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660. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — III. (Suite et fin.) » pp. 128-145

On mettrait tout d’une suite dans ce volume les nombreux articles où il a parlé de Napoléon, son grand sujet favori et qui ne cessa de l’inspirer. […] Si j’étais député, je ne parlerais pas à la tribune comme j’écris dans un journal ; mais il faut écrire dans un journal autrement que lorsqu’on parle en public. Quand on fait de la politique dans un journal, c’est comme si l’on criait au milieu d’une foule ; l’individualité est absorbée, et les ménagements qui donnent un certain relief d’habileté à l’individu qui se présente et parle en son nom, éteindraient sa voix quand il parle au nom de tous et parmi tous. […] Je ne vous parle point politique, non que je craigne pour les lettres qui vous sont adressées les visites du Cabinet noir, mais c’est que nous nous connaissons trop pour que j’aie quelque chose à vous apprendre sur mes sentiments ou quelque curiosité à montrer sur les vôtres. […] Carrel, qu’on crut durant quelques jours dangereusement atteint, fut l’objet de témoignages publics unanimes, et de la part même du parti légitimiste adversaire, et de la part de tout ce qu’on appelait le juste-milieu (y compris le Palais-Royal), sans parler des opposants de toutes les nuances.

661. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

C’est de celle-ci que je parlerai aujourd’hui, comme ayant surtout laissé d’agréables pages historiques, et ouvert dans notre littérature cette série gracieuse de mémoires de femmes qui désormais ne cessera plus, et que continueront plus tard, en se jouant, les La Fayette et les Caylus. […] Dans sa captivité de 1575, s’adonnant à la lecture et à la dévotion, dit-elle, elle nous montre l’étude qui ramène à la religion, et nous y parle du livre universel de la nature, de l’échelle des connaissances, de la chaîne d’Homère, de « cette agréable encyclopédie qui, partant de Dieu même, retourne à Dieu même, principe et fin de toutes choses ». […] Dans ses dernières années, pendant ses dîners et ses soupers, elle avait ordinairement quatre savants hommes près d’elle, auxquels elle proposait, au commencement du repas, quelque thèse plus ou moins sublime ou subtile, et, quand chacun avait parlé pour ou contre et avait épuisé ses raisons, elle intervenait et les remettait aux prises, provoquant et s’attirant à plaisir leur contradiction même. […] Quand elle parle de Bussy d’Amboise, elle contient mal son admiration pour ce brave cavalier, et l’on croit sentir, à l’abondance de la louange, que son cœur déborde ; mais voilà tout. […] Marguerite, devenue de reine aventurière, changea plusieurs fois de lieu, jusqu’à ce qu’elle trouvât dans le château d’Usson cet asile dont j’ai parlé et où elle ne demeura pas moins de dix-huit ans (1587-1605).

662. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Alfred de Vigny »

Tous, ou presque tous, une fois au moins, ont cherché, dans cette source pure le secret du langage qu’ils allaient parler, depuis Aristote, qui a écrit deux poésies qui le classent parmi les grands poètes, jusqu’à Schelling, qui a publié un recueil de vers fort curieux sous le nom de Bonaventure. […] Nous avons déjà parlé de Walter Scott dans la première partie2 de cette étude, de Walter Scott dont les romans ont effacé les poèmes sans effacer le poète. […] Quant au livre en lui-même, c’est le premier effort dont nous parlions plus haut, et il n’a guères que le mérite d’un premier effort. […] Il commença dès lors de s’enfermer dans cette Tour d’ivoire dont on a tant parlé, et dont il sait si artistement ouvrager les murailles transparentes et dentelées. […] Son esprit ressemble à ce cavalier de marbre dont il a parlé, je crois, quelque part, qui, à mesure que son cheval s’agite, devient de plus en plus pesant et fixe sur la selle, le domptant, en le serrant de ses cuisses de marbre, de sa fixité et de son poids.

663. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

De sa femme il n’entend plus parler. […] Elle avait l’air de dire : « Est-ce bien vous qui me parlez ? […] Je parle de ce Paul de Gondi, qui fut le cardinal de Retz. […] difficile de parler de l’une sans parler aussi de l’autre. […] À Provins on jeta un enfant dans les flammes pour faire parler sa mère.

664. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

Parlons-nous doctrine, parlons-nous conduite ? […] Aussi parle-t-il pendant quinze pages de la vanité de M.  […] Des omnibus, il ne faut pas parler. […] Je veux parler du monde des esthètes londoniens. […] Et s’ils vivront, ils parleront.

665. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la distribution des prix du lycée d’orléans. » pp. 223-229

De quoi vous parlerai-je donc, mes chers compatriotes, si ce n’est de votre pays, si ce n’est de vous-mêmes ? […] Si votre esprit semble, à bien des égards, comme une moyenne délicate de l’esprit français, c’est peut-être que votre province est, historiquement, la province centrale par excellence. — Ici, plus aisément que partout ailleurs, on conçoit ce que signifiait déjà la Chanson de Roland quand elle parlait de « France la doulce ». […] Elle est tellement à vous que je ne puis pas ne pas vous parler d’elle. […] Je vous ai parlé de votre esprit, de votre pays et de votre héroïne.

666. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIV » pp. 251-258

Dans le grand monde, tant de gens ont le désir de parler, tant de paroles attendent avec impatience le moment et l’occasion de se placer entre tant de paroles, qu’on fait taire ceux qui parlent longuement ou obscurément, en ne les écoutant pas. […] Dans Le Malade imaginaire, de Molière, le malade disait à un apothicaire : « Allez, monsieur, on voit bien que vous avez coutume de ne parler qu’à des culs. » À la représentation suivante, il changea ainsi ce passage : « On voit bien que vous n’avez pas coutume de parler à des visages. » P. 

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