La pièce n’a point paru trop froide, quoiqu’elle le soit, malgré tout, un peu ; mais il y a encore de la passion dans cette élégie à trois personnages qui exprime si bien le premier moment du Louis XIV amoureux de la Mancini ou de la Vallière.
Hoffmann, le caricaturiste en littérature, espèce de Hogarth incertain dont la main tremblait tout en appuyant sur le trait, a surchargé ses personnages de détails mesquins, inutiles ou vulgaires, et cette manie de sa pensée ne nous a jamais plus frappé que dans quelques-uns des Contes posthumes. […] Une des raisons probantes du génie d’Hoffmann que nous donne Champfleury dans cette introduction, est l’effet produit par les Contes fantastiques sur la mémoire des enfants : « Celui de mes lecteurs qui est assez jeune — dit-il — pour avoir lu Hoffmann étant enfant, doit avoir dans une des cases de son cerveau quelques personnages bizarres, quelque souvenir de maisons étranges », et, pour élever son idée à la majesté d’un axiome et glacer l’objection, qu’il ne glacera pas, il ajoute carrément : « Tout ce qui s’oublie n’est pas né viable », ce qui peut très bien être une fausseté, si ce n’est pas une simplicité, ce que les Anglais appellent un truism.
Et plus nous avons grandi, plus il a grandi avec nous ; plus nous avons avancé dans la vie, plus nous avons trouvé de charme et de solidité dans ces Fables qui sont la vérité, dans ces drames dont les bêtes sont les personnages et qui racontent si délicieusement et si puissamment la vie humaine, tout en la métamorphosant. […] Ainsi, l’originalité dramatique, car chaque fable, à elle seule, est tout un drame, dont les personnages, transposés de l’homme à l’animal, sont des caractères révélés par la plus merveilleuse divination physiologique.
L’œuvre d’Hogarth, qui lui tombait sous la main, lui déroulait l’histoire du bon et du mauvais apprenti, et les expressions de crime et de vertu, que ce moraliste-peintre a si énergiquement burinées sur le front de ses personnages, lui causaient, dit-il, cet attrait mêlé de trouble qu’un enfant préfère à tout. […] Cette arme véritable prend une physionomie, un caractère ; elle devient un personnage qui a sa bonne part dans l’intérêt que nous portons au vieux chasseur des prairies… » Puis revenant à son bâton d’encre de Chine : « Ceci, dit-il, tient à notre vie privée ; aussi éprouvé-je quelque répugnance à en entretenir le public. […] Tous ces mots du cru, ces locutions jusque-là éparses chez lui un peu au hasard, se sont même élevés à l’art véritablement, sous sa plume, dans quelques lettres de Champin, l’un des personnages du Presbytère : « On y peut voir, dit-il excellemment, ce qu’est notre idiome local parlé dans toute sa nationale pureté, et juger de la difficulté qu’on doit éprouver à se dépouiller, pour écrire purement, de cette multitude d’idiotismes, dont les uns, inusités dans la langue française actuelle, n’en sont pas moins de souche très-française, dont les autres voilent sous une figure expressive le vice de leur origine, dont tous ont pour nos oreilles le caractère du naturel et le charme de l’accoutumance. » Quant à nous pour qui cette accoutumance n’existe pas, quelque chose pourtant du charme se retrouve. […] Charles est auprès d’une mare, à midi, couché, à contempler trois graves personnages paisibles, trois canards endormis et bienheureux. […] Il me semble pourtant, dût la proposition d’abord étonner un peu, que, maintenant que l’Académie française entreprend un Dictionnaire historique de la langue, ce dépôt de vieux parler cantonal, rassemblé dans le Presbytère, pourrait devenir un des fonds à consulter ; on en tirerait à coup sûr des remarques utiles sur la fortune et les aventures de certains mots. — Parmi les observations plus ou moins sérieuses que Charles transmet à Louise à travers l’effusion de ses sentiments, il en est qui touchent à des personnages historiques, célèbres dans le pays ; je noterai le dîner chez M.
Elle tire sa valeur surtout de son style qui est d’une qualité rare, et du tact avec lequel Corneille a déterminé quelques-unes des conditions du genre : il fixe la comédie dans son juste ton, entre le bouffon et le tragique ; il marque le mouvement du dialogue, vif, naturel et agissant ; et, bien qu’il n’ait pas précisément dessiné de caractères, il place dans la forme morale du personnage principal la source des effets d’où jaillit le rire. […] Molière fait parler chaque caractère selon sa condition ; le style est une partie de la vérité du rôle, et blâmer dans ses pièces le jargon provincial, campagnard ou populaire, c’est reprendre le choix des personnages et des sujets qui exigent ces formes du langage : ce qui change totalement la question. […] On ne songe pas à se demander, dans Tartufe ou dans les Femmes savantes, si, réellement, tous les personnages ont dû venir dans cette même salle. […] Emboîter ces réalités individuelles les unes dans les autres, équilibrer les actions et les réactions, établir partout des correspondances si exactes, que, les personnages une fois posés, l’auteur soit seulement le secrétaire de leurs propos, l’enregistreur de leurs actions, voilà peut-être la partie la plus délicate de l’œuvre comique, et où le génie de Molière apparaît le plus. […] C’est même ce point de vue qui rend la comédie possible : tous les personnages ridicules sont des gens qui s’acharnent à dévier ou supprimer la nature, qui n’ont pas su voir qu’elle était toute bonne et toute-puissante ; et ainsi ils se présentent dans leur opposition au vrai, non au bien : par conséquent, ridicules, et non odieux.
Il y a une relation entre l’allure irrégulière et coupée du récit et le caractère d’un grand nombre de personnages. […] On le voit, les personnages de MM. de Goncourt sont tous plus ou moins des malades, menés par leur cœur ou par leurs sens. […] Ainsi presque tous les principaux personnages de MM. de Goncourt ne se développent point dans des phases qui se lient et s’engendrent : ils se révèlent, de loin en loin, par des accès. […] Ï1 y a du hasard dans ce que font et dans ce que deviennent les personnages que j’ai cités. […] Ils prêtent à leurs personnages lettrés, comme il est naturel, ce style et cet esprit.
Il gardait presque l’égalité républicaine ; il refusait ce titre de seigneur qui, cinquante ans plus tard, fut donné dans Rome même aux moins importants personnages. […] On ne pourrait indiquer, d’après l’ouvrage, à quelle époque les personnages sont placés. […] Tel est un drame d’Appius et Virginie, où la Conscience et la Justice figurent comme personnages. […] Marlowe semble se jouer de ces horreurs, en se faisant, comme dit un de ses personnages, « une lyre toute composée d’ossements de morts espagnols ! […] Ces personnages, qui se rencontrent au hasard, disent des choses qu’on ne peut oublier.