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492. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Toute la Suisse française est dans ce cas ; ancien pays roman qui s’est dégagé comme il a pu de la langue intermédiaire du moyen âge, et qui, au XVIe siècle, a élevé sa voix aussi haut que nous-mêmes dans les controverses plus ou moins éloquentes d’alors. […] Ces restes de richesses, piquantes à retrouver sur les lieux, et qui sont comme des fleurs de plus qui les embaument, n’ont guère d’ailleurs d’application littéraire, et les écrivains du pays en profitent trop peu. […] Genève est le pays qui a envoyé et comme prêté au monde le plus d’esprits distingués, sérieux et influents : De Lolme à l’Angleterre, Le Fort à la Russie, Necker à la France, Jean-Jacques à tout un siècle, et Tronchin, Étienne Dumont, et tant d’autres, en même temps qu’elle en a recueilli et fixé chez elle un grand nombre d’éminents de toutes les contrées aux divers temps. […] Töpffer, nous le verrons, ne paraît pas s’être posé la difficulté ainsi, et c’est pour cela peut-être qu’il en a mieux triomphé ; il n’a pas cherché à être français ni attique, il a été de son pays avec amour, avec naïveté, un peu rustiquement, cachant son art, et il s’est trouvé avoir du sel et de la saveur pour nous. […] Quoi qu’il en soit, voilà une idylle véritable, née du pays, fille du Salève, et digne de se placer modestement à la suite de toutes celles qui ont fleuri, depuis Nausicaa, la première de toutes et la plus divine, jusqu’à Hermann et Dorothée.

493. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Ces hommes ne sont pas dignes de si généreuses fidélités ; aussi n’est-ce pas à eux qu’on est fidèle : c’est à l’honneur et à son pays ! […] Protestant et né dans un pays où le divorce est autorisé par la loi civile et par la loi religieuse, il se flatta que la belle Juliette consentirait à faire rompre le mariage qui faisait obstacle à ses vœux, et il lui proposa de l’épouser. […] Le sentiment amer des humiliations de son pays se mêle aux expressions de sa tendresse ; il sollicite l’accomplissement de promesses échangées, et demande avec instance, avec prière, une occasion de se revoir. […] Je pars demain pour les hautes montagnes de l’Oberland ; la sauvage nature du pays sera d’accord avec la tristesse de mes pensées, dont vous êtes toujours l’objet ! […] Il souffre impatiemment cet exil dans un pays sans terre et sans ciel, pays fait pour l’intrigue et la guerre, et non pour la poésie.

494. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

L’un est l’art dans un pays déjà civilisé : Molière. L’autre est la nature dans un pays déjà cultivé aussi, mais sans goût encore. Voltaire a dit un sauvage ivre ; nous ne dirons pas une telle grossièreté, mais nous disons un novice de génie dans un pays à l’aurore de sa littérature. […] Le roi lui donne en souveraineté le pays qu’il a reconquis, et la scène change (Macbeth et Banquo). […] Ce mot était tellement sur toutes les lèvres qu’il est sorti à la fois et à l’unanimité du fond du pays ; de cette heure, il n’y a pas eu un moment de repos pour moi ; comme le bouc expiatoire d’Israël, j’ai été rejeté hors des murs et déclaré coupable du salut commun.

495. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Le Français ne se sent plus dans le climat de son pays. […] Elle correspond à un raffinement — appelez-le maladif si vous voulez — de civilisation dans un vieux pays. […] Il faut bien se faire holocauste pour renouveler la sensibilité d’un pays ou d’une époque. […] Il est entendu que le terme d’Orient s’entend de tous les pays chauds qui vont de l’Inde au Maroc. […] Après la lecture de l’Enquête aux pays du Levant, il faut y joindre Maurice Barrès.

496. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Éphémérides poétiques, 1891-1900 » pp. 179-187

Laurent Tailhade : Au pays du mufle. — Vitraux. […] — Le Pays de France (Joachim Gasquet).

497. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Et puis, ce voyageur était peut-être un étranger, tombé loin de son pays, comme cet illustre inconnu sacrifié par la main des hommes, loin de sa patrie céleste ! […] Une mère perdait-elle un fils dans un pays lointain, elle en était instruite à l’instant par ses songes.

498. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Les protestants, de leur côté, disent que la vraie tradition de la Réforme est en France, que le salut de la France, c’est le salut du protestantisme, et le Comité protestant de propagande française, dans sa « Réponse à l’appel allemand aux chrétiens évangéliques de l’étranger », déclare : « Nous sommes résolus à marcher cœur à cœur avec nos frères d’Angleterre, et coude à coude avec nos amis d’Amérique, de la Suisse romande, de Hollande, des Pays scandinaves, ayant la certitude de représenter avec eux la tradition la plus pure de la Réforme du xvie  siècle, cette qui entend unir toujours plus étroitement à la pitié évangélique la pratique de la justice, le respect de l’indépendance d’autrui et le souci de la grande fraternité humaine ». […] Supposez Karl Marx ignorant ces deux pays, il eût ignoré comment naissent les idéals ouvriers.

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