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320. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre premier. Les fonctions des centres nerveux » pp. 239-315

Ces sensations ne sont pas vagues, car l’amputé sent des douleurs ou le fourmillement dans tel ou tel orteil, à la plante ou sur le dos du pied, à la peau, etc. […] Tous ces blessés, avant d’être pansés, firent plus de trente lieues, tantôt à pied, tantôt dans de mauvaises charrettes, et n’éprouvèrent aucun accident jusqu’au dix-septième jour. […] Bien plus, « si l’on place une goutte d’acide acétique sur le haut de la cuisse d’une grenouille décapitée, le membre postérieur se fléchit de façon que le pied vienne frotter le point irrité ». Là-dessus, on ampute ce pied et l’on renouvelle l’expérience. […] À la vérité, Micromégas ayant cassé son collier, un de ses diamants lui fournit un microscope de deux mille cinq cents pieds d’ouverture ; il fît ainsi de grandes découvertes.

321. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Parmi ces manuscrits se trouvent encore trois biographies de Tamerlan, qui tout en faisant, un jour, massacrer cent mille hommes, se fit enterrer aux pieds de son maître de philosophie. […] La présentation faite, Lafontaine en se retirant, attrape un pied de la table, et voici une vingtaine de bibelots par terre. […] Dans cet escalier de marbre, je vois tirés par les pieds, les deux gardes du corps, décapités en bas, et dont les têtes furent frisées au bout des piques, qui les portaient. […] Un charmant trio, que la réunion de ces trois femmes : ma tante avec sa figure brune, pleine d’une beauté spirituelle ; sa belle-sœur, une créole blonde, avec ses yeux d’azur, sa peau blanchement rosée, et la paresse molle de sa taille ; ma mère avec sa douce figure et son petit pied. […] Je n’ai pas remis les pieds au théâtre, j’y vais, ce soir, avec la pensée que Koning va m’annoncer, qu’il retirera très prochainement notre pièce.

322. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Il n’y a pas une de ses lois qui se tienne debout sur des pieds véritablement humains ; il fait dans le Contrat social la législation des fantômes, comme il fait dans l’Émile l’éducation des ombres, et dans la Nouvelle Héloïse, il ne fait que l’amour des abstractions ayant pour passion des phrases. […] C’est un peuple qui paraît antédiluvien et qui semble rapporter une civilisation et une littérature antédiluviennes comme lui, à sa nouvelle patrie au pied du Thibet. […] Il est vêtu d’un manteau d’étoffe à plis lourds qui enveloppe ses épaules et ses bras, et qui est ramené sur ses genoux ; ses deux mains, petites et maigres, sont jointes sur sa poitrine ; elles s’appuient sur une espèce de houlette à deux pieds, qui, à son extrémité inférieure, a un peu la forme allongée d’une lyre grecque. […] Ses pieds sont cachés sous les plis flottants du manteau, ses coudes sont appuyés sur les bras du fauteuil ; une espèce de bonnet carré, pareil à la mitre persane, coiffe la tête ; une frange à longues torsades retombe du sommet de cette coiffure sur un large bandeau qui ceint le front du philosophe comme une tiare. […] Sa physionomie révèle la plus haute intelligence, ses yeux sont comme des sources de clarté, sa bouche est comme celle des dragons qui soufflent le feu, sa taille est de six pieds sept pouces ; il a les bras longs et le dos voûté ; son corps est un peu courbé, ses paroles ne tendent qu’à inspirer la vertu.

323. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Elle a tout Rome à sa disposition : ministres, cardinaux, peintres, sculpteurs, société, tout est à ses pieds. » Et quelques jours plus tard, au moment où le pape expire et où le cardinal Consalvi meurt moralement avec le pontife son ami : « Nous sommes ici dans les plus tristes agitations. […] Mes lettres successives de Villeneuve, de Dijon, de Pontarlier et de Lausanne, vous auront prouvé que mes regrets ont augmenté en m’éloignant ; il en sera ainsi jusqu’au jour où je serai revenu à Paris, ou jusqu’au moment où vous arriverez à Rome. »   « Brigg, au pied du Simplon, jeudi 25 septembre 1828. […] » « Je vous écrirai bientôt de Venise », écrit-il du pied des Alpes, « de cette Venise où je m’embarquai il y a un siècle pour Jérusalem !  […] Je mets à vos pieds la plus belle aurore du monde, qui éclaire le papier sur lequel je vous écris. […] Chateaubriand, qui s’était préparé depuis longtemps son tombeau comme une scène éternelle de sa mémoire sur un écueil de la rade de Saint-Malo, dort dans son lit de granit battu par l’écume vaine et par le murmure aussi vain de l’océan breton ; Ballanche repose, comme un serviteur fidèle, dans le caveau de famille des Récamier, couché aux pieds de la morte, après laquelle il n’aurait pas voulu vivre !

324. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

« Pendant qu’il court le monde, la comtesse d’Albany passe l’été et l’automne à Genzano, dans une retraite enchantée d’où elle aperçoit devant elle les sommets du mont Albano et à ses pieds le lac de Némi, Le beau lac de Némi qu’aucun souffle ne ride. […] Elle était allée passer la chaude saison au pied des Vosges ; ce fut là, dans une jolie maison de campagne non loin de Colmar, que les deux amants se retrouvèrent. […] Nous passâmes par Aix-la-Chapelle, Francfort, Augsbourg et Inspruck, et nous arrivâmes au pied des Alpes. […] Mon amie et moi, nous n’avions pas mis le pied à Florence tant que l’invasion avait duré, ni souillé nos regards de la vue d’un seul Français. […] Le docteur ordonna des sinapismes aux pieds ; mais, au moment où ils commençaient à opérer, le malade s’en débarrassa, dans la crainte que, la plaie venant à se former, il ne fût pendant plusieurs jours empêché de marcher.

325. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

De plus, est-ce que parfois la musique ne s’est pas aventurée, elle aussi, dans des domaines où elle n’avait pas le pied solide ? […] Le chapitre du poète est curieux à lire : on ne saurait le prendre au pied de la lettre. […] Pour peu qu’on parcoure un musée ou qu’on feuillette une collection d’estampes, on voit se dresser en pied devant soi des êtres qu’on retrouve dans les pièces ou les romans contemporains. […] Leurs souliers sont, comme on dit, à poulaines, c’est-à-dire qu’ils se terminent par des pointes qui ont deux fois la longueur du pied et qui se recourbent en corne, en queue de scorpion, en griffes diaboliques. […] Leurs robes ont des queues d’une toise de long ; leur coiffure est un énorme bonnet conique, c’est le fameux hennin, qui les grandit de deux pieds, les force à se baisser aux portes, à entrer de côté, parce qu’il est garni de deux larges oreillettes, et qui de plus s’agrémente d’un voile de dentelle tombant jusqu’aux pieds.

326. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

En haut du boulevard Magenta, en un campement de baraques que loue aux plus misérables misères de Paris, le roi de la finance, — dans une chambre de ce baraquement aux planches disjointes, au plancher plein de trous, d’où jaillissent, à tous moments, des rats, des rats qui entrent encore, chaque fois, qu’on ouvre la porte, et les rats des pauvres, des rats effrontés, montant sur la table, emportant des michons de pain entiers, mordant parfois les pieds du sommeil en mangeant la couverture du lit ; là-dedans six enfants, les quatre plus grands dans un lit ; et sur leurs pieds qu’ils ne peuvent allonger, dans une caisse, les deux plus petits ; l’homme marchand des quatre saisons, ivre-mort pendant les douleurs de la femme, saoule comme son mari, sur une paillasse de paille. […] * * * — Un insolent mot de la Païva, un mot comme grisé par la Fortune : « Moi, tous mes désirs sont venus à mes pieds, comme des chiens couchants !  […] Pendant ce temps, la petite Vimercati et la petite Malvezzi tirent, dans des coins, leurs bas, en se cachant un peu, et laissant apercevoir leurs petits pieds craintifs, qu’on va mouler. […] Et il s’agissait de Gautier, de Saint-Victor et de l’adoration de ce dernier, qui, au théâtre, déchaussait son pied, son beau pied, et en mettait le soulier dans le creux de son gilet, et le baisait dans les entr’actes. […] Il est aux pieds du fauteuil de Sacy qui lui parle par-dessus l’épaule, et dont le mépris enjoué a l’air de tomber de haut sur ce bizarre candidat romantique.

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