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13. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Au fond, cela fait honneur à la France ; cela prouve qu’elle s’est fait une haute idée du parfait. […] Cela se conçoit du moment que l’on attribue à l’humanité une fin objective (c’est-à-dire indépendante du bien-être des individus), la réalisation du parfait, la grande déification. […] L’égalité ne sera de droit que quand tous pourront être parfaits dans leur mesure. […] Mais chaque partie est parfaite quand elle est tout ce qu’elle peut être et qu’elle fait excellemment tout ce qu’elle doit faire. Chaque individu ne sera jamais parfait ; mais l’humanité sera parfaite et tous participeront à sa perfection.

14. (1890) L’avenir de la science « II »

Au-dessus des individus, il y a l’humanité, qui vit et se développe comme tout être organique et qui, comme tout être organique, tend au parfait, c’est-à-dire à la plénitude de son être 19. […] C’est une raison pour pousser à bout la réflexion, en se tenant assuré que la réflexion parfaite reproduira les mêmes œuvres, mais avec un degré supérieur de clarté et de raison. […] Ce qu’il faut, c’est chercher le parfait au-delà, c’est pousser la science à ses dernières limites. […] Si je pouvais croire l’humanité éternelle, je conclurais sans hésiter qu’elle atteindrait le parfait. […] Pour trouver le parfait et l’éternel, il faut dépasser l’humanité et plonger dans la grande mer !

15. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tailhade, Laurent (1854-1919) »

Remy de Gourmont Ayant écrit Vitraux, poèmes qu’un mysticisme dédaigneux pimentait singulièrement, et cette Terre latine, prose d’une si émouvante beauté, pages parfaites et uniques, d’une pureté de style presque douloureuse, M.  […] Il prodigue la cocasserie d’un style enrichi d’épithètes inattendues pour lancer ses invectives cinglantes, et personne comme lui ne saurait atteindre au biscornu cruel d’un octosyllabe ou d’un alexandrin parfait, et cette perfection leur confère la durée d’une marque au fer rouge. […] Paul Léautaud Malgré tant de points parfaits où la modernité s’allie au grand passé que nous tous portons en nous, où « l’harmonie, la grâce du paysage, le charme virgilien, loin de nuire à l’originalité de l’auteur, y ajoutent encore », et qui sont d’une langue et d’un rythme admirables, c’est surtout comme poète satirique que M. 

16. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Alors ce serait réellement le règne de l’esprit, la religion parfaite, le culte du Dieu esprit et vérité. […] Cela a pu être bon pour l’éducation de l’humanité, mais il y a quelque chose de plus parfait encore. […] Si je ne croyais que l’humanité est appelée à une fin divine, la réalisation du parfait, je me ferais épicurien, si j’en étais capable, et, sinon, je me suiciderais. […] Une femme parfaite vaut un homme parfait. Mais elle doit être parfaite à sa manière, et non en ressemblant à l’homme.

17. (1936) Réflexions sur la littérature « 6. Cristallisations » pp. 60-71

Un grand et parfait amour, un chef-d’œuvre sentimental, demandent des âmes orientées d’une certaine façon, et qui s’y donnent entières. […] Ses conversations ne peuvent que préparer des instants et jamais les relier. « Il est l’image parfaite de l’inanité de posséder. » Cette cristallisation amoureuse dans le temps ne nous révèle-t-elle pas un parallélisme avec la cristallisation artistique ? […] L’amour parfait arrive à noyer les instants de la possession charnelle dans une telle constance et une telle habitude de possession générale qu’ils cessent presque d’être des instants privilégiés, et ne participent plus qu’à ce privilège général d’une vie nombreuse, élastique et tendue, qu’ils relient ces « conversations » tout autant que ces conversations les relient. […] Camille Mauclair, du point de vue du purisme esthétique qui exige le couple parfait et nu, le défend ardemment contre la cristallisation sociale, s’attache à en écarter le moindre grain et le moindre soupçon, et une partie de son livre est consacrée à une attaque véhémente contre toute intrusion de la société dans l’amour et en particulier contre le mariage. […] Même l’amour… y a-t-il un couple amoureux, si parfait, si génial soit-il, dans lequel-sans aller jusqu’à l’imprécation de Samson — le malentendu foncier des sexes n’apparaisse ou n’affleure ?

18. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

L’imprimerie, cet art si favorable à l’avancement de toutes les sciences, qui deviennent plus parfaites à mesure que les connoissances s’y multiplient, fut trouvée dans le quinziéme siecle, et près de deux cens ans avant que Monsieur Descartes, qui passe pour le pere de la nouvelle philosophie, eut fait part au public de ses méditations. […] Mais, repliquera-t-on, il faut du moins tomber d’accord que la logique, que l’art de penser est aujourd’hui une science plus parfaite que ne l’étoit la logique des anciens, et il doit arriver par une consequence necessaire, que les modernes qui ont appris cette logique et qui ont été formez par ses regles, raisonnent sur toute sorte de matieres avec plus de justesse qu’eux. Je répons en premier lieu qu’il n’est pas bien certain que l’art de penser soit une science plus parfaite aujourd’hui qu’il ne l’étoit aux temps des anciens. […] Quand même la logique seroit un peu plus parfaite aujourd’hui qu’elle ne l’étoit autrefois, les sçavans, géneralement parlant, n’en raisonneroient gueres mieux qu’ils raisonnoient dans ces temps-là. […] Enfin, s’il étoit vrai que l’art de raisonner fut aujourd’hui plus parfait qu’il ne l’étoit dans l’antiquité, nos philosophes seroient mieux d’accord entr’eux que ne l’étoient les philosophes anciens.

19. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre premier. Du rapport des idées et des mots »

Le difficile, c’est d’atteindre ce dernier degré où l’idée se parfait dans le mot propre et définitif. […] L’opération est unique et simple : c’est en changeant de mot qu’on modifie l’idée, et le mot et l’idée arrivent ensemble à leur forme juste et parfaite. […] L’édifice ne serait jamais construit, qu’il n’importerait guère : la création de l’artiste est entière et parfaite sur le papier ; il pouvait, s’il voulait, indiquer la dimension de chaque pierre.

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