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177. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Après bien des détours dans l’ombre et sur la mousse L’aurore avec le jour amenait les adieux : En me disant demain, que sa voix était douce Que loin, en la quittant, je la suivais des yeux ! […] Voici toujours les lieux, les places trop connues, Et l’ombre comme hier flottant dans ce chemin. […] Peu de jours sont passés, et déjà ces blés, comme les gazons d’un parc anglais, s’étendent au loin avec des nuances et des ombres variées jusqu’aux bords des chemins et le long des haies des fermes. […] A travers ces limpides voiles Que l’ombre jette autour de nous, Vois-tu ces riantes étoiles ?

178. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Sa parole est lancée vers un but visible, sa passion attaque un être vivant, au lieu d’embrasser à vide une Ombre évoquée par l’incantation d’un récit. […] On dirait de grands bas-reliefs étalés sur une même surface, sans outres gradations que celles de l’ombre ou de la lumière qui les frappent. […] Au-dessus de cette matière de divinités informes, pesaient, comme pour les empêcher d’éclore, des Puissances aveugles, immémoriales, engourdies, à demi plongées dans le trouble des éléments et l’ombre des causes. […] La plupart n’ont laissé que des strophes éparses, des phrases inachevées ou insignifiantes qui rappellent ces sons confus dénués de mémoire et presque de sens, que les Ombres échangent au bord du Le thé.

179. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

Mais qu’un passant quelconque qui a en lui l’idéal, qu’un pauvre misérable comme Homère laisse tomber dans l’obscurité une parole, et meure, cette parole s’allume dans cette ombre, et devient une étoile. […] Plus de chair, plus de matière, plus d’ombre. […] Là, dans l’ombre de quatre ou cinq monuments démesurés où resplendissent en marbre et en bronze des inconnus royaux, on vous montre sur un petit socle une figurine et sous cette figurine ce nom : WILLIAM SHAKESPEARE. […] et qui a grandi dans l’ombre depuis trois cents ans ; trois siècles, c’est la croissance d’un colosse ; elle est immense.

180. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

« Patrie, disait-il dans quelques vers harmonieux, nom triste et cher au pèlerin misérable jeté loin du sol où il est né, quand viendra l’ombre de l’arbre paternel rafraîchir ma tête brûlante ? […] Les noms de Wagram, d’Austerlitz, de Marengo et d’Iéna ne viennent pas y troubler son ombre mélancolique : ni la colonne altière ne protège de ses aigles cette tombe, ni le clairon ne sonne, ni le canon ne retentit auprès ; mais là le monde le contemple, et, plus que de ses victoires, est épouvanté de sa chute. […] et qu’à son ombre, les peuples célèbrent sa victoire ! […] Fleuris ; étends tes rameaux ; que la race fatiguée d’Adam repose à ton ombre sainte, d’un bout du monde à l’autre !

181. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Une fois entré sous le patronage des hommes distingués qui l’adoptèrent, l’idée ne lui vient jamais d’en sortir, de s’en détacher ; il ne se dit pas que leur ombre, un moment tutélaire, lui est funeste en se prolongeant, que, s’il n’y prend garde, toutes ces belles fleurs et ces palmes du lauréat ne produiront jamais leur fruit : Nunc altæ frondes et rami matris opacant, Crescentique adimunt fœtus uruntque ferentem53. Il n’était pas facile d’avoir toute sa fraîcheur à l’ombre du cardinal Maury.

182. (1874) Premiers lundis. Tome I « Victor Hugo : Odes et ballades — I »

Il en est résulté des impressions fâcheuses contre l’auteur ; le ridicule s’est tourné de ce côté pour se venger d’un poète trop dédaigneux de la faveur populaire ; et, laissant les nobles parties dans l’ombre, on a fait de son talent, aux yeux de bien des gens, une sorte de monstre hideux et grotesque, assez semblable à l’un des nains de ses romans. […] Ces petits enfants à genoux, qui prient Dieu pour leur aïeule, donnent des coups de pinceau à la Delille : … par degrés s’affaisse la lumière, L’ombre joyeuse danse autour du noir foyer.

183. (1901) Figures et caractères

Savait-il que ces royales ombres le hanteraient à jamais et lui devraient de revivre ? […] Il en dut coûter à son cœur généreux, mais ces tristes ombres le hantent. […] La bouche d’ombre parle. […] Il n’en est qu’une des ombres, et la pompe d’un règne y demeure moins que l’honneur d’une époque. […] Il y reste l’Ombre prépondérante.

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