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1230. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

Partout vos concitoyens réclament le libre exercice de tous les cultes ; partout ces hommes simples et bons qui couvrent nos campagnes et les fécondent par leurs utiles travaux tendent leurs mains suppliantes vers les pères du peuple en leur demandant qu’il leur soit enfin permis de suivre en paix la religion de leur cœur, d’en choisir à leur gré les ministres et de se reposer, au sein de leurs plus douces habitudes, de tous les maux qu’ils ont soufferts !  […] Les raisons politiques, tirées de l’état présent des esprits, ne manquaient pas à l’argumentation de Camille Jordan : il les développait pleinement et les mettait en lumière ; mais elles étaient vraies alors et avouées, ces raisons de prudence sociale et de sagesse, partout autre part qu’au sein des corps officiels, pour qui l’intérêt personnel et l’instinct de conservation offusquaient le droit, et qui, sans cesse sur la défensive et se sentant menacés, n’avaient de prochain salut et de ressource que dans une crise violente. […] Vous, simples citoyens, ne cessez de réclamer ces assemblées primaires qu’aucune puissance n’a droit à vous ravir… Dites-vous bien que telle est en France l’immense majorité des amis de l’ordre, que, même après qu’elle est décimée, il en reste partout assez pour comprimer la horde impure qui a juré le pillage de vos fortunes et l’assassinat de vos personnes.

1231. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

D’abord, le vulgaire en aucun pays ne se connaît en beaux vers, et partout il aime passionnément les spectacles. […] Il se jette au cœur des réalités qu’il veut connaître, sort de lui-même pour mieux éprouver la puissance de l’objet, ne juge rien à un point de vue absolu, parce que les jugements absolus isolent ce qui n’est pas isolé, fixent ce qui est mobile dans un monde où tout se touche et s’enchaîne, se limite et se prolonge ; il conserve toujours, partout, ce calme et ferme esprit d’observation que rien n’étonne, qui sait rendre instructives jusqu’aux folies de nos semblables, jusqu’à leurs apparentes déviations de l’ordre et de la loi394. […] Soit que Vénus sorte du bain, ou que le jeune Bacchus sourie dans les bras d’un satyre, partout règne une harmonie idéale ; l’âme circule librement, répandue dans tous les membres ; elle n’est pas concentrée en un point unique ; il n’est rien dans le corps, dont aucune partie n’est voilée, qu’elle n’anime et ne purifie. […] À la ville comme à la cour, partout où étaient ses yeux et ses oreilles, il regardait, écoutait en silence.

1232. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Partout des maisons, aux fenêtres léchées de flammes, par le trou vide desquelles s’entrevoit le bleu du ciel. […] Les gardes nationaux foisonnent, et partout s’élèvent des barricades, couronnées de méchants gamins. […] Sur tous les escaliers battent, entr’ouvertes, les portes des lieux, et cela sent très mauvais partout. […] Partout des altercations entre les bourgeois et les gardes nationaux. […] On aperçoit partout des soldats, habillés de toile blanche, promener leur balourde gaieté, des domestiques mener à la main des chevaux battant la terre française de leurs ruades, et partout dans les maisons, dans les jardins résonne le ia vainqueur.

1233. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable ; Il doit régner partout, et même dans la fable. […] Le combat de la nature et de l’ambition est de tous les temps et de tous les pays, parce que les passions, partout où il y a des hommes, luttent contre la nature. […] Achille s’exprime partout avec une éloquence presque divine ; mais ses pensées et ses raisonnements ne répondent pas toujours à son style : quelquefois, au lieu du vrai sublime, au lieu de la véritable grandeur d’âme et de la noble intrépidité qui fait les héros, on trouve la jactance, la présomption, la témérité, les bravades, les chevaliers errants. […] Il voyait entrer tout le monde, faisait placer les dames, maintenait l’ordre partout. […] Le caractère de Bernadille est mieux soutenu ; il est partout et constamment grossier, brutal, emporté et sot ; ce qui n’empêche pas qu’il ne soit très théâtral, très comique, et d’une vérité frappante ; c’est la pauvre nature humaine toute pure.

1234. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il oublie qu’un gentilhomme, qu’un homme de lettres aussi, doit se trouver partout dans son naturel. […] — Parce que c’est beau d’abord, et que le génie a ses droits partout ; ensuite parce qu’un homme, aux talents près, ressemble à un autre, et que c’est à la tragédie de notre propre nature que nous nous intéressons dans le monologue tragique de Chateaubriand. […] Ce n’est pas voir Dieu en tout, comme il l’a dit spirituellement lui-même, que de le voir partout (deuxième préface de Jocelyn). […] L’injustice est partout. […] On la trouve dans ses préfaces des Odes, dans sa préface de Littérature et philosophie mêlées, dans son Discours à l’Académie française, dans « Fonctions de poète » (Rayons et Ombres), partout.

1235. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il y avait partout des tombes très simples, d’une forme harmonieuse, à peine ornées de stèles modestes, avec des inscriptions douces à la vue. […] Aujourd’hui les Athéniennes viennent de partout. […] En Provence, dans le pays catalan, ou le long des côtes de la Pouille, partout où mes yeux le rencontrèrent, l’olivier a fait battre mon cœur. […] Mon cœur emportera dans la tombe intacte la noble image que je m’en suis formée. — J’eusse aimé la mer partout ; mais c’est là que je l’aime. […] J’ai entendu faire l’éloge de son talent un peu partout à Athènes.

1236. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

La tradition historique est partout extrêmement courte : il est bien rare, quoi qu’on en ait dit, qu’elle dépasse de beaucoup une génération. […] Mais partout ailleurs, c’est le nouveau type, le vrai Juif Errant, l’éternel marcheur, qui passe sans s’arrêter devant les peuples ébahis. […] La bonne leçon devait résulter de la comparaison des deux familles entre elles : je n’entre pas dans le détail de cette comparaison ; je dirai seulement qu’elle donne comme résultat un texte qu’on peut regarder comme partout satisfaisant. […] Laffi se laisse ici influencer par les poèmes italiens, qui ont introduit partout Rinaldo : la seconde masse, qu’on montre encore, est attribuée à Olivier. […] Ils voulaient la retrouver partout.

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