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271. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Ce piteux philosophe est un grand peintre. […] Lisez le chapitre des couleurs 603  : il y décrit des positions et des rapports de tons dans un lever ou un coucher de soleil, des colorations de nuages, blanc sur blanc, ombres sur ombres, avec une exactitude qu’envierait un peintre.

272. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

» * * * — En peinture, il y a toujours une espèce de déconsidération pour le peintre de tempérament : soit en haut de l’échelle : Rubens, soit en bas : Boucher. La solide estime est réservée aux peintres qui n’étaient pas nés pour l’être : exemple Flandrin, etc., etc. […] Cela ressemble au nid d’une fille qui aurait hérité d’un peintre. […] Le Chinois a pour voisin, un peintre exotique, qui a des yeux volés à un jaguar et des bottes qui lui montent jusqu’au ventre. […] Hier soir nous avons eu le baptême d’une poupée, un joli petit tableau, dont un peintre de scènes familières, à la façon de Knaus, aurait fait une drolatique et fraîche procession.

273. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Revenu dans Amsterdam, Shakespeare admire de beaux meubles, et fraternise, à table, au restaurant du Fanal-Rouge, avec des peintres et des gens de lettres. […] Des peintres grecs enluminent pour lui, dans l’or, l’azur et le vermillon des iconostases, l’image du Sauveur et de la Panaghia. […] Et, si l’on est peintre, on ébauche un croquis : Sur l’horizon sans relief et sans couleur, rien ne se profile que les bulbes et la flèche mince d’un clocher blanc et vert. […] Au fond de l’abside, dans un clair-obscur savamment arrangé par l’architecte et par le peintre, la Vierge immaculée, la Panaghia toute sainte, étendait ses mains bénissantes, en signe d’intercession pour le salut de l’empire et pour la victoire de l’empereur. […] Longtemps les effigies divines, les reliques des ancêtres, les œuvres délicates des ciseleurs et des peintres, les armes prises aux barbares d’Asie, étincelèrent au soleil.

274. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Carrière et Geffroy me parlent du projet de faire ensemble un Paris, par de petits morceaux amenés sous le coup de la vision, sans l’ambition de le faire tout entier : un Paris fragmentaire, où se mêleraient les dessins du peintre à la prose photographique de l’écrivain. […] C’était un littérateur, un littérateur donnant ses inspirations à Hokousai, et qui à la fin fut si charmé, si séduit par son talent, qu’il devint peintre et se fit son élève. […] Aujourd’hui a paru Outamaro, le peintre des Maisons vertes. […] Un tableau devant lequel est tombé en extase le peintre Moreau, qui ne connaissait pas même Turner de nom. […] Et la beauté de ce tableau est faite de ce qui n’est prêché dans aucun bouquin théorique : elle est faite de l’emportement, du tartouillage, de l’outrance de la cuisine, de cette cuisine, je le répète, qui est toute la peinture des grands peintres qui se nomment Rembrandt, Rubens, Velasquez, le Tintoret.

275. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

En tant qu’historien de la lettre morte, en tant que peintre de l’individualité humaine et politique, Granier de Cassagnac est un des plus terribles pinceaux qui aient jamais traîné de cruelles ressemblances sur une impassible toile d’histoire. […] En se montrant peintre à ce degré, en prenant si particulièrement les hommes à partie dans le sujet qu’il abordait, Cassagnac n’obéit pas seulement à l’inspiration naturelle de son esprit, à cette projection intérieure qui est l’impulsion du talent. […] Violent parfois et surchargé dans ses premiers portraits des hommes et des partis de la Révolution, mais si vrais et si ressemblants, malgré tout, qu’on crut les voir pour la première fois dans son livre, Cassagnac est devenu un peintre rassis, nuancé et profond, qui gouverne sa manière au lieu d’être entraîné par elle. […] Dans ce sujet assez ingrat de la fin d’un règne qui, en tout, manqua de grandeur, et sous lequel les chefs de parti, racornis en chefs de coterie, ne réalisaient même pas le mot de Goethe : « Un chef de parti n’est guères plus à mes yeux qu’un bon caporal », Cassagnac a montré sa puissance de peintre historique bien plus, selon nous, que s’il avait eu dans les mains un sujet plus grand. […] Les historiens ne sont pas des peintres à, la manière des poètes.

276. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Un peintre étale au beau milieu d’un salon une toile ambitieuse, d’un dessin douteux et d’une couleur équivoque, on dit au public : C’est du Véronèse ; il s’y rue, et il applaudit. […] Mais regardez d’un peu près les œuvres de ces habiles peintres, appliquez-leur la méthode de jugement qui résulte de l’étude des maîtres, et vous découvrirez qu’ils n’ont ni unité, ni science, ni sincérité, ni idéal, ni bonne foi, ni art de composition, rien, en un mot, de ce qui constitue, non pas le grand peintre, mais le peintre. […] Depuis que les mamans ont inventé qu’on ne pouvait plus conduire sa fille à l’Exposition, le commun des peintres a abandonné l’étude du nu pour s’adonner à des tricheries de costume, à des hypocrisies de sentiment bien autrement corruptrices que l’aspect de la nature vraie.

277. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Ferdinand Fabre d’avoir été un peintre excellent des mœurs du clergé. […] Pour être un bon peintre des mœurs cléricales, il me semble qu’il faudrait réunir au moins trois conditions. […] Ferdinand Fabre est un peintre incomparable des prêtres et des paysans : s’il tente d’autres peintures, s’il aborde Paris (comme dans certaines pages du Marquis de Pierrerue), il y paraît gauche et emprunté. […] Julien Savignac, le Chevrier, l’Abbé Tigrane, Mon oncle Célestin, le Roman d’un peintre, le Roi Ramire, Lucifer, Barnabé, chez Charpentier  Les Courbezon, Mademoiselle de Malavieille, le Marquis de Pierrerue (2 vol.), la Petite Mère (4 vol.), chez Dentu.

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