Il était prince royal et il avait vingt-quatre ans quand il entama la correspondance avec Voltaire (1736). […] Jamais on n’a mieux senti que ce jeune prince ce que les lettres pourraient être dans leur plus haute inspiration, ce qu’elles ont en elles d’élevé et d’utile, ce que leur gloire a de durable et d’immortel. […] À l’entendre, ce jeune prince fait des vers comme Catulle du temps de César ; il joue de la flûte comme Télémaque ; c’est Auguste-Frédéric-Virgile […] Ici encore Frédéric arrête Voltaire et lui donne une leçon de tact : Louis XIV, dit-il, était un prince grand par une infinité d’endroits ; un solécisme, une faute d’orthographe, ne pouvaient ternir en rien l’éclat de sa réputation, établie par tant d’actions qui l’ont immortalisé. […] Le malheur de Frédéric fut de n’être entouré de tout temps, et surtout vers la fin, que de gens de lettres secondaires, et dont le caractère peu élevé se prêtait trop à ses jeux de prince.
Sous le nom de Phyllarque ou prince des feuilles, faisant allusion à sa qualité de général des feuillans, il publia deux volumes de lettres contre Balzac. […] Phyllarque ou le prince des feuilles, enivré de ses succès, crut, en se vengeant, avoir rempli la vengeance divine. […] « Quelques-uns de ses partisans, ajoute Balzac dans cette même relation, ont assuré qu’il avoit reçu un bref de notre saint père le pape… D’autres ont dit que l’assemblée du clergé avoit envoyé des députés pour se réjouir avec lui de la prospérité de ses armes… Il n’y a point de prince ni de princesse, de seigneur ni de dame de condition, à qui il n’ait fait porter ses livres en cérémonie, la plupart reliés en forme d’heures ou de prières dévotes. […] « Tant qu’il ne se présentera au sceau que de ces gladiateurs de plume, ne soyez point avare des graces du prince, & relâchez un peu de votre sévérité.
Une vive et facile école débutait justement avec le règne, et saluait pour chef et pour prince le jeune Clément Marot. […] En toutes choses, il faut surtout demander à ce prince généreux de nature le premier mouvement et l’intention. […] Si on n’avait de ce prince que les longues épîtres et les pièces de quelque étendue ou même les rondeaux, on serait forcé, sur ce point, de donner raison contre lui à Rœderer, qui s’est attaché à le dénigrer en tout. […] Gaillard, qui avait feuilleté en manuscrit les Poésies du prince, a noté avec sens les meilleurs vers qu’on y distingue. […] Ce qui arrive lorsque, lisant des vers de roi et de prince et les trouvant agréables, on se dit involontairement : « Mais n’y a-t-il point là un secrétaire-poëte caché derrière ?
Les princes eux-mêmes, plus entraînés qu’alarmés par ce mouvement vertigineux des esprits en ébullition dans leurs contrées, participaient à ces enivrements de gloire littéraire. […] Par une étrange et heureuse coïncidence, la duchesse Amélie de Weimar, jeune encore et qui voyageait avec son fils, parut partager dès la première rencontre l’attrait de ce prince pour le poète. De cette rencontre naquit une triple amitié qui ne se refroidit plus jamais entre la princesse, le prince et le poète. […] Le prince lui avait préparé une charmante maison, retraite silencieuse et poétique propre à l’entretien du philosophe avec ses idées et du poète avec ses rêves. […] Il lui avait donné de plus une place innomée, mais qui l’élevait au-dessus de toute rivalité dans la confiance du prince et dans les affaires d’État, la place de favori avoué et immuable dans son cœur.
Elle se fait enlever par un petit prince de dix-huit ans ; puis sa belle-mère la reprend et c’est elle qui devient « femme d’intérieur », femme à « sentimentales confidences, coupées de détails ménagers, de haltes et de marchandages chez les fournisseurs ». — Et le petit prince don-juanesque, celui-là même qui a appris toutes les ficelles de la courtisanerie à Stanislas, en piochant ce que vous savez ; d’où tient-il ses roueries si subtiles que l’auteur s’écrie, enthousiaste : « Mais il n’a pas dix-huit ans, il a cent ans ! […] Le prince entraîne Lydie dans une serre, nous dirons une isba, pour être « actuels » et « Cronstadt ». — « ’Ah !
Cet homme, en effet, qui avait précédemment essayé d’introduire Marianne de la bourgeoisie dans la noblesse, allait s’efforcer à son tour de s’initier parmi les princes du sang à l’aide d’une alliance du côté gauche. […] » Très initié malgré tout, et nonobstant les ennuis, dans ce monde de Chantilly et de Saint-Maur, devenu coûte que coûte allié des princes du sang et appartenant dorénavant du côté gauche à la maison de Condé, Lassay passait sa vie dans la familiarité du plus grand monde ; s’il essuyait quelquefois la chanson et la satire, il les rendait bien. […] On lui reprochait dès longtemps de se mêler trop aux plaisirs de M. le Duc (son demi-beau-frère) et d’avoir été pour ce jeune prince le contraire d’un mentor. […] Vivant avec ces princes de la maison de Condé, il les a connus à fond, et il les a peints en traits assez inaperçus jusqu’ici, mais ineffaçables. […] Lassay qui, à la mort du prince de Conti, donna sur lui le mémoire qui servit à l’Oraison funèbre prononcée par Massillon (1709), en a tracé un autre portrait ou caractère beaucoup plus vrai, ce me semble, et plus réel, quand ce prince vivait encore.
Sous tous ces noms, rois, empereurs, chefs, capitaines, princes, résumés dans ce mot, héros, ce groupe d’apocalypse resplendissait. […] L’histoire, cette vieille histoire-là, est bonne personne pour les princes. […] Rien n’est petit de la guerre, du guerrier, du prince, du trône, de la cour. […] Un prince qui se donne un nom d’animal, cela nous fait rire. […] Au premier rang, les esprits, au deuxième, au troisième, au vingtième, les soldats et les princes.