Tous ceux avec qui j’ai vécu, dit-il, ont vu, par mes actions et par mes discours, que je faisais surtout consister l’élévation du caractère dans ces deux choses, la franchise et la mesure ; et si, dans le cours de la Révolution, j’ai quelquefois oublié celle-ci, je déclare que c’est alors seulement que j’ai cessé d’être moi-même. […] Combien faudrait-il essuyer de malheurs pour faire oublier de tels avantages !
Son grand art en société, un des secrets de son succès, c’était de sentir l’esprit des autres, de le faire valoir, et de sembler oublier le sien. […] Il ne paraît pas, en effet, que l’ordre et l’exactitude aient été au nombre des qualités de M. de Guibert : il brouille volontiers les lettres de son amie, il les mêle à ses autres papiers, il les laisse volontiers tomber de ses poches par mégarde en même temps qu’il oublie de cacheter les siennes.
Mais n’y travaillez, ajoutait l’excellent critique, que lorsque vous en aurez vraiment le désir, et, sur toutes choses, oubliez toujours que vous faites un livre ; il sera aisé d’y mettre les liaisons ; c’est l’air de vérité qui ne se donne pas quand il n’y est pas du premier jet, et l’imagination la plus heureuse ne le remplace point. […] Car n’oublions pas qu’au beau milieu de ces Mémoires, et à travers toutes les diversités galantes et amoureuses qui les remplissent et dans lesquelles la personne principale s’est peinte à nous plus qu’en buste, la préoccupation, j’allais dire la chimère d’une éducation morale systématique, y tient une grande place, et, dans l’entre-deux de ses tendres faiblesses, Émilie ne cesse d’y faire concurrence à l’auteur d’Émile.
L’irritation et la fureur qu’excitèrent les événements de 1815 redonnèrent une fièvre qui fit oublier la fatigue et qui embrasa les cerveaux ; les partis se retrouvèrent aux prises comme s’il n’y avait pas eu déjà tout un cercle accompli de révolutions. […] Dans l’intervalle de l’un ou de l’autre de ces voyages, j’oubliais que M.
N’oubliez pas que, trois mois auparavant, il recevait 2 000 livres de pension du contrôleur général, pour l’encourager dans cette bonne voie. […] J’allais oublier de dire que Le Brun s’était tout à fait, et dès le premier jour, rallié à Bonaparte, qui lui avait accordé une grosse pension (6 000 francs).
Il n’eut en rien la religion des anciens ni celle des classiques ; il se piquerait plutôt de les ignorer ou de les avoir oubliés que de les posséder ; une citation latine lui fait l’effet d’une incongruité. […] Et quant au moral de l’homme, il a dit : « On l’avait surnommé l’incorruptible ; il l’était en effet comme ceux qui veulent tout prendre à la fois. » Il a rendu avec une entière vérité, comme témoin et comme acteur, le mouvement impétueux et confus, le sentiment d’explosion de cette jeunesse thermidorienne qui savait ce dont elle ne voulait plus, mais pas encore ce qu’elle voulait, qui avait appuyé la Convention contre Robespierre, et qui prétendait chasser la Convention devant une opinion qui n’était pas mûre encore : « Jamais peut-être, nous dit Fiévée, l’ancienne royauté ne fut plus complètement oubliée qu’à cette époque ; nous n’étions pas encore assez difficiles pour y penser. » Pour lui, paresseux, une fois sorti de ses habitudes, il est précis, prudent, prévoyant, très hardi les jours d’action.
Tant que tout prospère dans un État, on peut oublier les biens infinis que produit la royauté, et envier seulement ceux qu’elle possède : l’homme, naturellement ambitieux et orgueilleux, ne trouve jamais en lui-même pourquoi un autre lui doit commander jusqu’à ce que son besoin propre le lui fasse sentir. […] Quand ce monarque s’oublie et se néglige, il a la phrase longue, de ces phrases qui ont été depuis, l’apanage de la branche cadette et dont on ne voit pas la fin : c’est là où Louis XIV en vient quand il sommeille.