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238. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Or, des maximes et des portraits, c’est tout le livre de La Bruyère : il a repris la forme de La Rochefoucauld ; et il a dégagé, isolé le portrait, en lui donnant sa forme d’art et sa valeur philosophique. […] Il ne faut pas se laisser abuser par le dernier chapitre, une collection de réflexions et de raisonnements philosophiques, où La Bruyère mêle Platon, Descartes et Pascal dans un vague spiritualisme chrétien. […] Par ce manque de profondeur philosophique, avec ce tempérament d’artiste sensible aux formes, aux apparences vivantes, La Bruyère transforme le réalisme psychologique des grands classiques en réalisme pittoresque ; il fait la transition de Molière à Lesage. […] Tout est excellent, tout est neuf dans le chapitre de l’Histoire : il veut qu’une histoire soit philosophique par l’explication des causes, par l’étude des institutions et de leurs transformations, dramatique par la peinture des mœurs, des caractères, par la vraie et vive couleur du récit. […] L’argument est d’une valeur philosophique assez faible : mais sa puissance littéraire est grande.

239. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Rapprochant les doctrines politiques et philosophiques longtemps professées par ce grand homme de bien, des réformes sociales qui se sont réalisées depuis, il en a tiré des vues justes et neuves. […] Et malgré tout, le voilà placé à la tête de cette censure, et investi de la plus délicate des fonctions, en présence d’une littérature philosophique très émancipée, dont il partage plus d’une doctrine ; en face d’une opposition religieuse et réactionnaire très irritée, qui a des appuis à la Cour auprès de la reine et du Dauphin, en regard enfin du Parlement, qui a ses préjugés, ses prétentions, et qui voudrait, dans bien des cas, évoquer à lui le jugement des livres et des auteurs. […] Il caractérise sous des noms légèrement travestis, comme dans la bataille du Lutrin, les principaux chefs de l’armée philosophique, Diderot et son aide de camp Sedaine, Grimm, Marmontel, et les autres à la suite : on les reconnaissait tous alors sous leur masque transparent43. La bataille à peine gagnée à la Comédie-Française, les ardents vainqueurs s’empressent d’accourir aux Tuileries, où les attendaient les membres les plus influents et les plus rassis du Sénat philosophique, le sage Tacite (d’Alembert), le prudent Théophraste (Duclos). […] Pompignan, reçu à l’Académie française à la place de Maupertuis, y avait prononcé un discours de parti qui avait irrité tout le coté philosophique.

240. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre quatrième »

Le doute de Montaigne, comme la croyance philosophique de Descartes, veulent la réunion des biens de fortune et de santé dans le même homme, avec assez de raison pour ne les point compromettre, et pour en honorer la possession par quelque noble occupation de l’esprit. […] Ces connaissances, sous leur forme abstraite et philosophique, à cette hauteur où mon œil les aperçoit à peine, pareilles à ces lumières qui brillent dans les espaces infinis et qui ne percent pas l’ombre où nous sommes, de quel usage me sont-elles dans les détails de mes actions ? […] Bossuet et Fénelon étaient trop engagés dans la religion pour pousser les spéculations philosophiques jusqu’au point où elles prétendent tout résoudre, où elles nous donnent à choisir entre les vérités qui leur sont propres et les vérités de la foi. […] Je ne vois, en aucun endroit de leurs écrits, le doute qui m’apprendrait qu’ils ont eu à faire ce choix redoutable ; mais je les vois tout d’abord, et dans toute la vie, jouir pleinement, ceux-ci de la foi chrétienne, celui-là de ses croyances philosophiques. […] Leibniz, sa croyance philosophique de quelque preuve tirée de la foi ?

241. (1853) Portraits littéraires. Tome II (3e éd.) pp. 59-300

Il est impossible de se méprendre sur les prétentions philosophiques de M.  […] Puisque les doctrines philosophiques de M.  […] Pourquoi a-t-il modifié ses doctrines philosophiques ? […] Est-il concevable qu’un historien, un homme d’État, confonde la science philosophique et les salons philosophiques du xviiie  siècle ? […] Les livres de M. de Tracy appartiennent exclusivement à la science philosophique.

242. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre IV. Bossuet orateur. »

Celle de la reine d’Angleterre est un chef-d’œuvre de style, et un modèle d’écrit philosophique et politique. […] On sait avec quel génie, dans l’oraison funèbre de la princesse Palatine, il est descendu, sans blesser la majesté de l’art oratoire, jusqu’à l’interprétation d’un songe, en même temps qu’il a déployé, dans ce discours, sa haute capacité pour les abstractions philosophiques.

243. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Et je ne parle pas seulement de la littérature secrète, des livres extraordinaires que lit Mme d’Andlau, gouvernante des enfants de France et qui s’égarent aux mains des filles de Louis XV460, ni d’autres livres plus singuliers encore461 où le raisonnement philosophique apparaît comme un intermède entre des ordures et des gravelures, et que des dames de la cour ont sur leur toilette avec ce titre : Heures de Paris. […] Il y prend le dé de la conversation, conduit l’orgie, et par contagion, par gageure, dit à lui seul plus d’ordures et plus de « gueulées » que tous les convives476  Pareillement, dans ses drames, dans ses Essais sur Claude et Néron, dans son Commentaire sur Sénèque, dans ses additions à l’Histoire philosophique de Raynal, il force le ton. […] Dictionnaire philosophique, passim. — En vers, Les systèmes , La loi naturelle, […] Dictionnaire philosophique, article Maladie (Réponses de la princesse). —  Candide chez Mme de Parolignac. […] Dictionnaire philosophique, article Ignorance

244. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Une lettre très curieuse à lui adressée par son ami le médecin Bernier, alors voyageant en Perse, et datée de Chiras, le 10 juin 1668, fait foi de ces résolutions ou de ces velléités philosophiques de Chapelle, qui ne tinrent pas : Mon très cher, lui écrit Bernier, j’avais toujours bien cru ce que disait M.  […] Et vous ne me refuserez pas, dans cette netteté d’esprit et humeur philosophiques où vous vous trouvez quelquefois le matin, de faire réflexion sur trois ou quatre choses qui me semblent très dignes de l’attention d’un philosophe. […] On ne s’attendait guère que Chapelle dût nous introduire dans ces considérations philosophiques et qu’on peut lire plus au long dans la lettre datée de Chiras : c’est lui pourtant qui, par ses questions à Bernier, les avait provoquées. […] [NdA] Il est rare que dans un groupe, dans un parti philosophique, politique ou autre, il n’y ait pas quelque esprit sensé, parmi les adhérents mêmes, qui fasse tôt ou tard les objections : ainsi Mélanchthon parmi les luthériens, Nicole parmi les jansénistes, le président Jeannin parmi les ligueurs ; ainsi, dans le cas présent, Bernier panai les gassendistes : tous ces hommes, et d’autres que nous ignorons, savaient très bien les côtés faibles, et disaient à l’intérieur bien de bonnes raisons et des vérités à l’oreille de leurs amis.

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