Le sublime, tombant à genoux145, s’écrie épouvanté : Je ne vois que des infinités de toutes parts qui m’enferment comme un atome, et comme une ombre qui ne dure qu’un instant sans retour 146. […] Car, pour s’élever jusqu’à cet humour dont je vous parle, le comique… comprenez bien ce raisonnement, je vous prie, le comique venant à passer de la région objective où l’ombre et la lumière se découpent nettement sous les rayons du soleil plastique, dans la région subjective… écoutez bien ceci, je vous conjure ; dans la région subjective où tout vacille et danse aux romantiques clartés de la lune ; le comique, dis-je, doit, pour s’élever jusqu’à l’humour, produire au lieu du sublime ou de la manifestation de l’infini… soyez attentif, s’il vous plaît, une manifestation du fini dans l’infini, c’est-à-dire une infinité de contraste, en un mot une négation de l’infini173.
Tandis que Madame Récamier, qui a perdu tant de cœurs, restera éternellement dans l’ombre incertaine de la sienne et tourmentera l’admiration et la curiosité des hommes comme une serrure à secret qui n’a pas de clé. […] Vous apercevez dans les autres de la fatuité et des prétentions, mais en moi y a-t-il l’ombre d’amour-propre dans mon dévouement ?
Il a donc remué toutes ces ombres et toutes ces poussières qu’on appelle les faits de conscience. […] Dans la splendeur animée du monde catholique, où nous assistons à la vie, les philosophes nous semblent des ombres chinoises, des marionnettes noires qui s’agitent sur une toile blanche tamisée de lumière, et cela nous cause je ne sais quel frémissement de plaisir de les voir se livrer aux affreux amusements de la discorde et se briser des meubles sur leur majestueux angle facial.
Matter un sourire ; mais il n’en pose pas moins la triple question dont la solution est le but de son livre : — Faut-il rejeter les révélations de Swedenborg comme « une illusion qui fait ombre dans la vie d’un si grand homme et avec une compassion sincère pour une telle infortune d’esprit ? […] Sur tous ces points, je crois l’érudition épuisée, mais je demande maintenant le juge suprême, l’homme du dernier mot, qui débarbouillera de sa fausse lumière ou de son ombre cette personnalité éclatante quoique équivoque, et équivoque quoique éclatante, qui fait dans l’histoire l’effet d’une mystification, ou qui, du moins, en donne l’inquiétude.
Son talent, c’est une vision qui foudroie et qui disparaît… Après la lumière, beaucoup d’ombre. […] Un reproche pourtant que la critique pourrait hasarder, c’est d’avoir laissé un des Deux étrangers trop dans le vague de l’ombre, et de n’avoir pas mis assez de clarté dans ce redoutable personnage… On croit bien pressentir qu’il est l’Homme des Sciences occultes, quelque Magicien investi de sataniques pouvoirs, puisqu’il promet la Science universelle au docteur Williams, lequel meurt de ce funeste don ; mais le conteur aurait précisé davantage cette grandiose et inquiétante figure que son conte n’aurait été ni moins effrayant, ni moins mystérieux.
C’est un homme d’esprit, au contraire, qui compte par lui-même, qui est classé dans les lettres, — qui n’a jamais entièrement disparu dans la nuée d’or du génie de son frère, et qu’on y voit toujours comme une ombre touchante et fidèle… Il a eu longtemps l’imagination agile et légère, le caprice aimable et la fantaisie sans emportement. […] Cette biographie timide, réservée, discrète, cette gouache, — car c’est une gouache où les ombres sont faites avec du blanc, — a des combinaisons de transparences, mais ces transparences sont des voiles encore.
Il n’aime pas la mort comme Leopardi, le seul vigoureux élégiaque de ce monde affaissé, mais il en promène sur toutes choses l’ombre qu’il a toujours sur la pensée, et il n’y a pas que dans ses Papillons noirs que cette ombre terrible est projetée !