Fontanes, plus sérieux, et qui préludait à son rôle de critique et d’arbitre du goût, saluait Barthélemy par une épître qui commence en ces mots : D’Athène et de Paris la bonne compagnie A formé dès longtemps votre goût et vos mœurs… Le succès enfin, sauf quelques protestations isolées, fut soudain et universel ; les Français savaient un gré infini à l’auteur d’avoir continuellement pensé à eux quand il peignait les Athéniens, et ils applaudissaient avec transport à une ressemblance si aimable. […] Dans l’intervalle on a mille diversions instructives, des retours vers l’antique histoire, des conversations dans les bibliothèques, des dissertations érudites et non épineuses, des rencontres d’hommes célèbres peints avec assez de physionomie et de vérité, des chapitres tout à fait heureux dans le genre tempéré, tels que la visite qu’on fait à Xénophon à Scillonte. […] Je ne veux pas dire qu’il la peignit simplement, ni de la manière qu’elle-même, en son meilleur temps, eût préférée ; je dis seulement qu’avec les moyens et les procédés de couleur qui étaient à lui, il nous rendit vivement la sensation de la Grèce. […] Un seul trait vous peindra la douceur de son âme philanthropique : « Que n’est-il donné à un mortel, s’écriait-il souvent, de pouvoir léguer le bonheur !
Les deux caractères sont peints demain de maître, et se font valoir mutuellement. […] Il ne faut pas peindre des décorations quand on a prouvé que l’on pouvait peindre des tableaux. […] Murger a peint dans un de ses livres cette espèce du genre. […] Ne peindre que le revers de la médaille, ce n’est pas peindre le monde réel. […] Victor Hugo peint monseigneur Myriel comme ayant un goût très vif pour la culture des fleurs.
Le poète de la Chanson des gueux ne les peint pas que de par dehors, pour le seul plaisir île faire du pittoresque. […] Il sait s’incarner dans les gueux qu’il peint Mais il n’a pas, malheureusement, il faut bien le dire, le seul sentiment qui l’aurait mis au-dessus de ses peintures, le sentiment qui lui aurait fait rencontrer cette originalité que Villon, […] Il a peint avec verve, parfois avec vérité, les gueux des champs et les gueux des faubourgs.
La Poésie n’a jamais été & ne sauroit être regardée que comme une imitation de la Nature, la peinture des objets & des passions : le but du Poëte doit donc être de peindre. […] L’Eloquence peint sans doute ; mais dira-t-on pour cela qu’un Orateur soit Poëte ? […] Quand on est capable d’avancer1 que Boileau ne doit être regardé que comme un simple Versificateur ; que tous les Littérateurs du siecle dernier, à l’exception de Perrault, de Boindin, de Terrasson & de la Mothe, n’étoient pas en état de fournir à l’Encyclopédie une seule page qu’on daignât lire2 aujourd’hui ; que Racine n’a jamais su peindre que des Juifs3 ; que Corneille n’a fait que des Scenes, & pas une bonne Piece4 ; que la Fontaine n’a fait tout au plus que trente bonnes Fables1 ; que J.
Au milieu des raisonnements politiques, appuyés de faits, qui sont le fond de cet ouvrage, évidemment écrit pour des lettrés qui savent ou doivent savoir l’histoire, et où il n’y a jamais le terre-à-terre d’une narration, se dressent, peintes, deux à trois figures, auxquelles l’auteur attache l’éclair qu’il a mis à la figure de Henri IV, ce sensé, qui n’eut jamais, en faisant le huguenot, une seule des passions huguenotes, qui voyait clair en se cachant, et honora toujours l’Église, même quand il l’insultait ! […] Mais de toutes les figures que Segretain nous a peintes, celle qui domine, à dessein, toutes les autres, est la majestueuse figure de Sixte-Quint, opposée à la figure de Henri IV, dans ce livre qui porte leurs deux noms, mais non dans un but d’antithèse. […] Le détail dans lequel nous ne pouvons entrer, on le trouvera dans Segretain, qui a peint cette figure de Sixte, impersonnelle comme la Sagesse, la Justice et la Charité, avec l’intelligence d’un homme qui a le sentiment de la Papauté.
Ils ne le racontaient pas pour le raconter, et ils ne le peignaient pas pour le bonheur et le mérite stériles de le peindre. […] Dans leur chapitre consacré à « l’amour » au xviiie siècle, et quand ils arrivent à la dépravation de ce sentiment tel qu’il est peint dans Les Liaisons dangereuses, par exemple, ce hideux chef-d’œuvre qui n’est pas le conte d’un infernal génie, mais une infernale réalité, ces historiens, sensibles et non impassibles, de la Femme au xviiie siècle, ont une indignation et un accent superbes, et, pour mon compte, je ne crois pas que leur talent soit allé jamais au-delà !
Ce ne sont pas les grands artistes par la délicatesse et par la beauté pure de l’idéal, bien plus difficile à comprendre… Assurément cet idéal, que Guérin souffrait tant de ne pouvoir saisir comme il le voyait, pour l’emprisonner dans la forme vive et diaphane d’une langue digne de le contenir, cet idéal rayonne, comme un ciel lointain, à travers les paysages qu’il nous a peints ; mais il n’y rayonne que pour ceux qui savent l’y voir ; tandis que pour le plus grand nombre, que la réalité visible attire, ce qui constituera le grand mérite de ces paysages, c’est leur vie, c’est la vérité d’impression de ces aperçus, transposés de la vision plastique dans la vision littéraire… et qui nous effacent presque du coup les paysagistes les plus vantés : Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, madame Sand, dont la seule qualité qui n’ait pas bougé dans des œuvres déjà passées est d’être une paysagiste ! […] Mais Guérin, lui, est vrai comme Claude Lorrain, et s’il nous avait peint le Midi comme il nous a peint l’Ouest, le pays du soleil au lieu du pays des nuages, il aurait eu la transparence orangée de Claude et l’or fusible de son incroyable lumière.