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374. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Il étoit écrit au livre du destin, chapitre des peintres et des roix, que trois bons peintres feraient un jour trois mauvais tableaux pour un bon roi ; et au chapitre suivant, des miscellanées fatales, qu’un littérateur pusillanime épargneroit à ce roi la critique de ces tableaux ; qu’un philosophe s’en offenseroit, et lui diroit quoi, vous n’avez pas de honte d’envoyer aux souverains la satire de l’évidence, et vous n’osez leur envoyer la satire d’un mauvais tableau. Vous aurez le front de leur suggérer que les passions et l’intérêt particulier mènent ce monde, que les philosophes s’occupent en vain à démontrer la vérité et à démasquer l’erreur ; que ce ne sont que de bavards inutiles et importuns, et que le métier des montesquieus est au-dessous du métier de cordonnier, et vous n’oserez pas leur dire on vous a fait un sot tableau. […] Avant de laisser cela, monsieur le philosophe, il faut répondre à votre compliment. […] Je ne dis pas que le philosophe Voltaire par exemple, s’occupe en vain à démontrer la vérité et à démasquer l’erreur, car je dirais une grande sottise et la révolution qu’il a produite dans les esprits d’un bout de l’Europe à l’autre déposerait contre moi ; mais je peux bien avoir dit que l’abbé Baudeau et M. de La Rivière et M.  […] Ils peuvent donc être comparés à ce que nous avons de mieux en philosophes.

375. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Il montre également l’impossibilité de cet esprit principe, l’excrément des philosophes panthéistes qui souille, sous prétexte de les expliquer, toutes les histoires de notre temps, et l’inanité de cette autre théorie, moins ambitieuse, mais non moins fausse, à savoir : que la Révolution est sortie des salons du xviiie  siècle et des écrits des philosophes. […] Pour mieux montrer que la Révolution ne fut point la fille de la philosophie du xviiie  siècle, Cassagnac publie un exposé de l’organisation de la censure, un état de la librairie et un relevé d’arrêts du Parlement qui démontrent, avec la netteté d’une statistique, que les livres des philosophes n’avaient été lus au xviiie  siècle que dans les hauteurs de la société, et qu’ils n’étaient jamais descendus assez dans les masses pour s’y propager et les incendier. […] Il cite Morellet, le philosophe. […] Enivrés, comme des gens qu’on consulte, ils brouillèrent toutes les nations par leur ignorance, leur importance, leur jalousie des classes supérieures ; ils puisèrent aux écrits des philosophes du xviiie  siècle les théories qui y dormaient comme des tempêtes, et ils les versèrent dans l’esprit public avec leurs brochures.

376. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Un philosophe américain, M.  […] L’artiste ne doit pas avoir son secret ; il ne devient philosophe qu’en cessant d’être artiste. […] Et ils n’étaient pas pour cela moins philosophes. […] Ainsi, l’empirisme ne doit pas étudier seulement les philosophes célèbres, il doit prendre tous les philosophes, en rechercher les fragments épars et reconstruire péniblement leurs systèmes. […] J’aurais dit à Malebranche : « Comment se fait-il que vous, philosophe, dédaigniez ainsi l’histoire ?

377. (1940) Quatre études pp. -154

« Que contiennent les écrits des philosophes les plus connus ? […] Mais, plus encore que ces philosophes ou les antiphilosophes, ce sont les savants qu’il a frappés. […] De ce philosophe, l’homme de désir peut apprendre que chaque fibre de son corps, que chaque élément de chaque fibre, est désir. […] « On s’est plaint, et avec raison peut-être, que nous n’avions pas rendu à ce philosophe toute la justice qu’il méritait. […] Telliamed, ou Entretiens d’un philosophe indien avec un missionnaire français, Amsterdam, 1748.

378. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. BALLANCHE. » pp. 1-51

philosophes ou poëtes, penseurs ou chantres, ne vous mettez pas les uns au-dessus des autres, ne vous exceptez pas, ne vous vantez pas ! […] Ballanche, l’expression d’un vif regret de ce que notre philosophe a presque toujours préféré l’exposition poétique à l’exposition scientifique, la figure à la démonstration, la couleur à l’évidence : « Car, ajoute M. […] Il n’a pas été d’abord philosophe et métaphysicien, et ensuite poëte ; sa conception et sa forme se tiennent de plus près et ont une bien réelle harmonie. […] Ballanche un philosophe non didactique, qui nous introduit à travers des enceintes compliquées et par détours gracieux ou obscurs jusqu’à un sanctuaire profond : le poëme d’Antigone est comme une symphonie attrayante que nous avons entendue au parvis. […] Il a profité pourtant des écrits originaux de ce philosophe qui aurait pu se passer d’être charlatan ; l’idée d’Adam, l’homme universel, et d’Ève qui est la faculté volitive d’Adam, lui a probablement été suggérée par Fabre.

379. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

Le souci que le poète philosophe montre toujours de rendre sa pensée avec une absolue exactitude, laquelle précisément communique à tant de ses pièces l’émotion et la beauté du vrai, se retourne, hélas ! […] Là, que de joies et que de douleurs avec lesquelles le poète, comme le philosophe, peut entrer en sympathie ! […] Mais le poète, pas plus que le philosophe, ne mesure à la durée la valeur, la beauté, l’éternité véritable des choses […] Il importe aux philosophes de ne pas laisser certains littérateurs duper le public en lui faisant croire que la science actuelle, ou même que la philosophie naturaliste à laquelle elle semble tendre, ait les conséquences immorales et antisociales que les Veuillot ou les Richepin veulent en tirer. […] C’est, dit le philosophe anglais, un bien, à mon sens, pour la doctrine chrétienne, que le pessimisme ait mûri assez pour trouver son expression complète et définitive ; car il l’a trouvée chez l’auteur des Blasphèmes.

380. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Ce n’est pas celle des philosophes proprement dits, qui analysent la machine humaine, la démontent, la décomposent, se donnent le plaisir de la regarder en dedans et en dessous, de l’expliquer tant bien que mal, et puis n’en font rien. […] Et en général, cette école de philosophes systématiques et distingués qui, dans leur classification un peu bizarre des grands hommes de l’histoire, ne voulaient voir en Napoléon dont ils méconnaissaient toute l’œuvre de création civile qu’un grand et puissant rétrogradateur, ne saurait soutenir désormais un pareil sentiment après tant de paroles de sagesse, de haute clairvoyance et presque de prophétie sociale, sorties de Sainte-Hélène, et qui révèlent un fond d’âme égal ou supérieur, s’il se peut, aux actes, et parfois meilleur. […] Napoléon meurt donc en chef d’État, en homme social, en civilisateur, non comme un philosophe qui scrute et décompose au fond de son cabinet les instincts et les mobiles de l’âme humaine : lui, il les accepte et les pratique en ce qui est de lui et de sa volonté jusqu’à la fin, même lorsqu’il n’avait plus à s’en servir chez autrui. […] Le philosophe rêve d’aller rejoindre Aristote, Platon, Descartes, Spinosa, Leibnitz, ces rois et ces législateurs sublimes de la pensée.

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