Il peint, il peint ; et il bouche son âme, et il peint encore, jusqu’à ce qu’il ressemble enfin à l’artiste à la mode, et que par sa bêtise et son habileté il mérite le suffrage et l’argent du public. […] si les lions savaient peindre ! […] Pour peindre mon âme, mon âme si visible, si claire, si notoire ? […] Je suis obligé de confesser que j’ai vu quelques portraits peints par MM. […] Troyon a peint avec la même certitude, la même habileté, la même insensibilité.
Je reprends donc : fables zoologiques où La Fontaine a peint des hommes sous les traits des animaux. […] La Fontaine va nous dire, non pas son secret, mais la moitié de son secret ; il nous dira : Oui, je peins les hommes sous le masque des animaux. […] Il est difficile de dire mieux : « Je peins de hommes ! […] Il n’a pas dit « pour peindre les hommes », mais « pour instruire les hommes » et, comme il dit plus haut : la fable contient des vérités qui servent de leçons. […] La Fontaine nous peint les animaux, et cette fois en eux-mêmes, comme ils sont ou comme il croit les voir, il nous peint les animaux pour qu’ils nous servent de maîtres, pour qu’ils nous apprennent quelque chose et par leurs défauts, et par leurs qualités.
On a beaucoup trop loué Corneille sur la vérité des caractères romains qu’il peignait. […] La nature que peint Racine est plus vraie pour nous : ne pourrait-on pas dire que cette vérité date précisément de Racine ? […] Voilà comment Corneille a peint si peu de pures passions : il a peint des exaltés, des fanatiques, mais toujours des passionnés intellectuels, qui voient leur passion, la raisonnent, la transforment en idées, et ces idées en principes de conduite. […] Il a peint des femmes toujours viriles, parce que toujours elles agissent par volonté, par intelligence, plutôt que par instinct ou par sentiment. […] Peindre la volonté vaincue, ou demi-vaincue, ce n’est pas peindre la volonté.
Peindre la France, les mœurs, les âmes, la physionomie nationale, la couleur des choses, la vie et l’humanité de 1789 à 1800, — telle a été notre ambition. […] Nous voulons seulement ajouter aux recherches connues, aux documents publiés, l’inconnu et l’inédit, nous réservant de raconter d’un bout à l’autre, de peindre en pied, les personnages oubliés ou dédaignés par l’histoire. […] La patrie est un homme et n’est plus qu’un homme : et c’est l’homme même que l’histoire va peindre. […] Elle ne négligera rien pour peindre l’humanité en pied. […] Nous l’avons évoqué dans ces monuments peints et gravés, dans ces mille figurations qui rendent au regard et à la pensée la présence de ce qui n’est plus que souvenir et poussière.
C’est ce couvent même qu’elle a peint sans doute dans Adèle de Sénange. […] Pourtant, comme art accompli, comme pouvoir de composer, de créer en observant, d’inventer et de peindre, Eugène est une plus grande preuve qu’Adèle. […] Avec une situation fondamentale qui est la nôtre, situation qu’on déguise, qu’on dépayse légèrement dans les accessoires, il y a moyen de s’intéresser à peindre comme pour des mémoires confidentiels et d’intéresser à notre émotion les autres. […] D’autres ont peint le dix-huitième siècle par des aspects moqueurs ou orageux, dans ses inégalités ou ses désordres. […] Mme de Souza a voulu peindre, par la liaison du vieux M. d’Entrague et de Mme de Nançay, ces amitiés d’autrefois, qui subsistaient cinquante ans, jusqu’à la mort.
En exprimant ce qu’on éprouve, on peut avoir un style poétique, recourir à des images pour fortifier des impressions ; mais la poésie proprement dite, c’est l’art de peindre par la parole tout ce qui frappe nos regards. […] La description du printemps, de l’orage, de la nuit, de la beauté, des combats, peut se varier dans ses détails ; mais la plus forte impression a dû être produite par le premier poète qui a su les peindre. […] Tous les objets se présentent un à un aux regards d’Homère ; il ne choisit pas toujours avec sévérité, mais il peint toujours avec intérêt. […] L’esprit qui les conçoit est sans cesse ramené vers elles ; et il serait impossible aux modernes de faire abstraction de tout ce qu’ils savent, pour peindre les objets comme les anciens les ont considérés. […] L’amour, tel qu’ils le peignaient, est une maladie, un sort jeté par les dieux, un genre de délire, qui ne suppose aucune qualité morale dans l’objet aimé.
Les Anglais observent la nature, et savent la peindre : mais ils ne sont pas créateurs. […] la piété d’Adam et d’Ève, les différences primitives du caractère et de la destinée des deux sexes sont peintes comme la philosophie et l’imagination devaient les caractériser52. […] Que de réflexions profondes et terribles ne reste-t-il pas de ces Nuits d’Young, où l’homme est peint considérant le cours et le terme de sa destinée, sans cette illusion qui nous fait nous intéresser à des jours comme à des siècles, à ce qui passe comme à l’éternité ! […] L’attention sert en toutes choses aux Anglais, soit pour peindre ce qu’ils voient, soit pour découvrir ce qu’ils cherchent. […] Les anciens romans français peignent des aventures de chevalerie, qui ne rappellent en rien les événements de la vie.