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258. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. »

On ne dit pas quels furent ses précepteurs, A son début dans le monde, il avait pour mentor le comte de Billy, un mentor commode, et plus tard il le rendra au fils de M. de Billy en leçons de même nature et en exemples. […] Le comte de Clermont eut toujours ainsi auprès de lui, à la guerre, un mentor ou conseiller ; bientôt Lœwendal à Namur, plus tard M. de Mortaigne à Crefeld. […] Ce qu’on n’osait pas dire au maréchal de Saxe, on le lui disait. — La vérité est que l’ordre d’aller en avant n’arriva pas pour le moment : le comte d’Estrées ne put donner son coup de collier que plus tard.

259. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Le premier livre des Confessions n’est pas le plus remarquable, mais Rousseau s’y trouve déjà renfermé tout entier, avec son orgueil, ses vices en germe, ses humeurs bizarres et grotesques, ses bassesses et ses saletés (on voit que je marque tout) ; avec sa fierté aussi et ce ressort d’indépendance et de fermeté qui le relève ; avec son enfance heureuse et saine, son adolescence souffrante et martyrisée, et ce qu’elle lui inspirera plus tard (on le pressent) d’apostrophes à la société et de représailles vengeresses ; avec son sentiment attendri du bonheur domestique et de famille qu’il goûta si peu, et encore avec les premières bouffées de printemps et ces premières haleines, signal du réveil naturel qui éclatera dans la littérature du xixe  siècle. […] Aussi n’oubliera-t-il jamais, même dans le tableau idéal qu’il donnera plus tard de son bonheur, de faire entrer ces choses de la vie réelle et de la commune humanité, ces choses des entrailles. […] Le premier, après en avoir joui d’abord, il ne songea que bien plus tard à raconter ce qu’il avait senti.

260. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Ce qui vaut mieux, c’est que plus tard, avec le prix de ses ouvrages si goûtés, il paya toutes les dettes qu’avait léguées cet aïeul dissipateur, et qui grevaient la succession paternelle. […] L’auteur est bien dans son élément : plus tard, dans Numa, dans Gonzalve, il visera à je ne sais quel idéal, il se guindera ; mais ici c’est bien Florianet au complet, tel que l’a baptisé Voltaire et que l’a adopté le duc de Penthièvre, c’est lui dans tout le vrai et dans tout le vif de sa nature. […] Une remarque singulière et qui caractérise bien le propre des vocations et des instincts, c’est que plus tard Florian traduira Don Quichotte et l’abrégera sous prétexte d’en affaiblir les taches ; mais ce sont souvent les beautés et les gaietés qu’il abrège : C’est le génie qu’il supprime, a dit Marie-Joseph Chénier ; il attiédit la verve de Cervantes ; un comique large et franc devient partout mince et discret.

261. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Cette aune, reprochée ainsi publiquement, lui resta longtemps sur le cœur ; pourtant la phrase de début du général d’Albignac : « C’est dommage que vous ne soyez pas né vingt-cinq ans plus tôt », réparait un peu l’impression en lui ; l’à-propos de sa propre réponse était fait aussi pour le réconcilier avec ce souvenir, et il aimait plus tard à raconter l’anecdote à ses heures de bonne humeur et de gaieté, en imitant le ton de voix et les gestes du général11. […] Ce n’est qu’un homme d’un sens ferme et d’une logique serrée, défendant pied à pied et au jour le jour le gouvernement constitutionnel représentatif, d’abord sous forme de monarchie, plus tard sous forme de république. […] Carrel, comme le font volontiers les gens capables, fiers et un peu bilieux, dont on doute, se retirait d’autant plus et ne se proposait pas : il dut accumuler ainsi bien des mécontentements secrets, qui plus tard s’exhalèrent.

262. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Elle apprit l’espagnol et l’italien, le latin, plus tard de l’hébreu, du grec. […] Il y eut de son temps un immense mouvement dans l’esprit humain, une cause proprement littéraire et libérale, qui passionna les esprits et les cœurs, comme fit plus tard la politique. […] Et pourtant il est bon qu’il y ait de telles âmes éprises avant tout de l’humanité, et qui insinuent à la longue la douceur dans les mœurs publiques et dans des lois restées jusque-là cruelles : car plus tard, aux époques même de sévérité recommençante, la répression, quand elle est commandée par des raisons supérieures de politique, se voit forcée de tenir compte de cette humanité introduite dans les mœurs, et de la tolérance acquise.

263. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Édelestand du Méril »

Je n’ignore pas, sans doute, qu’il y a eu l’art en sus, l’art qui s’est développé dans les derniers temps et qui, plus tard, a fait ces chefs-d’œuvre dont quelques-uns nous ont rendus si fiers. […] Il n’y a, au fond, dans toute cette histoire, reprise en sous-œuvre par du Méril, que la vieille histoire connue, qui peut s’écrire en quelques mots et qu’il a mise en cinq cents pages, — si brillantes de talent, du reste, qu’il semble ne pas avoir bavardé, — de la comédie, sortant partout de la danse, sa plus profonde racine ; dérivant, en peu de temps, du langage mimique au langage religieux et processionnel ; s’imprégnant plus tard de politique dans des sociétés fortement politiques comme les sociétés grecques, et vivant ainsi jusqu’au moment où l’imagination reconquiert ses droits et crée une autre comédie, la comédie désintéressée de tout ce qui n’est pas l’observation de la nature humaine… Et, vous le voyez ! […] Édelestand du Méril, que personne n’a connu autrefois mieux que moi, et que je ne suis pas suspect de louer puisque je ne suis pas un savant et que je déplore qu’il en soit un, a précisément, dans cette Histoire de la Comédie, dont le fond aride ne pouvait être fécondé même par une culture comme la sienne, montré des qualités qu’on n’est pas accoutumé de rencontrer dans un homme qui s’amuse à piquer des têtes, à ne jamais retrouver, dans la métaphysique des grammaires… Spiritualiste ferme et lumineux, esthéticien robuste et sain dans un temps où l’esthétique est devenue je ne sais quelle baveuse maladie particulière aux pédants du xixe  siècle, très capable de nous donner, à propos de la comédie, cette profonde et piquante histoire du rire que j’attendais et qu’il n’a pas faite (la fera-t-il plus tard ?)

264. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Pottier, Eugène (1816-1887) »

par les amis et admirateurs d’Eugène Pottier, à la tête desquels Gustave Nadaud… Ce qu’il chantait en 48, il le chantait encore trente ans plus tard, et son dernier soupir, comme ses premiers cris, fut d’apitoiement sur ceux qui souffrent, dans les bagnes du travail.

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