Y a-t-il bien de l’à-propos enfin à venir nous peindre un tel homme en ce moment ? […] Il me semble qu’on n’en est guère là, et l’on aurait chance bien plutôt de peindre avec vérité un homme résolu à tout, déterminé à faire fortune, à se conquérir un nom, un état, une influence, une considération presque, ou du moins tout ce qui en tient lieu socialement et la représente, et cela en envoyant promener sa conscience et même le respect humain, mais en osant, en voulant fortement, en s’imposant.
« À toi, Lacoste, qui resteras peut-être dans l’ombre, simple et beau comme ce rosier que tu as peint au fond du vieux jardin triste. » M. […] Le village qu’il peint est le village où il habite.
L’idée de ce que nous avons peint est toûjours plus présente à notre esprit que l’idée de ce qu’ont peint les autres.
Pour éclairer l’avenir encore obscur de Constantinople, il remonte dans les profondeurs de son passé et nous peint, dans une fresque au plus éclatant vermillon, l’énorme et houleux panorama d’hommes et de choses qui s’étend, se roule et se perd à l’horizon des siècles, depuis les rives du Bosphore jusqu’au Danube, et du fond de la Perse au Pont-Euxin ! […] Le livre de Méry se recommande surtout par la forte ressemblance de ces grands portraits : Justinien, Mahomet, Mahomet II, Bajazet, Soliman, Mahomet III, Murad, Mustapha III, etc., peints avec la fièvre d’un pinceau que nous avons vu trembler bien des fois de cette inspiration mystérieuse qui n’en distribua pas moins justement et splendidement la lumière.
Je n’avais rien connu par moi-même, rien vu de ce que je peignais, je devais donc posséder par anticipation la connaissance des différentes conditions humaines. […] Lorsque plus tard j’ai vu que le monde était réellement comme je l’avais pensé, il m’ennuya, et je perdis toute envie de le peindre. Oui, je peux le dire, si pour peindre le monde j’avais attendu que je le connusse, ma peinture serait devenue un persiflage. » C’est ainsi que Goethe disait de Byron que le monde était pour lui transparent, et qu’il pouvait le peindre par pressentiment. […] Les régions de l’amour, de la haine, de l’espérance, du désespoir, toutes les nuances de toutes les passions de l’âme, voilà ce dont la connaissance est innée chez le poète, voilà ce qu’il sait peindre. […] Les murs extérieurs, peints en blanc, étaient entièrement garnis de rosiers disposés en espaliers, qui avaient grimpé jusqu’au toit.
Ils ne sçavoient pas même peindre avec les mineraux et les autres couleurs naturelles qui viennent de leur païs. […] Ils y surpassent même leurs originaux, à ce que j’ai oüi dire à des personnes qui ont vû dans le Mexique plusieurs coupoles peintes par des artisans indiens. […] La premiere en entrant dans l’église est peinte par Fra Sebastien Del Piombo . […] Raphaël en peignant les nopces de Psyché sur la voûte du sallon du petit farnese, a traité son sujet comme s’il étoit peint sur une tapisserie attachée à ce plafond. Le Correge met des figures en l’air dans l’assomption de la vierge qu’il peignit dans la coupole de la cathédrale de Parme, et dans l’ascension de Jesus-Christ qu’il peignit dans la coupole de l’abbaïe de saint Jean de la même ville.
C’est là, sans doute, qu’il se proposait de peindre « toutes les espèces à qui la nature ou les plaisirs (per Veneris res) ont ouvert les portes de la vie. » « Traduire quelque part, se dit-il, le magnum crescendi immissis certamen habenis. » Il revient, en plus d’un endroit, sur ce système naturel des atomes, ou, comme il les appelle, des organes secrets vivants, dont l’infinité constitue L’Océan éternel où bouillonne la vie. […] Les déluges, qu’il s’était d’abord proposé de mettre dans le premier chant, auraient sans doute mieux trouvé leur cadre dans celui-ci : « Peindre les différents déluges qui détruisirent tout… La mer Caspienne, lac Aral et mer Noire réunis… l’éruption par l’Hellespont… Les hommes se sauvèrent au sommet des montagnes : Et velus inventa est in montibus anchora summis. […] La ville d’Ancyre fut fondée sur une montagne où l’on trouva une ancre. » Il voulait peindre les autels de pierre, alors posés au bord de la mer, et qui se trouvent aujourd’hui au-dessus de son niveau, les membres des grands animaux primitifs errant au gré des ondes, et leurs os, déposés en amas immenses sur les côtes des continents. […] Il guettait de l’œil, comme une tendre proie, les excellents vers de Denys le géographe, où celui-ci peint les femmes de Lydie dans leurs danses en l’honneur de Bacchus, et les jeunes filles qui sautent et bondissent comme des faons nouvellement allaités, … Lacte mero mentes perculsa novellas ; et les vents, frémissant autour d’elles, agitent sur leurs poitrines leurs tuniques élégantes. […] André, dans ses notes, emploie, à diverses reprises, cette expression : j’en pourrai faire un QUADRO ; cela paraît vouloir dire un petit tableau peint ; car il était peintre aussi, comme il nous l’a appris dans une élégie : Tantôt de mon pinceau les timides essais Avec d’autres couleurs cherchent d’autres succès.