Et au milieu de tous ces visages, vous êtes attiré par des visages d’enfants, aux tempes lumineuses, au bossuage du front, à la linéature indécise des paupières autour du noir souriant de vives prunelles, aux petits trous d’ombre des narines, au vague rouge d’une molle bouche entr’ouverte, à la fluidité des chairs lactées qui n’ont point encore l’arrêt d’un contour, — des figures d’enfants regardées en des penchements amoureux, qui sont comme des enveloppements de caresse, par des visages de femmes aux cernées profondes, aux creux anxieux, aux grandes lignes sévères du dessin de l’Inquiétude maternelle. […] Alors, au milieu du grand escalier montant au fond de la salle devant moi, il y avait un pan d’ombre attirant pour ma rêverie. […] Et toute ma distraction est dans ma chambre aux volets fermés, et où les tapisseries sont comme serrées dans l’ombre, d’étudier la lumière sur le seul panneau où filtre un peu de jour.
Alors, c’était dans la demi-nuit de ce chaos vague et poussiéreux, un farfouillement des trois femmes lumineuses, un farfouillement hâtif et chercheur, faisant le bruit de souris trotte-menu dans un tas de décombres, et des allongements en des coins d’ombre, de mains gantées de frais, un peu peureuses de salir leurs gants, et de coquets ramènements du bout des pieds, chaussés de prunelle, puis des poussées à petits coups en pleine lumière, de morceaux de bronze doré ou de bois sculpté, entassés à terre contre les murs. […] Il y a des moments, où je me demande, si le grand art n’est pas inférieur à l’art industriel, quand celui-ci est arrivé à son summum de la perfection, et si, par exemple, un tableau de coloriste n’est pas inférieur à un flambé hors ligne, et si, si… mais, je ne veux pas pousser la comparaison plus loin, pour que mon ombre ne soit pas lapidée par les critiques d’art de la Revue des Deux Mondes, du xxe siècle. […] Le silence montant avec l’ombre dans le parc, qui n’a plus de lumières rasantes qu’en haut de la feuillée, et rien au loin dans les champs, que le coup de fouet lointain d’un paysan, rentrant avec sa charrette.
Sans doute, et sa mélancolie ne se rassasie pas du doux enchantement ; la musique est l’ombre des caresses absentes. […] Dans Bottom, pas ombre de satire, ou de rancune personnelle. […] Pourquoi n’insulte-t-on jamais l’ombre du Lord ?
Ballanche se retrouvent, il est vrai, dans ses rares écrits d’alors, mais éparses, isolées, en germe et à l’ombre, et comme il l’a dit souvent, s’ignorant elles-mêmes. […] » L’Ombre de Fénelon prit donc de bonne heure par la main M.
Tantôt je me livre à de sublimes méditations : l’état où elles me conduisent par degrés tient du ravissement ; tantôt j’évoque, innocent magicien, des ombres vénérables qui furent jadis pour moi des divinités terrestres, et que j’invoque aujourd’hui comme des génies tutélaires. […] Jamais je n’oublierai l’impression qu’il faisait sur ses neveux et sur moi quand, dans l’ombre du crépuscule, après des journées d’été passées dans le silence de son cabinet de travail, il se promenait, entouré de ses charmantes filles, sous les platanes de la vallée de Servolex, qui l’avaient vu petit enfant et qui le revoyaient grand vieillard, revenu du Caucase aux Alpes pour se reposer et mourir.
Nous aurions dû leur jeter des boulets de carton sur leur ombre d’escadre ; mais ils appuyaient alors leur insolence sur l’alliance de l’Angleterre, avec laquelle nous voulions rester en paix. […] À l’approche de la nuit, à mesure que l’ombre s’épandait sur le fleuve, une plus profonde émotion nous saisissait.
À peine en eut-il joui, qu’un désir s’éveilla en lui, indiciblement pressant : « celui d’échapper à l’éclat éblouissant de la pureté absolue » et de descendre là où habitent les hommes pour chercher « l’ombre intime d’une étreinte amoureuse. » Son œil anxieux, dit-il, avait encore découvert la femme : « la femme à laquelle du gouffre de sa mer de souffrance aspirait le Hollandais32 » ; la femme, étoile du ciel, dont le rayonnement, parvenant jusque dans la grotte du Venusberg, avait enseigné à Tannhaeuser le chemin des sphères éthérées, et qui, maintenant, des hauteurs radieuses, attirait Lohengrin sur le sein chaud de la terre. […] L’étonnement de la multitude, le venin de l’envie jettent leurs ombres jusque dans le cœur de la femme aimante ; le doute et la jalousie lui prouvent qu’il ne peut pas être compris, mais seulement adoré, alors il avoue sa divinité, et retourne anéanti dans sa solitude. » Wagner allait entreprendre l’exécution définitive de Lohengrin, quand des doutes lui furent suggérés sur cette conception qui le passionnait.