« Elle lui dit qu’elle était contente d’avoir eu le bonheur de porter un enfant comme lui, qui trouvait en son cœur le courage de perdre sa vie pour l’amour du nom du Christ. […] Car c’est le trait marquant des hommes de cet âge et de cette école, de n’avoir point l’esprit nettoyé, aplani, cadastré, muni d’allées rectilignes, comme les écrivains de notre dix-septième siècle et comme les jardins de Versailles, mais plein et comblé de faits circonstanciés, de scènes complètes et dramatiques, de petits tableaux colorés, tous pêle-mêle et mal époussetés, en sorte que, perdu dans l’encombrement et la poussière, le spectateur moderne crie à la pédanterie et à la grossièreté. […] Que le Seigneur bénisse tous les bons conseils et exemples que tu donnes à ceux qui sont autour de toi, et entende toutes tes prières, et t’accepte toujours. » Il demanda en mourant si la grâce, une fois reçue, pouvait se perdre, et fut rassuré quand il apprit que non, étant certain, dit-il, d’avoir été une fois en état de grâce. […] Comme un splendide insecte qui s’est transformé et qui a perdu ses ailes, on voit la poétique génération d’Élisabeth disparaître et ne laisser à sa place qu’une lourde chenille, fileuse opiniâtre et utile, armée de pattes industrieuses et de mâchoires redoutables, occupée à ronger de vieilles feuilles et à dévorer ses ennemis. […] Pour y entrer, il ne reste à franchir qu’un courant profond où l’on perd pied, où l’eau trouble la vue, et qu’on appelle la rivière de la Mort.
Ce sera dommage, car la phrase est jolie ; mais la vérité regagnera ce qu’y perdra la rhétorique. […] Si leur client doit perdre sa cause, il faut du moins que l’adversaire, en gagnant la sienne, n’en ressente pas une joie sans mélange. […] Si nous franchissons par la pensée les bornes de notre planète, que de mondes parmi lesquels le nôtre n’est qu’un point perdu dans l’immensité de l’infini ! […] Dans la décadence du romantisme, c’est ce qui a préservé l’histoire de perdre, comme la critique, jusqu’à la conscience de son objet et de ses obligations. […] Mais c’est pour ne point brouiller aujourd’hui les questions ; c’est pour ne pas risquer de perdre de vue le sujet que s’est proposé M.
On sent là une main adroite et forte qui n’a rien perdu et qui, pour ainsi parler, ne peut rien perdre ni de son adresse ni de sa force. […] Le fil, on l’a bien à peu près perdu au second acte, où vraiment Lisane apparaît un peu trop peu (quoique encore, avec raison, l’auteur ait voulu qu’elle parût), mais le fil n’est pas du tout perdu au troisième acte ; car Glatigny est là, se mêlant aux propos et discussions et prêt à se battre en duel pour Banville (ce qui est historique), et, si Glatigny est là, c’est que Lisane vient là parfois et que c’est là qu’il la cherche. […] Ximeira, toujours à l’affût, la maudit et se promet de la perdre. […] Ô mensonges perdus de la femme infidèle ; Si tu n’es qu’un portrait, où donc est le modèle ? […] — Bien compliqué cela, puisque si Claire seulement ne dit rien, il n’y aura aucune preuve contre Lauffen, et puisque, en avouant, Claire ne fait que se perdre et le perdre sûrement, tandis qu’en se taisant, tout au moins elle laisse à elle-même et à Lauffen neuf chances sur dix de salut.
Dumas) que son amour relève une fille perdue dont il a fait sa maîtresse. […] Ils ont sans doute perdu ce privilège, car M. […] tout serait perdu, plus de confidences, plus de portraits ! […] Luchet perdit ; la dépense s’élevait à 130 fr. […] Luchet, qui n’avait pas perdu de vue son affaire.
Je ne voudrais pas qu’on se méprît sur ma pensée, ni qu’on crût le moins du monde que j’exclus l’artiste des vraies, sincères et profondes affections de la vie ; tellement que ce qu’il gagne du côté de la tendresse, il le perde du côté de l’art, et que, pour arrondir le domaine de l’un, il faille nécessairement circonscrire l’autre. […] Voici la plus grande partie de la lettre que Ducis adressait sur ce sujet à Bernardin de Saint-Pierre, lequel venait de perdre sa première femme : « Versailles, le 1er nivôse an VIII (21 décembre 1799). […] c’est au même âge que j’ai aussi perdu ma tendre femme, ma première, la mère de mes enfants, âme pure et sensible que je regretterai jusqu’au dernier soupir.
C’est ainsi qu’ayant eu communication des Mémoires, alors manuscrits, de Mme de La Rochejacquelein, revus et en partie rédigés par M. de Barante, il déclarait y avoir trouvé « la jouissance la plus vive que livre puisse jamais procurer. » Il y voyait tout ce qui constitue un morceau accompli d’histoire, « l’harmonie et la justesse d’un style partout adapté à la chose, l’art pittoresque qui met toujours et la scène et les personnages devant les yeux, l’intérêt le plus vif, le plus enthousiaste, le plus vertueux, qu’aucune période de l’histoire moderne ait jamais présenté, un intérêt qui s’attache aux personnes et qui ne se perd jamais dans les masses et les nombres abstraits, comme il arrive trop souvent. » Les Lettres de Mlle de Lespinasse, nouvellement publiées (1809), lui faisaient un effet bien différent ; c’était, pour lui, une lecture singulière qui lui laissait des impressions contradictoires, et où il se sentait quelquefois rebuté par la monotonie de la passion, souvent blessé d’un manque de délicatesse et de dignité dans la victime, mais attaché en définitive par la vérité et la profondeur de l’étude morale : « Un rapprochement, dit-il, que je faisais à chaque page augmentait pour moi l’intérêt de cette Correspondance. […] Il se promenait, regardait mes roses, et je lui disais : « C’est incroyable ce que je perds de temps dans ce petit jardin. » — « Oh ! […] Il avait un serrurier si mauvais et si maladroit, que tout le monde l’avait quitté ; il ne laissa pas de le garder jusqu’à la fin, malgré tous ses dégâts, pour ne pas lui faire perdre sa dernière pratique.
Mon intention est d’en ôter simplement les scrupules dont beaucoup d’esprits sont cruellement gênés, et d’adoucir les peines que se donnent là-dessus des personnes qui porteraient bien plus loin leurs méditations, si ce qu’ils ont de plus vive chaleur ne se perdait par la longueur de l’expression et n’était comme éteint par la crainte d’y commettre quelque faute. […] La partie pour lui est déjà perdue ; il paraît un peu le sentir. […] Et moi je dis : une cause est perdue quand elle a de tels avocats.