III Or, l’exemple le plus magnifique par lequel cette théorie puisse être rendue sensible, le chef-d’œuvre le plus parfait de l’art tragique, c’est l’Antigone de Sophocle182. […] Ce qui fait la singulière valeur comique et poétique du théâtre d’Aristophane, c’est qu’il laisse, avec un goût parfait, ce monde de l’immoralité, du mensonge et de la sottise se détruire de lui-même, sans lui opposer ostensiblement la sagesse et les vertus du monde idéal. […] VIII La satire, en repliant l’individu sur lui-même, eu le séparant violemment des mœurs et des idées de son temps, fut la mort de ce bel art classique, dont la beauté parfaite avait eu pour principe, en Grèce, l’incarnation d’un petit nombre d’idées hautement générales, que le poète n’avait pas tirées de son propre fonds, dans une forme plastique, pure, transparente et idéale, où sa personnalité ne paraissait pas. […] L’intervention des idées morales sur la scène efface, avec toute la gaieté du drame comique, toute sa poésie, et je me souviens d’avoir entendu M. de Schlegel dire, avec une familiarité de langage dont le sel n’excuse point l’irrévérence, que grâce à cette parfaite symétrie du mal et du bien, du faux et du vrai, de l’absurde et du raisonnable dans les comédies de Molière, chacune d’elles présentait à son œil édifié cet aspect régulier et satisfaisant qui caractérise une pincette. […] Parmi les chefs-d’œuvre de l’art dramatique ancien et moderne (et ils ne sont pas si nombreux qu’on ne puisse et doive les connaître tous), l’Antigone me paraît te plus parfait et le plus excellent .
Swift lui reproche de n’avoir jamais de loisir pour la conversation ; la cause en est « qu’il a toujours en tête quelque projet poétique. » Ainsi rien ne lui manque pour atteindre l’expression parfaite : la pratique d’une vie entière, l’étude de tous les modèles, l’indépendance de la fortune, la compagnie des gens du monde, l’exemption des passions turbulentes, l’absence des idées maîtresses, la facilité d’un enfant prodige, l’assiduité d’un vieux lettré. […] La bohème en aucun siècle ne fut si mendiante et plus vile : pauvres diables comme Richard Savage, qui couchait l’hiver à la belle étoile sur les cendres d’une vitrerie, vivait d’une dédicace, connaissait la prison, dînait rarement, et buvait aux dépens de ses amis ; pamphlétaires comme Tuchtin, le dos écorché par les verges ; faussaire comme Ward, exposés au pilori et criblés d’œufs et de pommes pourries ; courtisanes comme Élisa Haywood, célèbres par l’impudence de leurs confessions publiques ; journalistes vendus, diffamateurs à gages, marchands de scandale et d’injures, demi-filous, viveurs parfaits, et toute cette vermine littéraire qui hantait les tripots, les maisons de filles, les caveaux à gin, et au signal d’un libraire mordait les honnêtes gens pour un écu. […] Chaque aspect de la nature est noté : un lever de soleil, un paysage renversé dans l’eau1120, un coup de vent sur les feuilles, et le reste ; demandez à Pope de peindre en vers une anguille, une perche ou une truite ; il a sous la main la phrase parfaite ; vous extrairiez chez lui de quoi remplir un Gradus. […] Pope y triomphe, et les plus parfaits de ses poëmes sont ceux qui se composent de préceptes et de raisonnements. […] Comme lui, il exaltait l’amour profond, la tendresse conjugale, « l’union des âmes, la parfaite estime animée par le désir » ; l’affection paternelle et toutes les joies domestiques.
C’est parfait. […] Les plats se succédaient, à la table du père Casimir, parfaits et arrosés de vins pétillants. […] Ce coin de terre est construit, harmonieux, parfait. […] C’était une amitié entière et parfaite, fort rare dans les affaires de ce monde. […] Au comédien parfait, il faut une tête froide, un jugement sûr, un goût sans tache, l’étude et l’expérience.
L’incurie politique, l’impiété religieuse, l’amour léger, la plaisanterie badine, la licence, la grâce, la poésie, la table, étaient les délices et les célébrités des deux époques ; il y avait plus de talent dans cette société du Temple de Rome, plus de débauche dans celle de Paris ; Horace et Virgile naissaient dans la première, Voltaire dans la seconde ; d’Horace à La Fare, de Virgile à Voltaire, on peut mesurer la distance, mais dans les mœurs et dans les plaisirs parfaite analogie. […] Le moule de l’âme d’Horace était si parfait que toute pensée qui en sortait en vers avait la forme et le poli d’une statuette de Phidias en marbre de Paros. […] Hafiz est amoureux comme Salomon ; il prend ses images et ses couleurs dans la voluptueuse Arabie ; Horace ne les prend que dans ses modèles grecs ; Hafiz est un inspiré de l’amour et de la divinité ; Horace, tout parfait qu’il soit de style, n’est qu’un littérateur accompli de Rome ; le premier, original comme la nature ; le second, académique comme la cour d’Auguste. […] Ce voyage en vers familiers est surtout intéressant par la ressemblance, encore aujourd’hui parfaite, entre les mœurs des hommes du peuple des bourgades d’Italie et les mœurs de ce même peuple de nos jours.
Un vieux papier que je retrouve parmi mes notes de voyage contient ceci : PRIÈRE QUE JE FIS SUR L’ACROPOLE QUAND JE FUS ARRIVÉ À EN COMPRENDRE LA PARFAITE BEAUTÉ « Ô noblesse ! […] Tard je t’ai connue, beauté parfaite. […] » Tu es vraie, pure, parfaite ; ton marbre n’a point de tache ; mais le temple d’Hagia-Sophia, qui est à Byzance, produit aussi un effet divin avec ses briques et son plâtras. […] Quand elles rencontraient ma sœur Henriette, elles la caressaient : « Ma petite, lui disaient-elles, votre grand’mère était une personne bien recommandable, nous l’aimions beaucoup ; soyez comme elle. » En effet, ma sœur l’aimait extrêmement et la prit pour exemple ; mais ma mère, rieuse et pleine d’esprit, différait beaucoup d’elle ; la mère et la fille faisaient en tout le contraste le plus parfait.
Nous sommes donc ici sur un terrain solide ; car il s’agit d’un ouvrage écrit tout entier de la même main et de la plus parfaite unité. […] Quand même Papias ne nous apprendrait pas que Matthieu écrivit les sentences de Jésus dans leur langue originale, le naturel, l’ineffable vérité, le charme sans pareil des discours synoptiques, le tour profondément hébraïque de ces discours, les analogies qu’ils présentent avec les sentences des docteurs juifs du même temps, leur parfaite harmonie avec la nature de la Galilée, tous ces caractères, si on les rapproche de la gnose obscure, de la métaphysique contournée qui remplit les discours de Jean, parleraient assez haut. […] Une circonstance, d’ailleurs, qui prouve bien que les discours rapportés par le quatrième évangile ne sont pas des pièces historiques, mais des compositions destinées à couvrir de l’autorité de Jésus certaines doctrines chères au rédacteur, c’est leur parfaite harmonie avec l’état intellectuel de l’Asie-Mineure au moment où elles furent écrites. […] La mort perfectionne l’homme le plus parfait ; elle le rend sans défaut pour ceux qui l’ont aimé.
Il n’avait jamais eu l’honneur de manger avec le roi. » La garnison, composée d’environ cinq mille hommes, sort de la place le lendemain 10 ; Monseigneur assiste au défilé : « Le gouverneur salua Monseigneur de l’épée, et sans mettre pied à terre ; il lui dit qu’il était bien fâché de n’avoir pu tenir plus longtemps, afin de contribuer davantage à la gloire du roi. » Ainsi tout se passait de part et d’autre en parfait honneur et en courtoisie. […] On fait partir Vauban incessamment, et on ne doute pas que le roi ne partît bientôt si la saison était moins retardée. » Ce Chanlay dont il est parlé, et que Dangeau, annoté par Saint-Simon, nous fait particulièrement connaître, était de ces seconds indispensables à la guerre, un officier d’état-major accompli, parfait à étudier les questions, les lieux, à dresser des instructions et des mémoires, à juger des hommes.