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196. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

Ombres folles ! […] Le déterminisme vous apparaît dans l’ombre comme un spectre effrayant. […] C’est d’abord une ombre, qui peu à peu se colore. […] Aliscamps ; dormez, ombres désolées. […] Or, l’ombre d’un pied sur le mur l’a embrasé d’amour.

197. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre I. Bernardin de Saint-Pierre »

Lisez le chapitre des couleurs 603  : il y décrit des positions et des rapports de tons dans un lever ou un coucher de soleil, des colorations de nuages, blanc sur blanc, ombres sur ombres, avec une exactitude qu’envierait un peintre.

198. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Cette ombre de faveur & la gloire réelle d’être nommé le père de la langue françoise, le maître & le modèle de l’éloquence, acharnèrent contre lui de petits écrivains avides d’un peu d’or & de fumée. […] Balzac composa là-dessus un poëme latin, intitulé Crudelis umbra, ombre cruelle, avec une lettre dans laquelle il applique à son ennemi ces vers d’Ovide* : Hé quoi !

199. (1868) Curiosités esthétiques « III. Le musée classique du bazar Bonne-Nouvelle » pp. 199-209

Que l’ombre de David nous pardonne ! […] Les muscles, les plis de la chair, les ombres des fossettes, les ondulations montueuses de la peau, rien n’y manque.

200. (1824) Épître aux muses sur les romantiques

J’en fais deux pour ma part ; et, quoique les journaux N’aient point à l’univers annoncé mes travaux, Que, n’ayant point encor des prôneurs à ses gages, Ma Minerve dans l’ombre ait tramé ces ouvrages, Je veux au romantique en devoir le débit ; Et que tous mes rivaux en crèvent de dépit. […] Voltaire vainement nous répète vingt fois Que, sur ses douze chants, on peut en lire trois ; Que le reste est absurde et plein d’extravagances, Grossier, bizarre, obscur, chargé d’invraisemblances ; C’est par là qu’il nous plaît \ l’ombre sert aux tableaux ; Verrait-on ses beautés, s’il n’avait des défauts ?

201. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Non l’homme qui a perdu son ombre, mais une ombre qui a perdu son corps, dont le corps s’est reporté en cette ombre mouvante, glissante, silencieuse, dont la personne s’est évaporée dans l’examen intérieur, et dans les esprits de la philosophie et de la musique. […] Baudelaire la voit fourmiller dans une capitale moderne à l’état d’ombres impuissantes, et malheureuses. […] Tout à coup son ombre, qui flotte un moment sur le pavé, fait lever la tête au chien de garde et lui arrache un rauque aboiement. […] Ceci pourrait appartenir à Amyntas : « Les collines se couvraient d’ombre ; les bois étaient couleur de bronze, les champs avaient la pâleur exquise des blés nouveaux ; le contour des bois syndiquait par un filet d’ombres bleues. […] Autour du narrateur, les autres personnages ne figurent pas comme des ombres, mais comme des êtres aussi réels que lui.

202. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Des passions en vous les rumeurs ont cessé ; De vos afflictions le lac est amassé ; Il ne bouillonne plus ; il dort, il dort dans l’ombre, Au fond de vous, muet, inépuisable et sombre ; À l’entour un esprit flotte, et de ce côté Les lieux sont revêtus d’une triste beauté. […] ………………………………………………… ………………………………………………… De retour à Paris après sept ans, je crois, De soleils de Toscane ou d’ombre sous tes bois. […] s’écrie Lycidas ; qui eût répandu les fleurs dont la prairie est semée, et montré l’ombre verte sous laquelle murmurent les fontaines ? […] Il était de ceux encore dont Pope, l’un des plus beaux esprits et des plus sensibles, disait : “Pour moi, j’appartiens à cette classe dont Sénèque a dit : ‘Ils sont si amis de l’ombre, qu’ils considèrent comme étant dans le tourbillon tout ce qui est dans la lumière.’” […] Il aimait à faire à loisir de belles choses qui rempliraient l’univers et qui rassembleraient dans une même admiration tout un peuple de nobles esprits ; mais ses délices, à lui, étaient de les faire en silence et dans l’ombre, et sans cesser de vivre avec les nymphes des bois et des fontaines, avec les dieux cachés.

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