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634. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Alors cette effrayante peinture de son délire, la plus forte, la plus terrible qu’ait jamais tracée le génie, ne vous laisse plus douter que ce ne soit là le point éminent et lumineux du sujet de l’Arioste. […] Il excuse la peinture de leurs vives galanteries, en présumant que Cupidon, étant allégoriquement l’amour de Dieu ou le Saint-Esprit, l’auteur ne présente que des voluptés spirituelles. […] Lucain, n’ayant jamais su borner ses peintures, accumule ici les horreurs les plus hideuses et les moins croyables. […] Sa plus éclatante merveille reluit dans la peinture aussi savante que fantastique des enfers où descend Énée. […] « À ces petits défauts marqués dans sa peinture, « L’esprit avec plaisir reconnaît la nature.

635. (1890) Nouvelles questions de critique

Je vois à l’Église dont je suis paroissienne de belles peintures : d’un côté le paradis, où sont des harpes d’or ; d’autre part l’enfer où les damnés brûlent. […] Pellissier n’ait pas notée, ni seulement indiquée, je crois, c’est celle du naturalisme ou du réalisme en peinture, sur l’évolution littéraire de la seconde moitié du siècle. […] On pourrait faire la même question sur les sculptures de Michel-Ange et sur les peintures de la Sixtine ; et la réponse serait la même. […] Cela s’est vu dans l’histoire de la peinture religieuse, où, de nos jours mêmes, à travers six ou sept générations de peintres, c’est de Raphaël que s’inspirent la plupart de ceux qui peignent encore des saintes familles. […] C’est ce qui s’était aussi passé pour la peinture religieuse ; et c’est ce qui provoque, en le justifiant, le retour offensif du naturalisme.

636. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Max Leclerc ; les récits un peu inquiétants du baron de Mandat-Grancey ; les gracieuses peintures de Mme Bentzon ; les souvenirs, très instructifs, de M. de Varigny ; les informations précises du marquis de Chasseloup-Laubat, ainsi que les rapports de M.  […] Il évoque, en ses peintures vivantes, un Shakespeare effréné, un homme de la Renaissance, un génie violemment individualiste, rebelle à tous les obstacles, révolté contre tous les préjugés, prompt à tous les combats et attentif à tous les mirages de l’universelle fantasmagorie. […] … Vous la verrez clairement, si vous avez la patience de les suivre aux expositions organisées par le syndicat de la peinture et de vous arrêter avec eux en face des chefs-d’œuvre devant lesquels il faut s’ennuyer. […] Je ne sais qui a tisonné cette peinture, mais c’est un coloris vraiment extraordinaire. […] La peinture fut astreinte, par les canons de l’Église, au hiératisme des modèles hérités de Byzance.

637. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Quelle fécondité inépuisable dans la peinture des ridicules ! […] Poirier et à toutes ces peintures sans ménagement que l’on appelle la comédie forte. […] Je n’examine pas qui a raison, dans ses peintures, de madame Sand ou de Balzac. […] Et puis, quelle richesse de peinture ! […] Flaubert y a ajouté les peintures licencieuses.

638. (1714) Discours sur Homère pp. 1-137

On sçait la diverse oeconomie de l’histoire et du poëme, dans la peinture des hommes. […] Aussi les critiques les plus hazardeux n’ont jamais avancé, que je sçache, qu’il y eût de la faute d’Homere ; on s’est contenté de dire que son siecle étoit grossier, et que par là, la peinture en étoit devenue desagréable à des siecles plus délicats. […] Il entre d’ordinaire dans un trop grand détail, et ses peintures, à force de minuties, deviennent froides et languissantes. […] On ne les justifie pas toujours en prouvant que ce qu’ils ont dit, est naturel, si on ne prouve en même tems qu’ils ont bien choisi ; et malgré le parallele établi entre la poësie et la peinture, il n’en est pas tout-à-fait là dessus de l’une comme de l’autre. […] De l’expression L’expression est à-peu-près dans la poësie, ce que le coloris est dans la peinture.

639. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Considérez, par exemple, deux moments d’une littérature ou d’un art, la tragédie française sous Corneille et sous Voltaire, le théâtre grec sous Eschyle et sous Euripide, la poésie latine sous Lucrèce et sous Claudien, la peinture italienne sous Vinci et sous le Guide. […] Il y a un état moral distinct pour chacune de ces formations et pour chacune de leurs branches ; il y en a un, pour l’art en général, et pour chaque sorte d’art, pour l’architecture, pour la peinture, pour la sculpture, pour la musique, pour la poésie ; chacune a son germe spécial dans le large champ de la psychologie humaine ; chacune a sa loi, et c’est en vertu de cette loi qu’on la voit se lever au hasard, à ce qu’il semble, et toute seule parmi les avortements de ses voisines, comme la peinture en Flandre et en Hollande au dix-septième siècle, comme la poésie en Angleterre au seizième siècle, comme la musique en Allemagne au dix-huitième siècle.

640. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Dans ces pièces il y a trois choses : « 1° le sujet ancien imité, qui était formé déjà d’éléments divers ; 2° les mœurs et les sentiments modernes combinés avec ce sujet ancien ; 3° sous les formes et les modes propres à telle époque déterminée, la peinture de l’homme et de la femme tels que les ont faits la nature et la civilisation39. » Comment Racine a été conduit à opérer ces savants mélanges, voici une page qui nous l’apprend : Telles étaient les conditions de l’œuvre dramatique à cette époque : pour le fond, l’influence de la Renaissance gréco-latine avait décidément triomphé ; on était voué aux sujets anciens ; quant à la forme, celle de la tragi-comédie, depuis l’aventure du Cid, ayant été écartée comme peu compatible avec les fameuses règles des trois unités ( ?) […] D’abord le récit de l’enlèvement de Junie, « La peinture de cet attentat a fourni au poète des vers d’un coloris charmant et romantique45. » Je relis le morceau et j’y cherche ce romantisme. […] On ne les prend plus au pied de la lettre, mais comme les signes d’une situation ; on les oublie presque pour ne s’attacher qu’à ce qu’il y a de tristement éternel et d’applicable à nous chétifs dans ces peintures typiques du drame des passions humaines.

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