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1039. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

Ainsi, l’erreur se rapprochait de la vérité pour la mieux combattre ; mais, dans cette agitation universelle, ce qui dominait le plus, c’était la fureur de connaître ce qui n’était point encore, et de franchir les bornes que la nature a posées aux connaissances comme au pouvoir de l’homme.

1040. (1890) Dramaturges et romanciers

Cela étant posé, nous pouvons facilement établir la différence qui sépare dans le cas présent la réalité scientifique de la réalité poétique et vivante, et décider laquelle des deux l’artiste doit choisir. […] À vrai dire, la question nous semble souvent assez mal posée entre les controversistes, qui cherchent généralement dans leurs souvenirs et leur expérience un moyen de la résoudre. […] La partie la plus sérieuse et la plus humaine de ce long et minutieux récit est la double description des deux familles de Sibylle : le contraste est excellent et posé de main d’artiste. […] L’auteur n’a pas commencé, à l’instar des lutteurs du drame et du roman de nos jours, par se poser dans l’attitude d’un boxeur d’arène publique. […] Je ne sais pas pour ma part de personnage posé d’une manière aussi rapide et par un coup de main plus adroit.

1041. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Que le savant du village, que l’arpenteur mesure la route et pose les bornes milliaires ! […] Aujourd’hui on perd une dent, demain un cheveu ; une plaie s’ouvre, un abcès se forme, on vous met des vésicatoires, on vous pose des sétons. […] Que l’Iscariote vienne de votre part et qu’il pose sa main sur mon front prosterné ! […] Mais, à vrai dire, les questions que me pose M. Charles Morice, chacun des lecteurs de la Vie littéraire a le droit de me les poser.

1042. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Ceci bien posé, certains artistes ont le très rare et précieux talent d’émouvoir. […] On va meurtrir la douce épaule sur laquelle il posait sa tête et froisser ces bras délicats. […] Cette déviation romantique, où il entre à parties égales de la peur religieuse et du besoin de pose, gâte un peu la bizarrerie sincère. […] Ici une foi récente et primitive tout ensemble s’étaye d’arguments solides, dédaigne le je crois parce que c’est absurde et, les prémisses posés, va jusqu’aux conclusions extrêmes d’un pas de prophète et de martyre. […] Dans un livre gracieux et profond que j’ai analysé ici-même, dans l’Ennemi des lois, Maurice Barrès avait posé le problème avec plus de netteté encore qu’on ne le remarque en Valbert.

1043. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Il eut bien d’autres fantaisies et moins innocentes ; il me semble que de fondation il était amoureux de toutes les femmes : dès qu’il en voyait une jolie, il se déridait ; son journal et ses chansons montrent qu’au moindre papillon, doré ou non, qui faisait mine de se poser, il se mettait en chasse. […] Les décors sont splendides, on les voit descendre du ciel, c’est-à-dire du plafond, trois fois par acte : hautes cathédrales gothiques, dont les rosaces flamboient au soleil couchant, pendant que les processions se déploient autour des piliers, et que des clartés ondoient sur les chapes ouvragées, sur les dorures des habits sacerdotaux ; mosquées et minarets, caravanes mouvantes qui serpentent au loin sur le sable jaunâtre, et dont les lances, les parasols alignés posent leur frange sur la blancheur immaculée de l’horizon ; paradis indiens, où les roses amoncelées pullulent par myriades, où les jets d’eau entre-croisent leurs panaches de perles, où les lotus étalent leurs larges feuilles, où les plantes épineuses hérissent leurs cent mille calices de pourpre autour des singes et des crocodiles divins qui grouillent dans leurs massifs. Cependant les danseuses posent la main sur leur cour avec une émotion délicate et profonde, les jeunes premiers chantent qu’ils sont prêts à mourir, les tyrans font gronder leur voix de basse, l’orchestre se démène, accompagnant les variations des sentiments par les soupirs doucereux de ses flûtes, par les clameurs lugubres de ses trombones, par les mélodies angéliques de ses harpes ; jusqu’à ce qu’enfin, au moment où l’héroïne met le pied sur la gorge du traître, il éclate triomphalement par ses mille voix vibrantes réunies en un seul accord. […] À l’entrée, elle avait implanté l’esthétique : chaque poëte devenu théoricien définissait le beau avant de le produire, posait des principes dans sa préface et n’inventait que d’après un système préconçu.

1044. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Le mariage de Beaumarchais avec la veuve d’un contrôleur de la bouche lui procura cette charge, qui consistait à servir la table du roi, l’épée au côté, et à poser les plats devant Sa Majesté. […] C’est son genre, j’allais dire sa pose ; il a voulu se faire une originalité en cassant les vitres et en mettant ses pieds dans le plat. […] Dans un morceau intitulé Paris et la France, l’écrivain s’exprime en ces termes : « Sur ce conflit séculaire et si fécond en émulation de la nation et de la cité, posez la révolution, voici ce que donne ce grossissement : d’un côté la Convention, de l’autre la Commune. […] Je pense que si l’auteur a parfois forcé la note au-delà de ce que le goût tolère, ce n’est ni fantaisie ni calcul de sa part, c’est excès de logique, déduction rigoureuse d’un principe posé, obéissance étroite à une conception particulière de l’art. […] Écrivant à un de ses amis qui est amoureux, il lui pose force questions sur l’objet aimé, afin sans doute de savoir l’estime qu’il doit en faire : « Qui préfère-t-elle de Voltaire ou de Racine, d’Ovide ou de Tibulle, de Mme de Genlis ou de Mme de Staël, le style à part ? 

1045. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Et voici que se pose cette interrogation grave : Doit-on lire beaucoup d’auteurs ou doit-on lire peu d’auteurs ? […] Et le dos et les larges épaules d’Eumèlos étaient chauffés de leur souffle, car ils posaient sur lui leurs têtes. […] Ces morts, alignés dans une pose vivante, étaient épouvantables à voir. […] Un autre défaut consiste à poser les détails côte à côte. […] Tenons-nous-en aux grands principes que nous avons posés.

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