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1256. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Francis Wey »

Pour que, de toutes les dissonances il résulte une plus étonnante harmonie, il y a dans ce livre des teintes plus tendres que des nuances, des rêveries d’esprit qui ressemblent à des rêves, des amours d’enfants de douze ans veloutés des premières fleurs que la vie emporte sur ses ailes, et tout cela (ces impondérables) est exprimé, qui le croirait ?

1257. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

Il ne coupe pas son vin avec de l’eau pour qu’il soit plus clairet, comme About, qui a eu du succès si vite, About, le Voltairien et des bourgeois !

1258. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

On voit que Pinelli était de la race des artistes qui se promènent à travers la nature matérielle pour qu’elle vienne en aide à la paresse de leur esprit, toujours prêts à saisir leurs pinceaux.

1259. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

L’idée de l’hérédité était trop constamment présente à l’esprit de Balzac pour qu’il considérât cette volonté d’avant la pensée, cette inconscience première de notre activité spontanée, comme une force absolument amorphe et toute vierge. […] Il les réclame héréditaires, pour qu’elles soient familiales. […] Il reste toutefois, même dans cette correspondance d’idées, assez de détails intimes pour que cette noble physionomie s’y précise en traits plus accusés et plus individuels. […] Il y a beaucoup de chances pour que ce maître à qui les événements donneront la France à refaire, ne soit ni Cromwell, ni Bonaparte, et qu’il s’appelle Monk, Pavia — ou Canovas. […] Oui, pour qu’il y ait poésie, il faut qu’il y ait vibration unique, parce que toute poésie est un chant.

1260. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Krantz de l’ absence du point de vue moral dans l’art du xviie  siècle, c’est trop peu de chose pour qu’il vaille la peine d’y insister. […] Et pour qu’il s’y introduise, en effet, et s’y joigne, il suffira qu’il ait reçu de la vie l’éducation qui lui manque. […] L’œuvre est trop médiocre en elle-même pour qu’il soit utile, je ne dis pas de l’analyser, mais d’en rechercher plus curieusement les véritables origines. […] Fausse ou vraie, dangereuse ou salutaire, destinée peut-être à périr ou au contraire marquée pour durer, s’étendre, s’affermir encore, la doctrine aura donc en tout cas occupé dans l’histoire une place assez considérable pour qu’il convienne, selon les humeurs, d’en imputer le blâme ou l’honneur à son premier auteur. […] Et en France enfin, Rousseau, de son vivant, et même depuis sa mort, a joué un trop grand rôle, il a trop occupé le public de son nom, exercé de toutes manières une trop grande influence pour que nous ne soyons pas passionnément curieux de tout ce qui le touche.

1261. (1929) Amiel ou la part du rêve

C’est à cette phalange, cisjurane et transjurane, des amis d’Amiel, qui sont aussi mes amis, que je dédie celle biographie et les marges de cette biographie, pour qu’ils fassent la contradiction, continuent, après l’interminable dialogue d’Amiel avec lui-même dans le Journal intime, le dialogue sur Amiel, et diffèrent indéfiniment le point final à propos d’un homme qui ne le posa jamais. […] Selon Stendhal, une famille de cette Genève écrivit un jour en Angleterre pour qu’on lui envoyât une cuisinière. […] Il fallait que l’un diminuât pour que l’autre pût croître. « Tous les métiers de parole, dit Amiel, sont dangereux : ils tendent à faire illusion à la galerie, et finissent par faire illusion au pratiquant lui-même. […] Pour qu’une femme me remplaçât toutes les autres, il la faudrait mobile comme l’onde et parfaite comme la lumière. » L’auteur du Journal recule devant le mannequin d’osier que, pour les philosophes de cette rare espèce, toute femme contient en puissance. […] Je donnerais tout ce que j’ai, je donnerais encore dix ans, vingt ans de souffrance et de martyre pour que vous soyez heureux.

1262. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Camille Saint-Saëns donne de cette vérité nouvelle des preuves qui sont trop spéciales pour que je les rapporte, et il termine en faisant remarquer que les instruments de cuivre très courts et très aigus ne peuvent pas faire sortir leur note fondamentale ; ils ne donnent jamais que des harmoniques. […] Si elle garde cette réserve, qui était nécessaire pour que la pièce eût lieu, c’est que Molière l’a revêtue d’un autre caractère que celui qui lui est donné par la plupart des comédiennes. […] Il faut, pour que cette terrible scène soit possible, la femme que Molière a peinte, honnête par défaut de tempérament, coquette d’une coquetterie nonchalante et spirituelle, avec une bonté indifférente qui se répand sur tout le monde ; n’aimant point son mari, dont elle dit avec un imperceptible haussement d’épaules : « quel homme !  […] Elle est une fille suivante, dit Mme Pernelle, et je n’ai pas besoin de vous renvoyer à la suivante de Corneille pour que vous vous rappeliez que le mot veut dire : demoiselle ou dame de compagnie, et parfois même de qualité. […] Il a assez d’autres défauts sur la conscience, ce misérable monologuiste, pour qu’on ne le charge pas de ceux dont il n’est pas responsable.

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