L’Institut est un corps de l’État : les pensées, les opinions de chacun de ses membres sont diverses et libres ; mais chaque président, chaque secrétaire perpétuel, portant la parole dans les séances publiques au nom de la compagnie qu’il représente, ne parle plus en son nom propre, et s’il lui arrive de froisser à dessein les opinions et les vues paisibles de beaucoup de ses collègues, il est dans le cas d’être redressé par l’un d’eux. […] Damiron, président actuel de l’Académie des sciences morales et politiques, n’est pas de ceux qui blessent : il a commencé, en quelques paroles très émues, par préconiser le discours éloquent qu’on allait entendre, et que, disait-il, il ne voulait point retarder ; il a annoncé M. […] Il aurait pu marquer avec plus d’énergie le malheur qu’il y eut pour lui à y entrer, les versatilités un peu promptes qu’on lui reprocha, les influences qu’il ne savait pas écarter ; car cet homme qui, au premier abord, avait l’intelligence si haute et la parole si absolue, avait le caractère faible, ou du moins il l’eut tel dans les dernières années. […] Cousin allait à l’École normale présider une conférence, voulant exprimer le goût qu’il a pour cette formation et cette manipulation des esprits, il disait de ce ton légèrement exagéré où le vrai et le comique se confondent : « Je suis un pédagogue, j’aime la pédagogie ; j’ai fait quelques ouvrages, mais ce que j’ai peut-être fait de mieux, c’est encore Jouffroy, qui est presque un homme. » Ces paroles sont de toute exactitude. — Quant à M. […] [NdA] Une science conjecturale, ou du moins contestable dans son principe. — Quelques jours après cette parole écrite, et comme pour la réfuter, M.
Mais, il y a un peu plus d’une année, d’autres élèves, et d’une tout autre origine, lui sont venus et ont réclamé le docte office de sa parole. […] Il ne se peut de pages plus frappantes dans cet ordre de croyance, de paroles plus étonnantes et plus souveraines dans leur affirmation que celles par lesquelles Bossuet nous exprime et nous figure comme il l’entend le Dieu de Moïse, qui est le Dieu de Polyeucte, le Dieu d’Athalie, le Dieu d’Eslher, tel que l’ont défini dans leur émulation pieuse ces génies de poètes religieux ; mais la définition de Bossuet reste la plus marquante et la plus haute. […] Ceux qui ont le plus étudié et le mieux pénétré le caractère des poésies sacrées et des cantiques des Hébreux, les Lowth, les Herder, n’ont rien dit que Bossuet n’ait exprimé avant eux d’une parole pleine et sommaire. […] On sait la parole célèbre : « Tout était Dieu, excepté Dieu même. » Israël avait presque perdu ses titres ; Moïse les lui a rendus. […] Bossuet les a admirablement compris tous deux dans son sens d’orthodoxie et les a célébrés de la plume ou de la parole, comme nul autre que lui ne l’a su faire.
Il défendait la moindre parole dure 241, il interdisait le divorce 242 et tout serment 243, il blâmait le talion 244, il condamnait l’usure 245, il trouvait le désir voluptueux aussi criminel que l’adultère 246. […] Et, quand tu pries, ne fais pas de longs discours comme les païens, qui s’imaginent devoir être exaucés à force de paroles. […] La palme est à celui qui a été puissant en paroles et en œuvres, qui a senti le bien, et au prix de son sang l’a fait triompher. […] Si elle ne paraît qu’une fois en saint Jean (III, 3 et 5), c’est que les discours rapportés par le quatrième évangile sont loin de représenter la parole vraie de Jésus. […] Parole rapportée dans les Actes, XX, 33.
. — Paroles vers Elle (1895). — Sur la route (1896). — Impressions grises (1897). — Pierrot (1898). — Poèmes (1895-1899, 1899). — Confidences (1900). […] Maurice Le Blond Ce que je préfère de beaucoup dans les Paroles vers Elle, c’est leur gaucherie exquise à la fois d’expression et de sentiment.
— Ses paroles sur la guerre ; — sur le don du commandement ; — sur le travail ; — sur la règle des vingt-quatre heures dans la tragédie […] Quelques jours après avoir été retiré de la direction de l’instruction publique et mis au Sénat (septembre 1802), le premier consul lui dit chez Mme Bonaparte : « Eh bien, citoyen Roederer, nous vous avons placé entre les Pères conscrits. » — « Oui, général, répliqua-t-il, vous m’avez envoyé ad patres. » À cette parole un peu épigrammatique, Bonaparte répondit gravement : « Le Sénat n’absorbe plus » ; ce qui revenait à lui dire : Vous n’êtes point condamné à une sorte d’inaction. […] Je me borne, pour ces années, à noter quelques paroles tirées çà et là des conversations de l’empereur, et par lesquelles cette grande nature continue de se définir elle-même avec l’accent qui lui est propre. […] Ces paroles, même décousues, et que j’extrais de conversations très suivies, suffisent à donner la force du jet, à faire sentir la note et l’accent. […] Prenant acte de ces paroles de Brantôme et leur donnant un sens rigoureux, Roederer avait tâché d’en tirer toute une série de conséquences.
Saint-Simon, présent à de telles paroles, et qui avec son œil de lynx lisait dans tous les plis de cet amour-propre avantageux et content de soi, content de se déployer au soleil, ne se sentait pas de colère : « Je laisse à penser, écrit-il, en une circonstance pareille, comment ce mot fut reçu venant d’un compagnon de sa sorte, élevé et comblé au point où il se trouvait. » Je doute cependant que l’éloquent duc et pair ait éclaté devant Villars, mais il rentrait chez lui outré, grinçant des dents, la tête fumante, et il couchait sur le papier toutes ses indignations contre cet homme « le plus complètement et le plus constamment heureux de tous les millions d’hommes nés sous le long règne de Louis XIV », et qui prétendait se donner comme heureux en effet sans doute, mais comme n’ayant pas atteint à toute sa fortune. […] Villars, qui connaissait l’électeur de longue main, croyait que le meilleur parti à prendre avec lui était celui de la hauteur pour lui imposer et fixer les incertitudes d’un esprit peu solide, assez beau en paroles, mais qui n’avait nulle résolution arrêtée, surtout en matière de guerre. […] Il était très bon connaisseur en telle matière, et savait à quoi l’on pouvait appliquer chacun, et aussi que chacun n’est pas toujours le même ; il a de curieuses paroles à ce sujet, et qui montrent qu’il y a un moraliste caché intérieur dans tous les chefs qui ont le don du commandement : Ce que je connais tous les jours dans la pratique des hommes, écrit-il à Chamillart, c’est que l’on ne les connaît point. […] Ainsi nous voyons insensiblement se dessiner tout entier Villars et par ses actes et par ses paroles. […] Par un mélange de fermeté, de vigueur et de tolérance, d’adresse à manier les esprits et de discours appropriés, « offrant la grâce à ceux qui se soumettaient, ne faisant point quartier à ceux qui résistaient, et surtout ne leur manquant jamais de parole », Villars réussit, de concert avec M. de Basville, à tout éteindre, du moins à éteindre le mal dans ses principaux foyers.
Le matin de la bataille de Rivoli, quand la tête de la 18e parut, Bonaparte se porta à sa rencontre et dit ces paroles qui devinrent la devise glorieuse de la demi-brigade, et qui seront plus tard brodées en lettres d’or sur son drapeau : « Brave 18e, je vous connais ; l’ennemi ne tiendra pas devant vous. » À ces paroles, les soldats répondirent : « En avant ! […] Les paroles du général font une impression profonde sur les imaginations ; ses actes sont d’un souverain plus que d’un chef d’armée, il y avait déjà habitué ses troupes dans la campagne d’Italie ; il s’exerce plus que jamais à ce rôle pendant toute l’expédition d’Égypte : il y fait son expérience et comme sa répétition de souveraineté et d’empire, à huis clos, dans cet Orient où il est enfermé, et loin de l’Europe qui a les yeux sur lui, mais dont un rideau magique le sépare. Rien ne prouve mieux la force de son ascendant que l’effet que produisent ses paroles sur Pelleport, esprit froid, peu enthousiaste. Ces légions romaines « que vous avez quelquefois imitées, mais pas encore égalées » (paroles de la première proclamation), le préoccupent beaucoup, lui et ses camarades ; il les a sur le cœur. […] Ici laissons-le parler comme nous avons fait si volontiers jusqu’à présent ; il n’est point d’analyse qui puisse équivaloir aux propres paroles, à la fois si contenues et si dignes de réflexion, d’un si brave et si loyal témoin : Le général Compans se retirait sur la butte de Chaumont après avoir vaillamment défendu le pré Saint-Gervais, et la cavalerie et l’artillerie des deux corps d’armée se surpassaient par la vivacité de leurs charges et de leur feu.