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590. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Ses troupes feront mieux leur devoir, et les généraux n’oseront pas manquer si ouvertement au leur. […] Quand le roi de Prusse fit avec faste à d’Alembert une pension modique, comme Louis XV se moquait devant elle du chiffre de cette pension (1 200 livres), mise en regard des termes de génie sublime qui la motivaient, elle lui conseilla de défendre au philosophe de l’accepter, et d’en accorder une double : ce que Louis XV n’osa faire par principes de piété, à cause de l’Encyclopédie. […] Je pourrais continuer et décrire bien de jolis détails, j’aime mieux m’arrêter en renvoyant les curieux devant le modèle : ils y verront encore mille choses que je n’ose effleurer.

591. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Nous donne-t-il, par exemple, comme échantillon pindarique, la douzième olympique, l’ode à la Fortune, cette hymne courte et sublime, chantée à l’occasion de la victoire, qu’est venu chercher dans les fêtes des grandes cités de la Grèce un Crétois, chassé par une faction de Gnosse, sa patrie, où il avait langui longtemps dans les querelles obscures d’une petite démocratie, il se garde bien d’être simple et uni comme le poëte grec : il ne nomme pas ce coq guerroyant au logis, auquel Pindare compare son jeune héros, avant qu’il eut été délivré par l’exil et jeté par ce coup du sort en Sicile, pour y devenir citoyen paisible de la ville opulente d’Himère, et de là, vainqueur à Olympie : « Je n’ai osé, dit-il, me servir de ce mot de coq3, qui produirait un mauvais effet en français, et qui suffirait pour gâter la plus belle ode du monde. […] J’entends Malherbe qui soupire De voir qu’on ose de sa lyre Dédaigner les aimables sons. […] C’est la perfection de la béatitude spirituelle, dans la souveraine intelligence ; ce sont ces incomparables joies, dont le philosophe voyait, ose-t-il dire, comme une image ici-bas dans les ravissants plaisirs de la pensée savante16.

592. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Le président était sincèrement affectionné au duc de Mayenne, à qui cette amitié fait honneur, et il fut du petit nombre de ceux qui lui dirent : « Vous avez tort, mais je vous suivrai jusqu’au bout. » Jeannin servit donc Mayenne jusqu’à la dernière extrémité et osa être un vaincu. […] Le président se jeta résolument au fort de ces difficultés, qui n’eurent d’autre effet sur lui que de le rendre « plus attentif à sa fortune et plus vigoureux au travail : Ce qu’il montra bien au voyage, nous dit Saumaise, et me souviens que séjournant à Calais pour attendre le vent, et craignant que cette longueur ne lui fît préjudice, il se fut embarqué contre vent et marée, si le pilote craintif l’eût osé hasarder.

593. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

D’autres sans inquiétudes sur eux-mêmes, mais ne voulant point blesser les souvenirs de quelques-uns de leurs auditeurs, n’osaient parler avec enthousiasme de la justice et de l’équité ; ils essayaient de présenter la morale avec détour, de lui donner la forme de l’utilité politique, de voiler les principes, de transiger à la fois avec l’orgueil et les remords qui s’avertissent mutuellement de leurs irritables intérêts. Le crime pouvait troubler le jugement, dérouter la raison à force de véhémence ; mais la vertu n’osait se développer tout entière : elle voulait convaincre, et craignait d’offenser.

594. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre I. Origine des privilèges. »

Il ose labourer, semer, espérer en sa récolte ; en cas de danger, il sait qu’il trouvera un asile pour lui, pour ses grains et pour ses bestiaux, dans l’enclos de palissades au pied de la forteresse. […] Mon peuple n’est qu’un avec moi ; les droits et les intérêts de la nation, dont on ose faire un corps séparé du monarque, sont nécessairement unis avec les miens et ne reposent qu’entre mes mains ».

595. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Je n’oserais conseiller Pindare : sans la connaissance de la langue ils pourraient l’admirer, mais le comprendre, non. […] La modestie peut tout oser.

596. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Barbier d’avoir osé le tenter. […] » ils sont, si j’ose m’exprimer ainsi, au bout de leur rouleau… Je crois que l’emploi des vers s’imposait ici.

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