres, il est vrai, à défaut de lui, s’offrirent pour les remplir ; les instruments impurs ne manquent jamais ; mais lui, homme pur, il n’a qu’à rentrer dans son foyer, à s’y asseoir jusqu’à des jours meilleurs, et, s’il le faut, à y mourir. […] A cela, pourtant, le blâme, ne saurait trouver à reprendre : au milieu de tant de périls qui tonnent sur la Révolution, la couleur du livre, sans cesser d’être nationale, est devenue militaire, et comme telle est restée pure, aussi pure que les couleurs de notre drapeau.

29. (1890) L’avenir de la science « XX »

Combien est rare, parmi nous, ce culte pur de toutes les parties de l’âme humaine ? […] Mais si l’on n’obéissait qu’à l’amour pur et spontané des belles choses, que ferait-on ? […] Est-ce de la haute philosophie, ou, dans l’art, des productions pures et sévères, de hautes créations morales ? […] Celui qui consacre sa vie à la science peut se tenir assuré de mourir dans la misère, s’il n’a du patrimoine, ou s’il ne peut trouver à utiliser sa science, c’est-à-dire s’il ne peut trouver à vivre en dehors de la science pure. […] Les riches ont généralement des goûts grossiers et attachent l’idée de bon ton à des choses ridicules ou de pure convention.

30. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Est-il nécessaire ici, avec les spiritualistes, de faire intervenir le « pur esprit » comparant, du fond de son unité, les divers termes que le temps apporte et remporte ? Est-ce à l’aide du pur esprit qu’un chien reconnaît son maître, et les visages familiers, et la maison familière ? […] Ces illusions sont inexplicables pour les partisans du pur esprit. […] En définitive, pour expliquer la reconnaissance comme la conservation et la reproduction des idées, nous n’admettons ni le pur esprit des métaphysiciens, ni le mécanisme exclusif des physiologistes. […] Dans la mémoire comme ailleurs, nous admettons un élément irréductible au pur mécanisme et au pur intellectualisme, et cet élément est toujours le même : le désir, inséparable du sentir.

31. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre III. Théorie de la fable poétique »

Nos personnages ne seront que des vices, des vertus, des qualités pures, sous des noms de plantes et d’animaux. […] La violence n’est plus une qualité pure ; elle est devenue un lion, et le lion de La Fontaine. […] Non ; elle la répète en la transformant ; elle copie la nature, mais en la perfectionnant, et, comme une glace pure, en même temps qu’elle réfléchit les choses, elle leur prête sa lumière et sa beauté. […] Il gardera encore l’harmonie des vers, car l’esprit didactique n’est pas là pour porter la fable dans le pays de la pensée pure, et couper toutes les racines par qui elle tient au domaine des sens. […] Elle a la grandeur et l’harmonie des idées pures, puisqu’elle a pour âme une idée pure ; mais elle n’en a pas l’immobilité et le vide, puisqu’elle est remplie de détails et d’action.

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