Est-ce que le taureau mugit de faim quand il a les pieds plongés jusqu’aux genoux dans l’épaisseur des pâturages ? […] Il surgit comme la fleur de l’herbe et il est foulé aux pieds ; il fuit comme l’eau, il glisse comme l’ombre. […] Son souffle répand la terreur ; « Il creuse du pied la terre, il s’élance avec orgueil, il court au-devant des armes. […] « Jette les yeux sur les impies, et qu’ils soient confondus ; foule-les aux pieds dans le lieu de leur gloire. […] « J’étais l’œil de l’aveugle et le pied du boiteux !
Les barbares lançaient des flèches longues de trois pieds qui perçaient boucliers et cuirasses. […] La neige avait six pieds de profondeur. […] D’autres avaient les doigts de pied gelés, et leurs membres leur refusaient le service. […] » — C’est le mot d’Achille, lorsqu’il posait le pied sur la poitrine d’Hector. […] Ceux qui sont par derrière se dressent sur leurs pieds pour accrocher un regard.
En sortant de l’église, Marianne, qui entend venir derrière elle un carrosse, se hâte, tombe et se foule le pied ; un jeune homme de qualité qui l’a fort remarquée à l’église, celui même à qui appartient le carrosse, se trouve là tout à point pour la secourir, pour la faire conduire chez lui à deux pas. On appelle le chirurgien qui visite le pied et à qui il faut bien le montrer : c’est là une autre scène de coquetterie, de ruse friponne, où l’analyse de Marivaux triomphe. […] M. de Climal, qui se trouve être l’oncle de Valville, entre par hasard chez celui-ci au moment où le jeune homme, causant avec vivacité, était presque aux pieds de Marianne. Quelques heures après, Marianne, retournée chez sa marchande lingère et obsédée par M. de Climal, a la douleur de voir entrer Valville, qui trouve à son tour son oncle presque dans la même posture auprès d’elle, c’est-à-dire à ses pieds.
Horace, en visitant l’Afrique et l’Asie, ne se fait pas Arabe et Turc, au point de laisser de côté tous ses sentiments d’Europe ; il ne ressemble pas à ces voyageurs, desquels d’ailleurs je ne médis point, qui, en mettant le pied sur la terre d’Orient, se font autant et plus Orientaux que les Orientaux eux-mêmes, et se dépouillent de toute manière antérieure de sentir, jusqu’à se métamorphoser. Au Caire, il a le cœur tout gros de fâcheuses réflexions en visitant le marché à esclaves, cet odieux marché, dit-il, « où de petits négrillons mâles et femelles sont par paquets rassemblés sur un mauvais carré de toile comme des pommes à cinq pour un sou, sans compter les hommes et les femmes de toutes couleurs qu’on tient dans des trous tout autour de cet infâme lieu, où, comme des rois, d’infâmes voleurs trafiquent de la chair humaine. » Mais, au sortir de là, c’est bien pis quand il entre dans la mosquée des fous, dont il décrit le spectacle horrible : « Figure-toi une cour de quarante pieds carrés, environnée de murailles prodigieuses de hauteur, qui laissent à peine entrer le jour ; dans l’angle, une petite porte de trois pieds de haut, barricadée de chaînes à travers lesquelles on passe avec peine. Chaque côté des murs sont percés de petites niches de quatre pieds carrés, garnies d’énormes grilles de fer, et là dedans, sans vêtements, assis sur la pierre, sans autre paillasse que leurs ordures et une épaisse couche de poussière, sont les malheureux privés de leur raison, une double et lourde chaîne au cou, dont les extrémités viennent s’attacher à de gros anneaux extérieurs, et dont le frottement perpétuel sur la pierre l’a détruite et creusée à plus de deux pieds.
Art, science et métier, le sang-froid dans l’extrême péril, la liberté du jugement et la fermeté d’action au fort du combat, l’ensemble et le concert des grandes opérations, l’à-propos et le pied à pied de la tactique, il avait rêvé d’unir toutes ces qualités et toutes ces parties ; — tout un idéal complet du savant capitaine et du brave. […] Au lieu de cela, après toutes sortes de dégoûts et d’ennuis, la lutte terminée, il ne se voyait en position que de demeurer un grand consultant militaire sur le pied de paix, et de redevenir ce qu’il avait été tout d’abord, un écrivain tacticien, ce nom qu’on lui avait jeté si souvent à la tête en manière de raillerie ! […] Quoiqu’il n’y eût pas mis son nom, il ne défendait pas qu’on le devinât ; et comment ne pas le deviner tout d’abord quand il disait : « A les en croire, il suffirait désormais des caprices du Conseil aulique de Vienne ou du comité militaire de Paris pour qu’un injuste agresseur décidât de l’existence d’une nation de deux millions de braves, qui peut mettre plus de soldats sur pied que Frédéric le Grand n’en avait en montant sur le trône de Prusse.
Il se retira à Gela, au pied de l’Etna. […] Les Hipparions aux pieds digités galopaient par bandes, dans les plaines que devaient battre en cadence, sous l’équitation légère des éphèbes, les chevaux de courses des Panathénées. […] Un siècle tient en effet dans cet intervalle, Athènes va vite ; destinée à mourir jeune comme Achille, elle a ses « pieds légers », son rapide élan. […] Niobé, « la couveuse de tombeaux », comme il l’appelait, restait assise sur le sépulcre de ses enfants, enveloppée d’un voile qui la couvrait de la tête aux pieds.
Je vois ma mère qui se promène dans ma chambre avec sa figure sainte, et, en t’écrivant ceci, je pleure comme un enfant. » Cette première éducation pure, étroite et forte, acheva de déterminer la nature déjà énergique du jeune de Maistre ; il fut comme ces chênes qui prennent pied dans une terre un peu âpre et qui s’enracinent plus fermement entre les rochers. […] Il y a longtemps que le roi-prophète, David (ou tout autre) a dit : « Ne mettez pas votre confiance dans les rois », ce qui veut dire sans épigramme « que, tous les actes des souverains étant nécessairement soumis à la raison d’État, laquelle obéit à son tour aux agitations éventuelles du monde politique et moral, faire dépendre sa sûreté et son salut des dispositions constantes d’une cour quelconque, c’est, au pied de la lettre, se coucher, pour dormir à l’aise, sur l’aile d’un moulin à vent ». […] Je tâche de faire trêve aux rêves de bras coupés et de têtes cassées qui me troublent sans relâche ; puis je soupe comme un jeune homme, puis je dors comme un enfant, et puis je m’éveille comme un homme, je veux dire de grand matin, et je recommence, tournant toujours dans ce cercle, et mettant constamment le pied à la même place, comme un âne qui tourne la meule d’un battoir. […] Je ne passerai pas de meilleures soirées que celles que j’ai passées chez elle, les pieds sur les chenets, le coude sur la table, pensant tout haut, excitant sa pensée et rasant mille sujets à tire-d’aile… Elle est partie, et jamais je ne la remplacerai !