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320. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

Il montait un bel étalon noir plein de force et de grâce, calme, ruisselant d’or, inondé de longs crins luisants. […] Il avait vers le monde du sein de la solitude, et vers la solitude du milieu du monde, des aspirations pleines d’espérances inquiètes, de tristesses rêveuses, de prostrations attendries, qui se reproduisent avec des grâces poétiques et chastes dans ses compositions. […] Il est toujours un talent plein d’alacrité et de force, qui se moque bien, par l’attitude, des idées qu’il a l’air de respecter le plus, naturellement à cinq cents pieds de toutes les niaiseries dont sa réflexion le rapprocherait, s’il l’écoutait !

321. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VIII. Du mysticisme et de Saint-Martin »

Caro, ne pouvait secouer le joug de ses croyances que pour tomber sous le joug de ses illusions, il ne monta point sur l’horizon intellectuel de son temps, comme un astre plein de puissance, mais il s’y coula furtivement, comme un rayon qui s’égare. […] Déjà tout plein de Swedenborg, qu’il n’acceptait pas dans toute son audace, en relation avec le commentateur William Law, il lut Boëhm, et tout fut dit. […] Il nous a donné, en quelques pages pressées et pleines, toute la substance médullaire des doctrines de Saint-Martin.

322. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Hermant, autant de discrétion et de mesure dans un récit plein de dangers pour un écrivain inexpérimenté. […] L’Empereur, immobile, regarde la nappe de ces yeux vacillants, troubles et pleins d’eau qu’il à Reims. […] Regardez, personne ici… et là-bas, c’est plein, toujours plein ! […] À côté de ces grandes choses, des épisodes pleins de cette gaîté française que n’arrêtait pas le bruit du canon. […] C’est à regret qu’on ferme un pareil livre, plein de hautes pensées et de grands enseignements pour les artistes de tous les temps.

323. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Note »

Lorsque je publiai les Consolations en mars 1830, je les envoyai à M. de Chateaubriand, qui répondit à mon envoi par la lettre suivante (30 mars 1830) : « Je viens, monsieur, de parcourir trop rapidement vos Consolations : des vers pleins de grâce et de charme, des sentiments tristes et tendres se font remarquer à toutes les pages. […] Mais, chers messieurs, sachez donc que nous parlions alors comme nous n’avons jamais fait depuis ; que, pleins de rêves et d’espérances ou de généreuses colères, nous parlions beaucoup plus et beaucoup mieux qu’aujourd’hui ; et que, lorsqu’on avait le tact de ne prendre la parole et de ne la garder qu’à propos, M. de Chateaubriand était le premier à se plaire à nos discours et à nous en savoir gré en s’y mêlant.

324. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Il est permis de croire qu’en mourant Walter Scott n’emporte pas de grande pensée inachevée ; son génie s’était épanché à l’aise et abondamment ; il avait assez dit pour sa gloire et pour nos plaisirs ; quoiqu’il n’eût que soixante-deux ans, il est mort plein d’œuvres et il avait rassasié le monde. […] Après quelques imitations de ballades allemandes, et une traduction de Goëtz de Berlichingen, Scott publia, depuis 1802 jusqu’en 1814, une série de poëmes pleins de grâce et de fraîcheur, Sir Tristram, Marmion, la Dame du Lac, le Lord des îles, Rokeby, qui le placèrent à un rang éminent parmi les poëtes de la nouvelle école, et lui valurent le surnom d’Arioste du Nord.

325. (1874) Premiers lundis. Tome II « Poésie — Le Comte Walewski. L’École du Monde »

Il y a une manière pleine, franche et sensée de prendre les choses (même finement observées en détail) et de les confondre un peu en les créant, qui est le vrai procédé et le vrai mouvement dramatique. Le monde est plein de détails plus ou moins piquants à noter, à relever entre soi, mais qui ne sont matière à drame ni à comédie.

326. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Ils renchérissent douloureusement sur des formes littéraires déjà outrées : ils sont plus naturalistes que Zola, plus impressionnistes que les Goncourt, plus mystico-macabres que Baudelaire ou Barbey d’Aurevilly ; ils inventent le symbolisme, l’instrumentisme, le décadentisme et la kabbale ; les plus modestes et les plus lucides croient avoir découvert la psychologie, et ils en ont plein la bouche. […] Mais Servaise, lui, n’en revient pas : cette aventure si unie se transforme en un drame physiologique, sentimental et intellectuel, plein de stupéfaction et de mystère, et qui ne se peut traduire à moins de soixante pages ténébreuses et convulsionnées.

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