Le climat peut encore y apporter quelques changements ; mais l’éducation générale des premières classes de la société est toujours le résultat des institutions politiques dominantes. […] Les liens délicats, les préjugés maniés avec art, formaient les rapports des premiers sujets avec leur maître : ces rapports exigeaient une grande finesse dans l’esprit ; il fallait de la grâce dans le monarque, ou tout au moins dans les dépositaires de sa puissance ; il fallait du goût et de la délicatesse dans le choix des faveurs et des favoris, pour que l’on n’aperçût ni le commencement, ni les limites de la puissance royale. […] Les hommes qui composent ces premières classes, disposant de toutes les faveurs de l’état, exercent nécessairement un grand empire sur l’opinion publique ; car à l’exception de quelques circonstances très rares, la puissance est de bon goût, le crédit a de la grâce, et les heureux sont aimés.
Qu’est-ce d’ailleurs que ces pages qu’il livre ainsi, au hasard, au premier vent qui en voudra ? […] Il répétera en outre ici ce qu’il a déjà dit ailleurs8 et ce qu’il ne se lassera jamais de dire et de prouver : que, quelle que soit sa partialité passionnée pour les peuples dans l’immense querelle qui s’agite au dix-neuvième siècle entre eux et les rois, jamais il n’oubliera quelles ont été les opinions, les crédulités, et même les erreurs de sa première jeunesse. Il n’attendra jamais qu’on lui rappelle qu’il a été, à dix-sept ans, stuartiste, jacobite et cavalier ; qu’il a presque aimé la Vendée avant la France ; que si son père a été un des premiers volontaires de la grande république, sa mère, pauvre fille de quinze ans, en fuite à travers le Bocage, a été une brigande, comme madame de Bonchamp et madame de Larochejaquelein.
« L’auteur renvoie les deux premières épreuves collées sur d’énormes feuilles, des affiches, des paravents ! […] Au premier aspect, ce manuscrit n’est pas d’un intérêt considérable : l’écriture manque d’accent et on ne sent pas la maîtrise de la main, inséparable de la maîtrise de la pensée ; mais les premières épreuves révèlent quel coup d’éperon l’écrivain recevait de la typographie. […] Les hommes de talent mesuré, dont la phrase sort de premier jet du cerveau, calme et équilibrée, ne connaissent point ces tensions fiévreuses, ces bonheurs, ces promenades d’idées ou de forme qui faisaient sortir Jean-Jacques Rousseau de sa mansarde pour courir après le porteur d’un billet de dix lignes dans lesquelles l’auteur des Confessions croyait avoir employé un mot impropre.
L’objet du premier cours est de préparer des savants ; l’objet de celui-ci est de faire des gens de bien : deux tâches qu’il ne faut point séparer. […] Sans l’histoire, il est difficile d’entendre les auteurs anciens ; sans la morale universelle, il est impossible de fixer les règles du goût : et, sous ces deux points de vue, l’enseignement de ce second cours reflète encore sur l’enseignement du premier. Première classe.
Les pieces du premier caractere étoient très-serieuses, et l’on y introduisoit même des personnages de condition, ce qui les fait appeller quelquefois praetextatae. […] La quatriéme espece de comedie est celle qu’on appelle comedie déchaussée, parce que les acteurs qui la joüent ne chaussent point le Cothurne comme les acteurs qui répresentent les tragedies ni le Soque, comme ceux qui répresentent les comedies des trois premiers genres. […] Nos premiers faiseurs d’opera se sont égarez, ainsi que nos poëtes comiques, pour avoir imité trop servilement les opera des italiens de qui nous empruntions ce genre de spectacle, sans faire attention que le goût des françois aïant été élevé par les tragedies de Corneille et de Racine, ainsi que par les comedies de Moliere, il exigeoit plus de vrai-semblance, qu’il demandoit plus de regularité et plus de dignité dans les poëmes dramatiques, qu’on n’en exige au-delà des Alpes.
Dubochet donna une si belle édition des premières excursions de l’auteur, et 1847, époque de sa mort si prématurée. […] S’il peint à la manière flamande ses premiers plans, choisis avec le discernement et le sentiment d’un Ruysdaël, d’un Potter ou d’un Wouvermans, il n’en lève pas moins parfois les regards vers les cimes ; et par échappées, sur les têtes de ses personnages, un trait plus hardi, plus fier, plus grandement rêveur, nous rappelle la magnifique et immense Nature qui surplombe tous les petits cadres où Topffer s’enferme, des pies nuageux ou irisés de ses sommets. […] C’est par là qu’il se fera pardonner tout ce qu’il a de supérieur, et, par exemple, son style, qui est de premier ordre pour l’envergure, les articulations, la richesse des vocables, et toutes les qualités diaphanes et substantielles des grands maîtres.
Ce livre, marqué par l’exigence de sincérité, présente des personnages ayant pour souci premier la possession de soi, raison pour laquelle ils reculent l’échéance de l’amour. […] Telles les images et les sensations dans les deux premiers livres de Gérard d’Houville. […] Parmi les esprits de premier rang en effet, nul n’est moins que Montaigne engagé dans sa pensée propre alors même que celle-ci lui est le plus personnelle. […] Et quand je dis que l’intérêt d’Heuland a été le premier mobile de mon intervention, cela n’est pas tout à fait vrai ; le tout premier, c’est cette lettre. […] Entre la force de désintégration de son esprit et cette désagrégation des données premières qui caractérise notre époque il existait un accord singulier.