Il prépare les Origines indo-européennes, monument longtemps célèbre. […] Si leurs destinées furent bien différentes, leurs origines, leur esprit, se ressemblent, et des deux côtés de l’arbre calviniste les deux branches s’équilibrent. […] Heim est d’origine allemande, se sent plus à l’aise, dit-il, quand il pense en allemand que lorsqu’il pense en français : c’est un jeune saint protestant, célibataire, phtisique, qui par abnégation enseigne les enfants, et qui ne trouve, lui aussi, d’autre expression de lui qu’un Journal intime, toujours inédit, qui fournira peut-être un jour un précieux contrôle ou parallèle à celui d’Amiel. […] Ces souvenirs des humbles origines, et du temps où l’on était dans les pieds de derrière de l’éléphant, sont, paraît-il, reçus froidement. […] Ce monde de précision cartésienne, qui est à l’origine du grand refus de Teste, diffère catégoriquement du monde d’intuition romantico-hégélienne qui commande le refus plus ou moins volontaire d’Amiel.
Chez Mme de Staël aussi bien que chez Benjamin Constant, les essais en ce genre furent médiocres : leur pensée si libre, si distinguée, dans la prose, n’emportait jamais, à l’origine, cette forme ailée du vers, qui, pour être véritablement sacrée, doit naître et partir avec la pensée même. […] En même temps que sa jeune et mâle raison se déclarait pour cette cause républicaine, son esprit, ses goûts sympathisaient par mille côtés avec des opinions et des sentiments d’une autre origine, d’une nature ou plus frivole ou plus délicate, mais profondément distincte : c’est son honneur, et un peu son faible, d’avoir pu ainsi allier les contraires. […] On en fera connaître quelques fragments, où l’auteur a traité d’une manière neuve les mêmes questions que Mme de Staël. » Ainsi se posait du premier coup l’espèce de rivalité de Mme de Staël et de M. de Chateaubriand, qui furent, à l’origine, divisés surtout par leurs amis. […] Sur cette terre en vain, splendidement servie, Le même astre immortel règne sans se couvrir ; En vain, depuis les nuits des hautes origines, Un ciel inaltérable y luit d’un fixe azur, Et, comme un dais sans plis au front des Sept Collines, S’étend des monts Sabins jusqu’à la tour d’Astur : Un esprit de tristesse immuable et profonde Habite dans ces lieux et conduit pas à pas ; Hors l’écho du passé, pas de voix qui réponde ; Le souvenir vous gagne, et le présent n’est pas.
Ces marquises musquées, ces fats en dentelles, tout ce joli monde paré, galant, frivole, court à la philosophie comme à l’Opéra ; l’origine des êtres vivants et les anguilles de Needham, les aventures de Jacques le Fataliste et la question du libre arbitre, les principes de l’économie politique et les comptes de l’Homme aux quarante écus, tout est matière pour eux à paradoxes et à découvertes. […] Entre ses mains, le duc de Bedford, qui lui a reproché sa pension, deviendra, « parmi les créatures de la couronne, le léviathan qui, deci delà, roule sa masse colossale, joue et gambade dans l’océan des bontés royales, qui pourtant, tout énorme qu’il soit et quoique couvrant une lieue de son étendue, n’est après tout qu’une créature, puisque ses côtes, ses nageoires, ses fanons, son lard, ses ouïes elles-mêmes, par lesquelles il lance un jet d’eau contre son origine et éclabousse les autres d’écume, tout en lui et autour de lui vient du trône871. » Il n’a point de goût, ses pareils non plus. […] Nous estimons qu’il n’y a pas de société sans croyances ; nous dérivons la justice de son origine sacrée, et nous sentons qu’en tarissant sa source on dessèche tout le ruisseau. […] Recherches sur l’origine de nos idées du beau et du sublime.
Aucune pensée personnelle, à mon avis, n’a de valeur que si elle rejoint et reprend la pensée commune, la longue chaîne de pensées forgée et rivée par les maîtres depuis les origines d’une certaine tradition. […] Des origines à l’âge classique J’ai exposé dans ma précédente causerie les raisons qui font de l’art dramatique un genre tout à fait à part parmi les genres littéraires, le plus vaste et le plus complexe, mais le plus contingent et le plus asservi, le plus grand, le moins pur. […] Il l’est si bien, de par ses origines, que nous le voyons naître d’une religion. […] C’est l’origine de la Compagnie et de l’École du Vieux-Colombier.
Une telle préparation de la poésie avait été prédite et recommandée avec la plus grande précision par Edgar Poe. » Valéry en voit l’origine française chez Baudelaire. […] « Je ressens, dit-il, chaque parole dans toute sa force pour l’avoir indéfiniment attendue. » Chaque parole participe de mon être profond, imprévisible, le lointain de son origine fait la force vive avec laquelle elle m’arrive. […] Origines heureuses, sacrées, et, avant le monde de l’individu, monde de l’indivision, — la Pythie évoque de sa mémoire le même univers, inconscient et heureux que suscitait la Jeune Parque, et qui pour elle n’existe plus, depuis que ce corps, jadis uni radieusement à la matière, c’est-à-dire, Narcisse satisfait, à lui-même, est occupé et exercé par une âme étrangère. […] La philosophie est une continuité de philosophes qui, en Occident, mènent, sur les questions d’origine et le fin, un dialogue qui dure depuis vingt-cinq siècles.
Elle a, dans sa pensée, des origines très anciennes. […] Dans la construction de la phrase aussi, il imite la vieille syntaxe, élide volontiers le pronom sujet, renverse l’ordre des mots et, par exemple, place l’attribut ou le régime avant le verbe, ainsi qu’on le faisait aux époques où le français était encore tout proche ou bien affectait de se rapprocher de ses origines latines : (« Cieux marins étaient les yeux de la Dame », « Pieux cloître est mon cœur », « Par telle langueur et faiblesse, — Dieu oublia et diffame eut — David qui haïssait mollesse ».) […] Mais l’étude minutieuse des origines de notre langue, la connaissance approfondie de son vocabulaire et de sa syntaxe dans leur premier état et dans leur développement, l’ont muni d’une forme verbale vraiment classique. […] Je lui ai inventé une vie pour l’écarter de la mienne et j’ai pris ensuite le parti de le faire connaître aux autres pour mieux parvenir à l’oublier. » Ainsi, l’idée première de l’œuvre d’art a bien son origine dans une émotion intime de l’artiste, mais la volonté de transformer cette émotion en une œuvre d’art lui vient d’une sorte d’impérieux désir de délivrance, d’un besoin d’extérioriser la hantise de son cœur et de son esprit, ou, si l’on veut, d’un besoin d’objectivité. […] Les impressions que le poète veut rendre sont, par leur origine, par leur devenir, par leur nature même, mystérieuses : on n’en a pas rendu compte quand on les a déterminées rationnellement… La tristesse spéciale de mon âme en ce moment précis, tu ne la comprendras pas si je t’en dis seulement la cause, ce qui paraît en être la cause et n’en est peut-être que l’occasion ; de semblables circonstances feraient sans doute naître en toi d’autres nuances de sentiment.
Les Origines de la France contemporaine contiennent de salutaires vérités dites avec éloquence, avec courage. […] Le monde, phénomène incessamment renouvelé d’une substance unique, sans origine et sans terme ; un être primordial indéterminé se formulant dans des créatures en perpétuelles vicissitudes de naissance et de mort, voilà, si je ne me trompe, la philosophie qui s’ébauche dans ses récits. […] Il définit l’obligation morale, il la défend contre une récente théorie qui veut l’éliminer comme mystique ; il affirme contre les évolutionnistes la transcendance de son origine. […] Les Origines, t. […] Le lien logique, très ferme, de cette suite de propositions sur l’obligation morale et la transcendance de son origine, sur la religion et son efficace, est à peine indiqué dans cette rapide analyse.