Le pacifisme chrétien du Pays de Galles créa une atmosphère qui nuisit au manifeste du parti. […] Un souvenir de Jaurès planait sur l’ensemble du parti et faisait barrage à cette manœuvre. […] Ce pouvait être paradoxal de réunir un congrès quand toutes les sections avaient leurs équipes mobilisées, mais cela maintenait le mécanisme légal du parti. […] Ces zimmerwaldiens et kienthaliens font la difficulté principale du parti socialiste. […] Mais à chaque fois qu’ils formulaient une proposition, le parti de défense nationale l’emportait.
La tâche essentielle de la politique est de créer artificiellement des courants d’opinion, à l’aide de groupements : partis, comités, ligues, etc., où l’on pratique le compelle intrare et le compelle remanere et où l’individu indépendant ne peut guère faire entendre sa voix au milieu du bruit tumultueux et confus des voix anonymes. […] La classification des partis s’impose à moi toute faite. Tant pis si aucun des partis ne répond à mes aspirations. […] Ostrogorski a bien raison de montrer que le système des partis « décourage, par le formalisme qu’il établit, l’indépendance d’esprit du citoyen, l’énergie de sa volonté et l’autonomie de sa conscience94 ». […] Ostrogorski, La Démocratie et l’organisation des partis politiques.
Un jour d’Aubigné brûla ces papiers de peur d’être jamais tenté d’en faire usage, surtout à l’égard de L’Hôpital qui avait depuis désavoué le parti : « J’ai brûlé ces pièces, disait-il, de peur qu’elle ne me brûlassent. » Mais il les avait montrées auparavant à plusieurs personnes de marque. […] À la mort du second prince de Condé (1588), il exprime en ces termes les regrets du parti : Longtemps après, le parti des réformés sentit cette perte comme d’un prince pieux, de bon naturel, libéral, d’un courage élevé, imployable partisan (inflexible chef de parti), et qui eût été excellent capitaine pour les armées réglées et florissantes ; car ce qui lui manquait aux guerres civiles était qu’estimant les probités de ses gens à la sienne, il pensait les choses faites quand elles étaient commandées, et n’avait pas cette rare partie, principale au roi de Navarre, d’être présent à tout. […] Et il lui conseille de ne point se soucier de ceux qui menacent de changer de parti si lui-même il ne change sur l’heure de religion : Gardez-vous bien de juger ces gens-là sectateurs de la royauté pour appui du royaume, ils n’en sont ni fauteurs ni auteurs… Quand votre conscience ne vous dicterait point la réponse qu’il leur faut, respectez les pensées des têtes qui ont gardé la vôtre jusques ici ; appuyez-vous, après Dieu, sur ces épaules fermes, et non sur ces roseaux tremblants à tous vents ; gardez cette partie saine à vous, et dedans le reste perdez ce qui ne se peut conserver. […] Ayant pris part à toutes les menées et révoltes du parti qui signalèrent les premières années du règne de Louis XIII, mécontent des siens pour le moins autant que de la Cour, il jugea prudent à un moment de sortir de France et de se réfugier à Genève. […] Sans se dissimuler quelques exagérations de ton et les jactances ou les fougues de pinceau, elle reconnaît en lui la force, la conviction, l’honneur, ce qui rachète bien des défauts et des faiblesses ; elle l’accepte volontiers, malgré les contradictions et les disparates, comme le représentant de ce vieux parti dont il avait le culte et dont il cherche à rehausser la mémoire.
Une phrase malheureuse qui lui échappa, et sur laquelle nous reviendrons, le fit plus homme de parti qu’il n’aurait fallu. […] C’est à ce dernier parti que Barnave se rallia franchement, sans arrière-pensée ; mais sa marche ne fut pas exempte d’entraînements, de déviations et d’erreurs. […] Mais en ce qui est de la France, de la connaissance des partis, du jeu des divers éléments, de leur qualité et de leur force relative, il est juge excellent. Ce qu’il dit du parti modéré, du parti constitutionnel d’alors, de cette majorité saine de la nation, de cette bourgeoisie dont il était l’honneur et qu’il connaissait si bien, est digne de remarque : Le parti modéré, qui, soit par le nombre, soit par la composition, pourrait être regardé comme la nation même, est presque nul pour l’influence ; il se jette, à la vérité, pour faire poids, du côté qui cherche à ralentir le mouvement, mais à peine ose-t-il expliquer publiquement son vœu. […] Ce parti a toujours lâchement abandonné ses chefs, tandis que le parti aristocratique ou populaire a toujours vaillamment soutenu les siens.
Le parti ultra fit invasion dans le pouvoir en 1820, et dès lors ne lâcha plus pied qu’il ne fût le maître absolu. Ce parti, qui se composait du groupe politique et du groupe religieux, avait pour lui l’organisation, l’ensemble, et ne ménageait aucuns moyens. […] Mitis est un laïque, un écrivain qui a de certains emplois secrets peu honorables, et qui finissent par tourner contre lui-même : « Il y a dans ce moment-ci, dit-il à un ancien ami qu’il veut séduire, deux partis très distincts dans le gouvernement, le parti religieux qui mène, et le parti politique qui se lasse d’être mené. […] De cette façon, nous pourrons toujours compter sur un protecteur dans le parti triomphant. […] Nullement homme de parti d’ailleurs, se moquant des deux côtés, et sachant que l’espèce est partout la même.
Que dites-vous de plus et qu’ai-je dit de moins que vous, hommes de bien de tous les partis ? En morale, il n’y a pas de partis, il n’y a qu’une conscience. […] Le vice et la vertu changent-ils de nom en changeant de parti ? […] L’histoire ne lit que dans la conscience des partis. […] Ce fut la puissance des partis désespérés et des résolutions sans retour.
Mais, soit nature, soit habileté politique, il ne se prononçait pas nettement encore avec le parti des saints de ses amis. […] V Il resta quelque temps le coryphée du parti légitimiste et ultra-religieux ; puis, après la révolution de 1830, il alla à Rome avec M. de Montalembert et quelques autres jeunes gens de ce parti, offrir au souverain pontife on ne sait quelle alliance équivoque. […] Mais, soit qu’il voulût trouver dans un parti contraire l’appui qu’il cherchait vainement dans le mien et qu’il désirât se lier avec M. […] J’y connus les hommes principaux du parti royaliste. […] Les mouvements d’un grand peuple bien compris sont presque toujours plus humains que les passions d’un parti ; il n’a personne à craindre et personne à flatter.