/ 1682
1531. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Nous avons en tout une phrase de l’abbé d’Olivet sur les études de La Fontaine. « Il étudia, dit l’abbé d’Olivet  qui est un témoin assez sûr, car il ne vécut pas bien longtemps après La Fontaine, il a pu le connaître ou, tout au moins, il a pu connaître ses amis  il étudia, nous dit donc l’abbé d’Olivet, sous des maîtres de campagne, qui ne lui apprirent rien que le latin. » Ces maîtres de campagne doivent être évidemment les professeurs du collège de Château-Thierry.

1532. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre II. Axiomes » pp. 24-74

Aussi la phrase d’Ulpien, lex dura est, sed scripta est , s’exprimerait plus élégamment selon la langue et selon la jurisprudence, par les mots : lex dura est, sed certa est.

1533. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Tandis que les oisifs des Trois-Royaumes voyagent, comme leurs malles, dans les capitales du continent, rapportent au retour quelques phrases françaises ou italiennes, pour donner à leurs billets du matin un ton de bonne compagnie, n’était-il pas juste que Maturin pût admirer dans sa vie autre chose que Saint-Patrick et Westminster, qu’il récréât ses yeux du palais ducal des doges ou de la coupole de Sainte-Sophie ? […] Mackenzie n’est pas seulement un inventeur du premier ordre, un psychologiste profond, un observateur attentif, un peintre fidèle des sentiments les plus délicats et les plus fins ; c’est aussi un prosateur serré, un écrivain concis, qui résume et condense en peu de mots une pensée complexe, qui ne livre au hasard de sa plume aucune phrase flottante et indécise. […] Pour notre part, nous avons toujours pensé que, dans la discussion littéraire, la vérité vaut quelque chose de plus que l’élégance des mots, et nous donnerions de bon cœur douze phrases coquettes et parées pour trois paroles raisonnables et justes. […] Il est donc tout simple que, vivant fort peu avec les poétiques, il n’ait pas eu à cœur de les réfuter en écrivant ; qu’il ait suivi, en composant des ouvrages d’imagination, son inspiration personnelle, sans s’inquiéter d’heure en heure, et presque de page en page, si telle phrase donnait un démenti au dix-septième siècle de la France, si telle autre donnait la main au seizième siècle de l’Angleterre. […] Parce qu’il a plu au précepteur d’Alexandre d’indiquer un but moral à la tragédie, parce que dans une phrase assez vague jetée presque au hasard, dans le plus incomplet et le moins authentique de ses ouvrages, il assigne a la poésie dramatique une sorte de pédagogie, tous les blutteurs de préceptes littéraires s’évertuent à l’envi à vouloir moraliser la fantaisie, la plus libre et la plus vive de toutes les facultés humaines.

1534. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Justesse et clarté, force et précision, ampleur de la phrase, mouvement, véhémence, le style de Lamennais a toutes les qualités d’un grand style, et cependant… je ne sais pourquoi ni comment toutes ces qualités ont en lui quelque chose d’anonyme et d’impersonnel. […] Que pense-t-il de cette phrase, qu’il a lui-même citée pour en faire la conclusion de son livre : « Il est, — dit Hugo dans la préface de l’édition définitive de ses Œuvres, — il est un don suprême qui se fait souvent seul, qui n’en exige aucun autre, qui quelquefois reste caché, et qui a d’autant plus de force qu’il est plus renfermé. […] « C’est assurément un danger pour une femme que de garder et de nourrir, après les déceptions communes du mariage, cet idéal d’un amour inconnu, mais il y a pour elle un danger plus grand encore, c’est de le perdre. » Sont-ce peut-être des phrases comme celle-ci qui, naguère encore, ont fait accuser Feuillet d’immoralité par nos naturalistes ? […] Je n’y relèverai que cette phrase : « Les récits de la création de la femme, de la tentation, de la pudeur naissant avec la faute, les larges feuilles du figuier indien servant à voiler les premières hontes, sont les mythes les plus philosophiques qu’il y ait dans aucune religion. » M.  […] Au lieu donc qu’il n’y a pas si longtemps encore, on partait en sociologie de la considération de l’Individu, comme on faisait en linguistique de celle du Mot ou même de la Racine, au contraire, on part aujourd’hui de la considération de la Phrase ou de la Proposition en linguistique, et de la considération du Groupe en sociologie.

1535. (1891) Impressions de théâtre. Cinquième série

Il y a deux phrases qui me plaisent beaucoup et que j’ai la manie de répéter souvent. […] La première, c’est que je comprenais parfaitement les fables du chevalier ; j’en entendais tous les mots et tousles tours de phrase. […] Vous comprendrez que, malgré mon besoin de précision, je m’abstienne de chercher ici la signification exacte de cette phrase. […] Par un détour, et en feignant de lui parler d’une de leurs amies communes qui, dit-on, est sur le point de fuir avec son amant, — Desforges, en petites phrases très simples et très expressives, montre à Suzanne les suites probables de l’aventure : — la lassitude, l’ennui, la vie errante et déclassée, le monde à jamais fermé à la fugitive ; puis, tôt ou tard, la gêne, la misère, la désillusion de la femme sur le compagnon qu’elle prenait pour un homme de génie, et, dès lors, une vie horrible, une vie d’enfer… Et peu à peu, sous cette petite pluie froide, le bel enthousiasme de Suzanne se rabat et se dissout… Sans rien dire, elle écrit un mot à son poète pour décommander l’enlèvement… Elle passera la soirée avec Desforges, dans une baignoire du Palais-Royal. […] Puis, c’est l’invité de vaudeville qui ne connaît personne, et dont la phrase de condoléance se trompe d’adresse.

1536. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Elle se confond avec la physique et jusqu’à Socrate, tous les traités philosophiques portent le titre : [Greek phrase] On ne sait si Socrate divisait la philosophie, ni comment il la divisait. […] Le plaisir de l’être c’est son action propre, [Phrase en grec]. […] Ce monde, qui n’a par conséquent aucune réalité, Kant le nomme le monde des choses apparentes, des phénomènes : [Phrase en grec]. […] Kant le nomme monde des noumènes, c’est-à-dire de ce que nous concevons par la raison comme existant : [Phrase en grec]. […] Si toutes les fois que nous nous souvenons d’un objet, nous étions obligés de le penser tout entier avec ses formes et ses qualités, nous ne viendrions jamais à bout de notre phrase et nous ne comprendrions pas celui qui nous l’adressait.

1537. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre II. Les couples de caractères généraux et les propositions générales » pp. 297-385

Il ébauche alors ses premières phrases balbutiées et dépourvues de verbe : soupe bonne, chat méchant, etc. […] Tels sont les fameux axiomes métaphysiques d’identité et de contradiction. — Le premier peut s’exprimer ainsi : si dans un objet telle donnée est présente, elle y est présente. — Le second peut recevoir cette formule : si dans un objet telle donnée est présente, elle n’en est point absente ; si dans un objet telle donnée est absente, elle n’y est point présente. — Comme les mots présent et non absent, absent et non présent sont synonymes, il est clair que, dans l’axiome de contradiction aussi bien que dans l’axiome d’identité, le second membre de la phrase répète une portion du premier ; c’est une redite ; on a piétiné en place. — De là un troisième axiome métaphysique, celui d’alternative, moins vide que les précédents ; car il faut une courte analyse pour le prouver ; on peut l’énoncer en ces termes : dans tout objet, telle donnée est présente ou absente. — En effet, supposons le contraire, c’est-à-dire que dans l’objet la donnée ne soit ni absente ni présente.

/ 1682