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383. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet »

Horace conserve encore cette singulière élégance, ce goût exquis dont chacune de ses compositions est remplie. » Les critiques qui suivaient ces éloges, et qui portent sur la couleur, se feraient aujourd’hui avec beaucoup plus de justesse et de précision. […] En dehors de l’originalité qui lui était propre et de la vérité moderne où il était maître, son pinceau rencontrait partout, et jusque dans les sujets où il était dépaysé, de ces bonheurs d’expression et de facilité qu’il portait avec lui. […] Dans les choses mêmes qu’il n’avait pas vues et qui sortaient de son horizon habituel, il portait encore cette facilité et cette grâce qui plaît. […] Chambry, amateur d’autographes, un passage intéressant, en ce qu’il marque bien le moment de transition en lui de la première à la seconde jeunesse, cette première crise de réflexion et d’expérience ; Horace, qui faisait un premier voyage en Italie, écrit à un de ses oncles, frère de Carle, et à qui il portait beaucoup d’affection : « (Rome, 3 mars 1820.)

384. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite) »

Émotions et raisonnements, toutes les forces et toutes les actions de son âme se rassemblent et s’ordonnent sous un sentiment unique, celui du sublime, et l’ample fleuve de la poésie lyrique coule hors de lui, impétueux, uni, splendide comme une nappe d’or… « Il a été nourri dans la lecture de Spenser, de Drayton, de Shakespeare, de Beaumont, de tous les plus éclatants poëtes, et le flot d’or de l’âge précédent, quoique appauvri tout alentour et ralenti en lui-même, s’est élargi comme un lac en s’arrêtant dans son cœur… « Tout jeune encore et au sortir de Cambridge il se portait vers le magnifique et le grandiose ; il avait besoin du grand vers roulant, de la strophe ample et sonnante, des périodes immenses de quatorze et de vingt-quatre vers. […] Il a porté le défi au monde, non seulement comme régicide, mais comme Anglais. […] Exposé à bien des périls dans son enfance et plus d’une fois en danger de mort par accident ou par suite de sa fragilité de complexion et de nature, on a conservé des preuves touchantes de sa tendre et durable reconnaissance pour ceux qui lui avaient porté intérêt ou qui avaient contribué à le sauver. Quoi qu’on ait pu dire de son irritabilité de critique et des excès regrettables où elle le porta, il avait une âme humaine et faite pour l’amitié.

385. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Ces qualités, que l’auteur croit retrouver exprimées jusque dans les formes de l’église dédiée à sainte Élisabeth, il les a lui-même portées dans son récit. […] On assiste à tous les détails de l’enfance et des fiançailles de la jeune Élisabeth, à ses ruses innocentes parmi ses compagnes pour se mortifier à leur insu et prier, à ses premières joies si courtes et qu’on sent qui vont s’évanouir : « Ainsi Dieu, dit l’auteur, donne à sa créature cette rosée matinale, pour qu’elle sache résister ensuite au poids et à la chaleur du jour. » — « Élisabeth, » raconte-t-il plus tard en un endroit, « aimait à porter elle-même aux pauvres, à la dérobée, non-seulement l’argent, mais encore les vivres et les autres objets qu’elle leur destinait. […] Étonné de la voir ainsi ployant sous le poids de son fardeau, il lui dit : « Voyons ce que vous portez ; » et, en même temps, ouvrit, malgré elle, le manteau qu’elle serrait, tout effrayée, contre sa poitrine ; mais il n’y avait plus que des roses blanches et rouges, les plus belles qu’il eût vues de sa vie ; cela le surprit d’autant plus que ce n’était plus la saison des fleurs. […] De tels écrits, qui ne sont pas seulement des œuvres d’étude et d’érudition poétique, mais des prières et des actes de piété, portent avec eux leur récompense.

386. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Mais le diable, le lorgnant du coin de l’œil, dit : « Tu ne la porteras pas. » Ici je saute lestement la scabreuse aventure d’une échelle où est montée certaine Jeanneton, le détail d’une jambe très-peu fine et très-peu blanche et de trop près entrevue, et d’une prison au pain sec, un jour de mardi gras. […] Bref, les papillotes, les chansons, attirent dans la boutique un petit ruisseau si argentin, qu’en son ardeur poétique Jasmin met en pièces le fauteuil redouté où tous ses pères se sont fait porter à l’hôpital ; lui, au lieu de l’hôpital, il est allé chez un notaire, et finalement, le premier de sa famille, il a vu son nom briller sur la liste du collecteur. […] on l’a porté. […] Lafon nous paraît porter sur la détérioration inévitable du patois plus que sur la manière même de Jasmin, qui fait ce qu’il peut, qui n’a pas lu les troubadours, et qui se sert avec grande correction de son patois d’Agen tel qu’il le trouve à la date de sa naissance.

387. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

Il est encore, disent les intendants, « le premier habitant » ; c’est un prince qu’ils ont peu à peu dépouillé de ses fonctions publiques et relégué dans ses droits honorifiques et utiles, mais qui demeure prince40  À l’église il a son banc et droit de sépulture dans le chœur ; les tentures portent ses armoiries ; on lui donne l’encens, « l’eau bénite par distinction ». […] Mortaillables, mainmortables, bordeliers, d’une façon ou d’une autre, quinze cent mille personnes, dit-on, ont au col un morceau du collier féodal ; rien d’étonnant, puisque de l’autre côté du Rhin presque tous les paysans le portent encore. […] À propos des droits féodaux dont le livre de Boncerf demandait l’abolition, l’avocat général Séguier disait en 1775 : « Nos rois ont déclaré eux-mêmes qu’ils sont dans l’heureuse impuissance de porter atteinte à la propriété. » 31. […] Comte de Tocqueville, l’Ancien Régime et la Révolution , 406. « Les habitants de Montbazon avaient porté à la taille les régisseurs du duché que possédait le prince de Rohan.

388. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

« Nous, au contraire, que l’estime publique et les armes ont portés à l’empire, quels que soient nos services, nous y serons poursuivis par la jalousie. […] Il se fait faire une feinte violence par une émeute de populace et de soldats qui le portent au camp, hors des murs, en apparence malgré lui. […] Citons cette page, que nous avons lue tant de fois nous-même vivante sur les pavés de nos places publiques : « Les dispositions dans le camp n’étaient déjà plus douteuses, et la passion en faveur d’Othon était déjà si furieuse que les soldats, non contents de le couvrir de leurs corps et de leurs armes, le portent, au milieu des aigles des légions, sur un tertre où s’élevait, quelques moments avant, la statue d’or de Galba, et l’entourent de leurs étendards. […] Sa tête, celle de Galba, celle de Vinius, leur lieutenant, sont portées au bout des piques, au milieu des enseignes des légions, auprès des aigles.

389. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre X. Les sociales »

Ô pensée restée puérile et qui s’amuse, jusque dans la vieillesse, aux plus naïfs enfantillages… « Aujourd’hui encore, dis-tu, en février 1901, je suis suspendu de mon grade d’officier dans l’ordre de la Légion d’honneur. » Tu consentirais donc de nouveau à la honte de cet honneur légal, tu consentirais donc de nouveau à porter la marque rouge des généraux et des juges de conseils de guerre. […] Il donne à qui sait lire la joie du plus merveilleux des spectacles : l’allure libre d’une de ces âmes philosophiques qui — dit à peu près Platon — savent porter avec grâce leur manteau de lumière. […] Ses dédains les plus justifiés portent toujours avec eux un relent de bourgeoisie vaniteuse et c’est souvent M.  […] Et toujours la pensée qu’ils portent comme une fleur ou comme une arme est oratoire par sa pauvreté sans nuances, par sa simplicité vide, par sa banalité bourgeoise ou populaire.

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