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576. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Il était Gascon ou du moins d’une des plus anciennes maisons du Limousin, né vers 1630, et le cadet de deux autres frères qui prirent le parti des armes. […] On ne songeait alors qu’à ce divertissement, auquel moi seul je prenais peu de part. […] Je répondis d’un air fort sérieux que je venais lui parler de sa part ; ensuite je la pris en particulier, et je lui dis les ordres que j’avais. […] Un autre jour Cosnac avait affaire au secrétaire d’État Le Tellier qui ne l’aimait pas et qui se plaignait que Cosnac eût pris le pas à Valence, comme évêque, sur M. de Lesdiguières, gouverneur de la province. […] Le Tellier, le prit très haut.

577. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Ils prennent pour synonymes des mots qui ne le sont nullement. […] Un livre fait pour apprendre l’usage des termes, ne doit adopter ni autoriser des mots pris abusivement. […] Le ton d’autorité qu’il prend dans tous ses Livres, les censures qu’il se permet contre les meilleurs écrivains lui firent beaucoup d’ennemis. […] Mais il y en a d’autres qui sentent trop la chicane, & d’autres où le critique prend autant le change que l’auteur censuré. […] Un miroir ne dit pas quels ajustemens il faut prendre pour plaire, mais il avertit de ce qu’il faut ôter pour ne déplaire pas.

578. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VI » pp. 50-55

Selon Voltaire, Anne d’Autriche avait apporté à la cour de France une galanterie noble et fière qu’elle tenait du génie espagnol, et y avait joint les grâces, la douceur et une liberté décente qui n’était qu’en France : l’anecdote des férets d’aiguillettes en diamants qu’elle avait reçus du ici, et qu’elle donna presque aussitôt au duc de Buckingham, les vers où Voiture lui parle à découvert de son amour pour ce charmant Anglais et le plaisir qu’elle prit à les lire, le soin qu’elle mit à les garder, ces détails attestés par madame de Motteville annoncent dans la reine toute l’inconsidération d’un goût très vif, et sortent des bornes de cette galanterie noble et fière et de cette liberté décente que Voltaire lui attribue. […] On prendrait cette épitre pour un chef-d’œuvre de trivialité, si l’on n’y voyait un badinage destiné à égayer la sévérité de Montausier aux dépens de Voiture, qu’on mettait, si on peut le dire, au supplice de la simplicité. […] Monsieur prend le chemin de Tours. […] L’on prendra bientôt Saint-Omer.

579. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « XVII »

Albalat proscrit-il : Prendre une résolution, concevoir des craintes, dissiper des illusions, etc. ? […] s’écrie-t-il, On dit : prendre une décision, un conseil, etc. ; dissiper le brouillard, la fumée se dissipe, l’écolier se dissipe en classe, etc. ; concevoir un projet, un espoir, une entreprise, etc. […] Que la langue française est pauvre, que les verbes prendre, concevoir, dissiper, etc., se prêtent à différents sens et acceptent divers régimes. […] On prend quelques expressions dans ma liste de clichés et on nous dit : « Vous proscrivez ce genre de phrases.

580. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

C’est celle du Louvre….Il recule pour pouvoir la contempler, mais il heurte contre des huttes sales et noires, et ne peut prendre du champ pour jouir de ce magnifique aspect. […] Nous n’avons noté en passant l’article sur l’œuvre de Boisserée que pour prendre acte de la vocation et signaler en tous sens les aptitudes diverses. […] Tout un hiver, chaque matin, il va donc étudier chez le vieil économiste avec son budget sous le bras, comme on irait prendre des leçons. […] Ainsi donc, nous prenons sur le fait la méthode de M. […] Mais ce n’est pas la théorie que je discute en ce moment ; je n’ai voulu que prendre sur le fait l’idéal de simplicité et de réalité de M.

581. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

Son tort fut de prendre trop à la lettre et trop au sérieux ce rôle délicat, et de pousser à bout ce qui ne doit être qu’effleuré, ce qui doit être renouvelé toujours. […] On peut conjecturer, par quelques passages des Lettres du chevalier, que Voiture, cet aimable badin, l’avait moins pris au sérieux que n’avait fait Balzac, et qu’il en était résulté quelque pique d’amour-propre entre eux. […] Je ne pouvois vivre en l’absence de cette aimable personne, et je ne l’osois aborder ; j’avois tant d’amour et de joie, tant de respect et de crainte, que quand je me voulus lever, il me prit, un tremblement comme d’un accès de fièvre. […] Mme la maréchale prit le parti de Mme la marquise, soit par complaisance ou qu’en effet ce fût son sentiment. […] Il aimait les choses bien prises.

582. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Gabrille d’Estrées et Henri IV »

Il ne s’agit plus pour lui du xviiie  siècle ni des deux derniers cotillons — comme disait cet insolent Frédéric de Prusse — dans les plis desquels se prit la royauté de France pour aller tomber, un peu plus tard, la tête la première, sur l’échafaud. […] Puisque l’histoire est là aussi, on peut bien l’y prendre, pourvu qu’on l’y prenne avec gravité et pudeur. […] L’histoire de Gabrielle d’Estrées 40 est la meilleure revanche que l’auteur pût prendre et nous donner sur ses histoires de Madame du Barry et de Madame de Pompadour. […] Mais il est indifférent à cette vérité comme un homme, un diplomate, sur le soir d’un beau jour, qui aurait pris enfin son parti sur la présence du vice dans les choses humaines, et qui même irait jusqu’à croire qu’il y entre comme un ingrédient… Tels sont, en somme, les qualités et les défauts de ce livre à double titre, qui s’appelle également Gabrielle d’Estrées ou la Politique de Henri IV, et dont le second titre pourrait bien être le premier dans la pensée de son auteur.

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